La France doit savoir que l’Afrique est "peuplée d’êtres qui pensent par eux-mêmes"

© AP Photo / Ahmed Yempabou OuobaLe Président français Emmanuel Macron lors de la visite d'une école à Ouagadougou,
Le Président français Emmanuel Macron lors de la visite d'une école à Ouagadougou,  - Sputnik Afrique, 1920, 10.11.2023
S'abonner
Alors qu’un rapport parlementaire française préconise de repenser les relations avec l’Afrique, Paris doit d’abord comprendre que le continent abrite des populations qui pensent par elles-mêmes et souhaitent prendre leur destin en main, explique à Sputnik Nome Grace S. Essoh, représentante du Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire.
Ménage de printemps dans les relations franco-africaines. Un rapport parlementaire français a récemment appelé à repenser les liens entre Paris et le continent. Mais un nouveau départ n’est possible que si la France joue enfin la carte du respect dans ses partenariats, a expliqué à Sputnik Nome Grace S.Essoh, représentante du Parti des peuples africains – Côte d'Ivoire.
Paris doit d’abord comprendre les aspirations à la souveraineté des pays africains, qui veulent décider par eux-mêmes de leur avenir et de leur politique étrangère. La France doit aussi prendre en compte le poids de l’Afrique, qui s’affirme de plus en plus comme un acteur économique et politique majeure, souligne la responsable.
"Il faut que la France sache que l'Afrique est peuplée d'êtres humains qui pensent, qui sont éduqués, qui ont des cultures différentes certes, mais qui ont intelligence pour savoir ce qui est bon pour eux-mêmes. Il faut une approche basée sur le respect du peuple africain et de l'homme africain", explique-t-elle ainsi.

Changement de ton

Le ton pris par certains Présidents français vis-à-vis des dirigeants africains ou de l’histoire africaine doit aussi changer, affirme encore Nome Grace S. Essoh. Le dérapage de Nicolas Sarkozy affirmant en 2007 à Dakar que "l'homme africain n’[était] pas assez entré dans l'Histoire" a notamment laissé des traces, selon la responsable.
Ces attitudes ne sont pas étrangères à l’explosion du sentiment anti-français sur le continent et à la perte d’influence de Paris. D’autant que les réseaux sociaux servent de caisse de résonance.
"Aujourd’hui une nouvelle classe de dirigeants français se permet de s'adresser de façon irrespectueuse, irrévérencieuse à nos chefs d'État. C’est cette façon de faire des déclarations humiliantes en public, couplée aux réseaux sociaux, qui met le feu aux poudres. Aujourd'hui, tout le monde en parle, même dans les villages on sait ce qu’il se passe partout dans le monde", explique-t-elle.
De même, les aides au développement consenties par la France à l’Afrique ne sont bien souvent qu’un paravent, affirme Nome Grace S.Essoh. Beaucoup finissent dans la poche des hommes d’affaires français sur le continent. Il est donc vital pour les pays africains de sortir de ces logiques néocolonialistes.

"L'Agence française de développement travaille d'abord pour les Français, pour renforcer la capacité des hommes d'affaires français en Afrique […] On dit +aide au développement+, mais ce n'est que le nom […] Le besoin réel de l'Afrique en matière de développement c'est d'abord de briser ce pouvoir néocolonialiste. Il y a des besoins en matière d'éducation, d'agriculture, etc. Mais la première chose dont il faut débarrasser les Africains, c'est le néo-colonialisme", martèle la responsable.

Le 8 novembre a été présenté à l’Assemblée nationale française un rapport parlementaire au vitriol, égratignant la politique de Paris en Afrique. Les auteurs y dénoncent notamment le double standard français, qui a condamné certains changements de régime comme au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, tout en validant d’autres comme au Tchad.
Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала