Les requins en Afrique du Sud, ces prédateurs à la mauvaise réputation

CC BY 3.0 / Albert kok / Requin de récif
Requin de récif  - Sputnik Afrique, 1920, 17.11.2023
S'abonner
Les eaux de l’Afrique du Sud abritent de nombreuses espèces de requins, et surtout les grands blancs. Ces prédateurs redoutés s’attaquent parfois aux Hommes, bien que la chair humaine ne fasse pas partie de leur régime alimentaire. Mais contrairement aux idées reçues, ces attaques sont relativement rares.
Le grand requin blanc, synonyme de danger, peut s'attaquer aux nageurs. En Afrique du Sud, les admirateurs de ces prédateurs peuvent faire une plongée en cage pour les observer. Sputnik Afrique tente de décortiquer les idées reçues sur les squales.

Requins en Afrique du Sud

Requin-tigre, requin-marteau halicorne, requin taureau, requin bordé, requin bouledogue, requin cuivre, requin obscur… Les côtes de l’Afrique du Sud sont réputées pour ces prédateurs et sont un endroit idéal pour les observer.

Où trouver des requins en Afrique du Sud

Pendant longtemps, la province du Cap-Occidental a été l'un des lieux de rassemblement des requins blancs, ceux-ci venant pour se nourrir, interagir socialement ou se reposer.
Pour les observer, il faut aller au village de Gansbaai. La meilleure période pour nager avec les grands blancs dure généralement de mai à septembre.
Pour "rencontrer" les requins-tigres, il faut aller à Protea Banks (récif situé à environ 7 km au large de l'Afrique du Sud, près de la ville de Margate) ou à Aliwal Shoal (récif rocheux au large de la côte du KwaZulu-Natal).

Espèces de requins en Afrique du Sud

Dans le monde, il existe des centaines d’espèces de requins, soit les tout premiers vertébrés à mâchoire qui n'ont pratiquement pas changé depuis leur apparition il y a 400 millions d'années.
Ils sont présents dans tous les océans du monde, des eaux tropicales aux eaux polaires, et habitent aussi bien la surface que des zones plus profondes.
Les eaux de l’Afrique du Sud abritent de nombreuses espèces, mais attirent surtout par l’observation des requins blancs.

Requin blanc, l’animal mythique

Cette espèce, Carcharodon carcharias de son nom scientifique, peut atteindre une taille maximale supérieure à six mètres de long. Appelé souvent seigneur des océans, il est l'un des plus grands prédateurs océaniques.
À chacun son territoire: même s’il est parfois aperçu au large de Protea ou d’Aliwal, il ne se mélange pas avec les autres. C’est essentiellement à Gansbaai qu’on peut observer cet animal protégé depuis 1991 en Afrique du Sud.
Le requin blanc est victime de sa mauvaise réputation. Contrairement à certaines idées reçues, il n'est pas un "mangeur de chair humaine" et les humains ne sont pas une proie pour lui, la plupart des attaques étant dues à une erreur d'analyse visuelle du squale sur son territoire de chasse.
Le grand blanc mange les pinnipèdes, les poissons, les tortues marines, les cétacés.
© Photo Unsplash / Francesco CalifanoGrand requin blanc
Grand requin blanc - Sputnik Afrique, 1920, 15.11.2023
Grand requin blanc
Pourtant les attaques arrivent, même si la grande majorité d'entre elles ne sont pas mortelles.
Étant de nature plutôt solitaire, il est rare que plusieurs individus se rassemblent pour chasser. Il se situe au sommet de la chaîne alimentaire dans l'océan juste en dessous de l'orque.
Ce prédateur a été popularisé au cinéma par la tétralogie Les Dents de la Mer, dont le premier volet est sorti en 1975. Ces films ont largement contribué à la terreur qu'il inspire dans l'imaginaire collectif, sentiment moyennement justifié au regard des statistiques.

