"Les USA et Israël perdent la guerre des relations publiques", selon un chercheur sud-africain

© Sputnik . Igor Mikhalev / Accéder à la base multimédiaLe drapeau américain au-dessus de la Maison-Blanche
Le drapeau américain au-dessus de la Maison-Blanche - Sputnik Afrique, 1920, 23.11.2023
S'abonner
Dans un article, Joe Biden a dit avoir le cœur brisé face à la mort de civils palestiniens, réaffirmant son soutien à Israël et annonçant le déploiement de navires de guerre américains dans la région. Un expert sud-africain a estimé à Sputnik Afrique que cette posture était due à la chute libre de Washington et Tel Aviv dans la guerre médiatique.
L'article signé Joe Biden publié par le Washington Post et consacré aux conflits au Moyen-Orient et en Ukraine a été motivé par le fait que les États-Unis et Israël ont commencé à perdre la guerre de l'information, a déclaré à Sputnik Afrique Oscar van Heerden, maître de conférence au Centre pour la diplomatie et le leadership africains de l’Université de Johannesburg.
"Lorsque j'ai lu l'article, la première chose qui m'est venue à l'esprit est que c'est nécessaire parce que les États-Unis, tout comme Israël, commencent à perdre la guerre des relations publiques [...]. Je pense donc que, dans l'ensemble, l'administration Biden ressent une pression qui l'oblige à modifier sa position actuelle, qui consiste à donner à Israël un chèque en blanc", a-t-il indiqué.
Selon le chercheur sud-africain, il existe un grand désaccord, tant parmi les citoyens qu'au sein du Parti démocrate de Biden et du Département d'État, avec des appels au cessez-le-feu dans la bande de Gaza, ce qui oblige le Président américain à ajuster sa politique de permissivité à l'égard de l'État hébreu.
L'expert a fait remarquer que les mesures prises par le gouvernement israélien pour autoriser l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza étaient motivées de la même manière. Il note que Tel Aviv a accepté l'aide "non pas par bonté d'âme", mais parce qu'il "commence à observer qu'il est en train de perdre la guerre des relations publiques, que le monde entier est en train de se retourner contre lui".

Un article avec des incompatibilités

M.van Heerden a souligné que l'article de M.Biden était plein de dualisme et de contradictions. D'une part, le Président parle de la nécessité de mettre fin à la guerre et, d'autre part, son administration a déployé des porte-avions en Méditerranée pour soutenir Israël, a débarqué la Delta Force, qui aide l'armée israélienne sur le terrain, et a alloué un paquet de plusieurs milliards de dollars d'aide militaire sous forme d'armes.
"D'un côté, vous fournissez les bombes, vous fournissez l'équipement qui tue des dizaines de milliers de personnes. D'autre part, vous voulez être considéré comme le sauveur qui a négocié et négocie l'arrivée de l'aide humanitaire. Et malheureusement, le monde n'y croit pas", a-t-il commenté.
Le texte est destiné aux citoyens américains et à la communauté mondiale pour "rétablir son autorité morale" dans le monde, et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, espère que leurs électeurs "prendront les choses au pied de la lettre", poursuit M.van Heerden.

La même stratégie pour des époques différentes?

Toutefois, M.van Heerden a fait comprendre que la tactique américaine utilisée -et qui a fonctionné au début des années 2000- aura du mal à passer dans la période actuelle.
En effet, l'ex-secrétaire d'État américain Colin Powell avait trompé les gens en prononçant un discours à l'Onu sur les "armes chimiques" irakiennes et en montrant une éprouvette censée contenir un échantillon d'une substance dangereuse. Or aujourd'hui, tous les habitants de Gaza ont des téléphones équipés d'appareils photo qui peuvent enregistrer, "quelle que soit la manière dont les médias occidentaux essaient de présenter les choses, quelle que soit la manière dont M.Biden essaie de les présenter".
"Ainsi, au lieu de reconnaître que le nombre de morts [chez les Palestiniens] s'élève désormais à plus de 12.000, ils veulent maintenant remettre les chiffres en question. Ils ont un tel manque de respect pour la vie palestinienne que même dans la mort, ils se moquent des Palestiniens", a souligné le chercheur.
En outre, l'expert a également relevé le dualisme du gouvernement américain en ce qui concerne le conflit ukrainien. Il a souligné que M.Biden continue de parler des "maux" du Président russe alors que c'est le gouvernement américain et sa Central Intelligence Agency (CIA) qui "ont joué un rôle actif dans le coup d'État qui a eu lieu en Ukraine, qui ont ensuite facilité l'entraînement des soldats ukrainiens, les ont préparés et les ont équipés".
"Et maintenant [le gouvernement américain] s'engage dans une guerre par procuration contre la Russie pour la miner. Et les Européens sont complices de tout cela, tant en Ukraine qu'en Israël", a-t-il ajouté.

Un appel aux crimes de guerre?

Commentant la proposition de M.Biden dans son article en faveur d'une solution à deux États pour la paix tout en exprimant un soutien unilatéral à Israël, M.van Heerden pense que cela signifiait essentiellement un feu vert à l'État juif pour commettre des crimes de guerre et des violations du droit humanitaire.
"Lorsque vous dites que vous soutenez Israël sans équivoque, que vous soutenez Israël, qu'il n'y a pas de lignes rouges, vous dites en fait qu'il n'y a pas de problème à ce qu'Israël viole le droit international. Il n'y a pas de mal à ce qu'Israël viole le droit humanitaire. Il n'y a pas de mal à ce qu'Israël commette des crimes de guerre et, par extension, il n'y a pas de mal à ce que le plan consiste à expulser les Palestiniens de Gaza vers le désert égyptien du Sinaï", a-t-il souligné.

Un plan commun pour un génocide palestinien?

À cet égard, pour M.van Heerden, les valeurs de la démocratie et des droits de l'homme "sont une farce lorsqu'il s'agit du sort des Palestiniens". Avant d'ajouter que Washington et Tel Aviv sont "de connivence" pour mener à bien le nettoyage ethnique et le génocide contre les Palestiniens.
"Israël a les États-Unis complètement dans sa poche. Depuis longtemps, il fait en sorte que les États-Unis fassent ce qu'il veut qu'ils fassent", a fait remarquer M.van Heerden.
À un niveau plus global, il a noté que, contrairement à ce que M.Biden a écrit pour le Washington Post, les États-Unis n'ont pas été un leader mondial ces dernières années. De plus, il a expliqué que la politique de "sabre" de Washington, les guerres en Irak, en Afghanistan, en Syrie et en Libye, la construction de bases militaires en Asie pour contrer la Chine et la conduite d'une "guerre par procuration" contre la Russie ont fait du monde un "endroit plus dangereux".
En outre, le rôle des États-Unis en tant que défenseur des valeurs démocratiques occidentales est remis en question en raison des violations des droits de l'homme commises en Ukraine et à Gaza.

Des membres des BRICS pour une solution de sortie de crise?

M.van Heerden trouve que de nos jours, des pays tels que la Russie, la Chine et l'Inde ont la possibilité de "faire une réelle différence dans les affaires mondiales" en contribuant à une solution pacifique à Gaza, ce que les États-Unis n'ont pas réussi à faire.
"Dans le conflit israélo-palestinien, les États-Unis ont été le médiateur historique de la paix. Et je pense que nous pouvons conclure sans risque qu'ils ont lamentablement échoué dans ce rôle. Je pense donc qu'il faut de nouveaux acteurs. De nouvelles grandes puissances doivent entrer dans l'équation", a conclu l'expert.
Précédemment, le ministère russe des Affaires étrangères avait appelé les parties en présence à Gaza à cesser les hostilités.
Selon Vladimir Poutine, le règlement de la crise au Moyen-Orient n'est possible que sur la base de la "formule à deux États" approuvée par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui prévoit la création d'un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала