"Un château de cartes qui est en train de tomber": l’hégémonie séculaire de l’Occident s’effrite

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Le Continent africain - Sputnik Afrique, 1920, 20.01.2024
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Il y a plus d’un siècle débutait la conférence de paix de Paris, qui "n'était pas vraiment une conférence pour faire la paix", a déclaré à Sputnik Afrique Modeste Dossou, chroniqueur et analyste béninois, spécialiste en relations internationales et géopolitique.
Selon lui, "c'est là qu'a commencé en réalité l'hégémonie de l'Occident sur le monde".
Cet événement, qui s’est déroulé en plusieurs étapes entre le 18 janvier 1919 et le 21 janvier 1920, après la fin de la Première Guerre mondiale, a abouti à la création de la Société des Nations.
Cependant, il ne s’agit que d’une "conférence de paix de nom", "une conférence pour régler les comptes". Notamment parce que cela ne s’avérait être qu’une rencontre des vainqueurs pour se partager le monde, explique l’expert.
Aujourd’hui, cette hégémonie occidentale en "en train de s’effriter", comme "un château de cartes qui est en train de tomber petit à petit". Ce processus "se traduit en termes économiques, géopolitiques et démographiques".
Selon l’analyste, "la conférence de paix de Paris, […] doit être oubliée rapidement parce que ce n'était qu'une bombe à retardement qui a explosé. Maintenant, aujourd'hui, il n'y a plus cette hégémonie-là que les vainqueurs ont tenté de construire dans le temps".

Détrôner l’Occident à l’aide de la multipolarité

De nombreux pays désirent se libérer de la tutelle de l’Occident et réaffirment leur souveraineté. La création de l’Alliance des États du Sahel est une de ces manifestations, explique le politologue.
"Cet ordre mondial n'était que factice et les pays ont commencé à comprendre qu'il fallait se prendre en charge. Quand on voit le Mali aujourd'hui, le Sahel, les trois pays du Sahel, le Mali, le Burkina et le Niger, qui décident aussi d'affirmer leur indépendance, de multiplier le partenariat, c'est là qu'on se rend compte que le siècle d'hégémonie occidentale, le siècle de la toute-puissance de l'Occident est fini", constate M. Dossou.
Le vieil ordre mondial n’étant pas orienté vers la paix, et avec les conflits actuels qui se propagent dans plusieurs régions, des pays cherchent à le secouer, soutient le spécialiste.
"Il y a plusieurs pôles qui se forment et cela va mal pour l'Occident, cela va encore empirer, et c'est de bonne guerre pour certains pays qui n'arrivaient pas à s'affirmer, qui ne veulent pas se développer sous cet ordre mondial qui n'était pas du tout un havre de paix, mais plutôt un ordre de guerre", a-t-il dit.

S’unir pour faire entendre sa voix

Face au peu de poids du continent africain sur la scène internationale et notamment dans la gestion des conflits actuels, le politologue préconise de faire front commun pour faire porter sa voix.
Il estime que le continent a "la puissance nécessaire pour parler et se faire écouter". Et même si l’Afrique aujourd’hui n’est pas une puissance militaire, elle peut utiliser son potentiel économique pour faire pression.
"L’Afrique à elle seule peut réussir à arrêter beaucoup de guerres […]. Elle peut décider de mettre de la pression sur certains pays qui viennent puiser les ressources minières en Afrique", a-t-il indiqué.
Et d’ajouter: "Tout le monde sait qu’en 2024, le continent qui attire tous les regards, c'est l'Afrique. Il faut que l'Afrique décide de prendre sa destinée en main et ne plus faire de la sous-traitance de sa destinée avec d'autres pays".

Vers des monnaies locales

Avec le rejet de l’influence occidentale, des pays cherchent à réaffirmer leur souveraineté dans un monde multipolaire et nouent des liens avec d’autres partenaires, signale Modeste Dossou.
"La place de l'Afrique dans ce nouveau monde, surtout avec l'avènement des BRICS, devait être très importante […]. D'autres pays qui ont décidé de prendre leur destinée en main et de se développer par eux-mêmes, de ne plus dépendre d'autres personnes, ont décidé d'ouvrir bien d'autres perspectives, des partenariats avec d'autres pays. Ces pays, sûrement, vont tout faire pour être plus proches des BRICS que, par exemple du G20 ou du G7", a-t-il soutenu.
Le rejet de l’hégémonie occidentale passe entre autres par le rejet de ses monnaies au profit des devises locales, note M.Dossou.
"La décision des BRICS de promouvoir l'utilisation des monnaies locales afin de réduire la dépendance financière des pays occidentaux est une très bonne idée. Je pense que c'est une idée salvatrice […]. Pourquoi vouloir imposer au commerce mondial une monnaie qui appartient à un pays? C'est ça qui fait la puissance de ce pays. Il faut que les autres pays aussi se développent, deviennent puissants. Du coup, ces pays-là qui ont leur propre monnaie devraient pouvoir faire le commerce dans leur monnaie", a-t-il conclu.
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