Requin-tigre

Reconnaissable à ses rayures, le requin-tigre (Galeocerdo cuvier) mesure généralement de 3 à 4 mètres. On peut le voir en grand nombre en Afrique du Sud toute l’année, mais les chances les plus élevées de le rencontrer sont de mars à juin.
© Photo Unsplash / Jeremy LanfranchiRequin-tigre
Requin-tigre - Sputnik Afrique, 1920, 15.11.2023
Requin-tigre
Peu sélectif, le requin-tigre est parfois considéré comme une véritable poubelle des mers, avalant tout ce qu’il rencontre. Ce manque de discernement est l'une des raisons de sa dangerosité: il est susceptible de dévorer l'homme au même titre que d'autres proies.

Requin-marteau halicorne

On le voit en grands bancs sur Aliwal et Protea. La rencontre avec un requin-marteau (Sphyrna lewini) est toujours impressionnante, certains spécimens pouvant atteindre 4 m de long. Ils se nourrissent de crustacés, de petits requins et de raies. Les bancs qui patrouillent à Protea sont parfois énormes, avec plus d’une centaine de membres.
© Photo Unsplash / Jéan BéllerRequin-marteau halicorne
Requin-marteau halicorne - Sputnik Afrique, 1920, 15.11.2023
Requin-marteau halicorne

Requin gris de récif

Le Requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos) est un prédateur agile et rapide, qui se nourrit principalement de poissons osseux et de céphalopodes. Son comportement agressif lui permet de dominer la plupart des autres espèces de requins qui vivent dans les récifs, en dépit de sa taille relativement modeste, moins de 1,9 m de long.
Cette espèce est souvent rencontrée en eaux peu profondes près des tombants des récifs coralliens. Il s'agit d'un des requins de récif les plus courants de l'Indo-Pacifique : son aire de répartition s'étend de l'île de Pâques à l'Est jusqu'en Afrique du Sud à l'Ouest.
© Photo Unsplash / David Clode Requin gris de récif
Requin gris de récif - Sputnik Afrique, 1920, 15.11.2023
Requin gris de récif
Durant la journée, ils forment souvent des groupes comprenant de 5 à 20 individus près des bordures des récifs coralliens, se séparant le soir quand ils se mettent à chasser.
Ils sont régulièrement impliqués dans des attaques contre les humains, et doivent donc être traités avec précaution, notamment s'ils prennent leur attitude d'intimidation.

Danger d’être à proximité

Les cas d'attaque sur l'homme, relativement rares, sont plus considérés comme des accidents, en majorité sur des surfeurs ou véliplanchistes. Une forme ovoïde battant des "nageoires" à la surface rappelle à ce prédateur sa proie favorite.
Les attaques se terminent dans la majorité des cas après le coup de dents. Lors de la morsure, des récepteurs situés dans la gueule "goûtent" la proie, ce qui permet au requin de savoir si celle-ci est suffisamment riche en graisse. En mordant le corps humain, le squale ne reconnait pas le goût qu’il apprécie. Les cas mortels résultent de l'hémorragie (artère ou membre sectionnés). Par contre, la pression exercée par la mâchoire et les dents acérées laissent un résultat souvent désastreux sur un corps humain.

Les requins attaquent

Contrairement au mythe relayé par l’industrie cinématographique, les attaques de requins sont relativement rares. Selon les données de l’International Shark Attack File, de l’université de Floride, en 2022, on a dénombré 57 attaques, dont seules 5 ont été mortelles.
"Le risque d’être mordu par un requin reste incroyablement faible", souligne l’Université de Floride.
L’Afrique du Sud a recensé deux attaques de grands requins blancs en 2022. Elles ont toutes les deux été mortelles.
En juillet 2015, le célèbre surfeur australien Mick Fanning a été attaqué par un requin en Afrique du Sud lors d’une compétition J-Bay Open retransmise en direct. Il s’est débattu pour repousser le prédateur et s'en est sorti presque indemne, grâce à une aide inopinée.
Le sportif s’attendait à prendre sa première vague quand il a remarqué le requin.
"Il m'a percuté et je lui ai donné quelques coups de poing. Je l'ai senti frôler ma jambe et j'ai réussi à le frapper sur le dos. Mon leash s'est ensuite rompu et j'ai dû nager […]. Je me préparais à ce que le requin revienne vers moi et je me retournais en espérant pouvoir le voir arriver. Le jet-ski est alors venu me chercher et j'ai pu monter dessus. Je suis sain et sauf, mais sous le choc", avait-il confié.

Mesures de précautions

Les requins ne s'attaquent donc jamais aux êtres humains par hasard, car l'homme ne fait pas partie de leur régime alimentaire. Il y a toujours des facteurs explicatifs à ces morsures. Comment anticiper ces facteurs et réduire les risques?
Il faut se renseigner auprès de la population et des autorités locales concernant les zones où nager.
De plus, il ne faut pas nager près des côtes où il y a des rejets organiques en mer: zones de pêche, d'écaillage de poissons, rejets de restaurants.
Les adeptes de chasse sous-marine ne doivent jamais garder un poisson sur eux.
Enfin, il faut éviter de nager avec des phoques et otaries en profondeur.
Les plongeurs en bouteille sont quant à eux rarement inquiétés par les squales. Comme ils sont en face-à-face avec les requins, ils ne sont pas en situation de vulnérabilité avec des jambes en surface comme les nageurs ou surfeurs en attente d'une vague.

Faire du tourisme avec les requins

L’Afrique du Sud est la plus belle destination au monde pour observer les requins. Chaque année, des milliers de visiteurs s’adonnent à la plongée avec eux, à côté de Gangsbaai.
Сela s'effectue souvent à bord de bateaux de croisière, conçus et équipés pour la plongée en scaphandre autonome.
Sur place, des professionnels donnent des informations sur le déroulement de la journée ainsi que sur les mesures de sécurité. Vêtus de combinaison, équipés des masques, tubas, les touristes partent à la rencontre des prédateurs.

Plongée en cages

Ces plongées plutôt sportives sont à réserver aux plongeurs expérimentés, même si les moniteurs choisissent des zones pour évoluer sans danger selon la vigueur des courants.
Le "cage diving" consiste à nager dans une cage carrée en acier immergée pour observer les requins. Une cage peut contenir de 3 à 6 personnes. Elle est fixée sur le côté du bateau, et pendant les plongées, descend à quelques mètres sous la surface. Pourtant, il ne faut pas oublier que ce dispositif ne garantit pas la sécurité à 100%.
Plusieurs entreprises sud-africaines offrent aux touristes cette possibilité pour quelques centaines de dollars. La plongée ne dure que 15-20 minutes. Les prédateurs sont attirés par un mélange d’huiles, de poisson, de sang.
Dans l’eau à 12-14 degrés, les touristes ne sont plus qu’à quelques centimètres de l’un des plus grands prédateurs marins.
"On voit des ailerons, des queues de requin, des fois, ils passent super près de la cage, il y en a plusieurs. C’était vraiment une sacrée expérience", avait confié un touriste interviewé par TF1 en Afrique du Sud en juillet 2022.

La protection des requins

Certes, le requin fait peur et fascine tout à la fois. Aujourd’hui, massacré par les hommes, ce mal-aimé risque de disparaître.
En 2021, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 37% des espèces de requins et de raies étaient menacées d’extinction.
Si le suivi de la population réelle est très difficile à évaluer, les scientifiques s'accordent pour considérer que leur nombre est en chute rapide. Sa pêche est désormais interdite dans de nombreux pays comme l'Australie, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande.
Au Cap, des "observateurs de requins" qualifiés ont documenté un pic de plus de 300 observations de grands requins blancs sur huit plages en 2011, mais n’ont rien enregistré depuis 2019. La conservation des grands blancs est vitale, car ils jouent un rôle central dans les écosystèmes marins. En tant que prédateurs, ils contribuent à maintenir la santé et l’équilibre des réseaux trophiques marins. Leur présence influence le comportement des autres animaux, affectant la structure et la stabilité de l’ensemble de l’écosystème.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала