Comment l'humanité s'est-elle retrouvée au seuil de la crise des retraites et quelles mesures sont prises par différents pays pour redresser la situation?
400.000 milliards de dollars, c'est 20 fois le PIB des États-Unis — la plus grande économie du monde. D'ici 2050, les USA ne pourront pas assurer leurs engagements en matière de retraite pour un total de 137.000 milliards de dollars, soit 7 fois leur PIB.
Dans le top-5 du déficit du système de retraite se retrouveront également l'Inde (85.000 milliards), le Royaume-Uni (33.000 milliards) et le Japon (26.000 milliards).
La raison principale de ce problème est l'augmentation de l'espérance de vie. Selon les prévisions du FEM, au milieu du XXIe siècle beaucoup de personnes vivront jusqu'à cent ans, ce à quoi aucun système de retraite au monde n'est préparé.
«Si d'ici 2050 les gens vivaient en moyenne 85 ans, soit les systèmes de retraite seront écrasés par le poids du déficit, soit l'État devra se résigner à une pauvreté de masse des retraités», constate Michael Drexler, responsable des investissements et infrastructures du FEM.
Le patrimoine de Bismarck
L'assurance vieillesse publique est un phénomène relativement nouveau dans l'histoire de l'humanité, apparu pour la première fois avec la «retraite de solidarité publique» introduite en 1889 en Prusse par le chancelier Otto von Bismarck. Elle englobait toute la population.
Ce système prévoyait un versement obligatoire des cotisations d'assurance par les employeurs au budget de l'État, et la corrélation du montant des cotisations avec le salaire de chaque travailleur concret. Peu à peu, d'autres pays ont suivi l'exemple de la Prusse.
Le décret sur les retraites a été adopté dans l'Empire russe encore en 1827, et est resté en vigueur avec des amendements jusqu'en 1917.
Cependant, à la fin du XXe siècle, il s'est avéré tout à coup que l'assurance de retraite publique ne correspondait pas aux exigences de l'époque. En 1994, la Banque mondiale (BM) a publié le rapport intitulé «Éviter la crise du vieillissement».
Ce document affirmait que d'ici 2030, le nombre de personnes de 60 ans et plus augmenterait de 900 millions par rapport à 1990 pour atteindre 1,4 milliards de personnes. La BM avertissait alors du risque de crise totale des systèmes de retraite publics.
A titre de solution, elle proposait une recette ultra-libérale: renoncer au système des retraites publiques par répartition au profit du principe de cotisation. En d'autres termes, les citoyens devaient verser des cotisations de retraite non pas à l'État, mais aux caisses de retraite qui investissaient cet argent dans des actifs rentables, garantissant ainsi une augmentation des retraites sans surcharger le budget public.
Sous la pression de la BM, certains pays ont même complètement renoncé aux retraites publiques. L'un d'eux, le Chili, fut pendant plusieurs années un modèle pour les réformateurs des systèmes de retraite du monde entier.
Mais c'était incomparable avec les problèmes rencontrés par les États ayant adopté un système de retraite par capitalisation. Suite à la dévaluation des actifs d'investissement, les caisses de retraite étaient tout simplement incapables de verser les retraites.
Au final, les experts ont reconnu inefficaces les systèmes de retraite par répartition et par capitalisation. La BM a apporté des amendements à ses recommandations en appelant à créer des systèmes de retraite combinant les systèmes par réparation et par capitalisation, tout en laissant la possibilité aux citoyens de constituer eux-mêmes leurs cotisations de retraite.
L'espérance de vie, un problème économique
Mais le problème de l'augmentation de l'espérance de vie et, par conséquent, du poids accru pour les systèmes de retraite, n'a pas été réglé. Selon les prévisions de l'Eurostat, d'ici 2030 les Européens vivront en moyenne 2,5 ans plus longtemps qu'aujourd'hui.
La Commission européenne a déterminé trois axes prioritaires de la politique en matière d'épargne retraite: l'augmentation de l'âge de la retraite, la motivation à travailler après l'âge de la retraite et la réduction de la part des retraites anticipées.
D'après l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 30 de ses 35 pays membres ont déjà décidé d'augmenter l'âge de la retraite. Au Canada, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Australie, il a été porté jusqu'à 67 ans. En République tchèque, en Irlande et au Royaume-Uni, les citoyens qui ont commencé à travailler en 2014 prendront leur repos mérité à 68 ans.
La France a augmenté les annuités minimales pour bénéficier de la retraite de 41,5 à 43 ans. Aux USA, l'administration de l'assurance sociale suggère d'augmenter la taxe de pension de 5,9% à 8,5% ou de réduire le montant des retraites publiques de 16% pour combattre le déficit des caisses de retraite.
En effet, seulement 1% d'entre eux peut être considéré comme aisé, 4% disposent de moyens suffisants pour mener une vie confortable, 3% continuent de travailler et 63% dépendent complètement des prestations sociales, de l'aide de leurs proches, de leurs amis et des organisations caritatives. 29% n'ont tout simplement pas vécu jusqu'à l'âge de la retraite. Par ailleurs, les experts avertissent que les problèmes ne font que commencer.
La génération du baby-boom, née dans les années 1950-1960, commence à prendre sa retraite dans le monde entier. Aux USA, l'augmentation la plus importante du nombre de retraités est attendue à partir de 2020, et en Europe à partir de 2025.
L'OCDE prédit que d'ici 2060, l'âge de la retraite augmentera en Inde jusqu'à 70 ans, et en Tchéquie jusqu'à 69 ans. Le record sera détenu par les Pays-Bas et le Danemark avec 71,5 ans et 72,5 ans respectivement.