Les pays africains font de "gros progrès" en cardiologie, selon un chercheur sud-africain
21:07 09.11.2023 (Mis à jour: 21:08 09.11.2023)
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La recherche et la pratique cardiologiques se renforcent en Afrique, continent qui a vu naître le père de la transplantation cardiaque, comme l’a rappelé à Sputnik Pindile S. Mntla, de l'Université des Sciences de la santé Sefako-Makgatho.
Le célèbre cardiologue sud-africain Christiaan Barnard, qui a réalisé la première transplantation cardiaque au monde, aurait eu 101 ans ce 8 novembre. Depuis cette incroyable avancée, la cardiologie n’a cessé de progresser en Afrique, déclare à Sputnik Pindile S. Mntla, directeur du département de cardiologie à l'Université Sefako-Makgatho.
Les cardiologues sud-africains figurent parmi les leaders dans l'étude des maladies péricardiques, en particulier pour les patients immunodéprimés à qui on prescrit à la fois des médicaments antituberculeux et des stéroïdes.
© Photo CC BY-ND 4.0 / University of Cape Town / (cropped image) Christiaan Barnard réalise la premiére transplantation cardiaque, à l’hôpital Groote Schuur du Cap, en Afrique du Sud, le 3 décembre 1967
Christiaan Barnard réalise la premiére transplantation cardiaque, à l’hôpital Groote Schuur du Cap, en Afrique du Sud, le 3 décembre 1967
Le secteur privé a beaucoup évolué dans les pays africains, notamment en Afrique du Sud, et utilise aujourd’hui les technologies les plus récentes, comme la TAVI qui consiste à placer une prothèse de valve aortique sans ouvrir le thorax. La resynchronisation cardiaque ou la pose de valve mitrale sont désormais des techniques répandues dans les hôpitaux du continent, ajoute Pindile S. Mntla.
"Les pays d'Afrique du Nord ainsi que l'Afrique du Sud, à l'extrémité du continent, font de grands progrès en matière de cardiologie à l'échelle mondiale", résume ainsi le chercheur.
Encore des défis à relever
Malgré ses avancées, le continent africain continue cependant à faire face à plusieurs défis. L’hypertension systémique, qui peut déboucher sur des accidents vasculaires cérébraux ou des maladies rénales, a encore du mal à être traitée, de même que le rhumatisme articulaire aigu.
"Malgré tous nos efforts pour tenter de créer une plus grande prise de conscience, à commencer par la Déclaration du Drakensberg de 2012-2013 […] nous sommes toujours ravagés en Afrique par le rhumatisme articulaire aigu. Si nous pouvions mieux traiter cela en Afrique, ce serait un grand pas en avant en matière de soins cardiologiques", souligne PindileS.Mntla.
La disparité d’accès aux soins est aussi l’un des gros points noirs sur le continent. La prise en charge et les soins sont plus accessibles aux populations ayant les moyens, alors que les plus pauvres doivent se contenter de cliniques de soins primaires, qui peinent parfois à diagnostiquer, déplore le cardiologue.
En outre, certaines populations d’Afrique continuent de privilégier les guérisseurs locaux, plutôt que de se tourner vers la médecine moderne.
"Ils ne croient pas que leurs problèmes sont dus à une cause cardiaque. Il peut y avoir des connotations, cela peut-être dû à la sorcellerie ou à un châtiment envoyé par leurs ancêtres", explique Pindile S. Mntla.
Commentant les perspectives de la cardiologie africaine, le chercheur a avancé que l'expérience de pays comme la Russie pouvait beaucoup lui apporter. Une telle coopération sera utile non seulement à l'Afrique, mais à tout l'hémisphère sud, en particulier concernant le traitement de l'hypertension.
La Russie a déjà noué d’importants partenariats médicaux avec l’Afrique, aussi bien sur le plan matériel qu’humain. Plusieurs fournisseurs d’équipements médicaux russes se sont par exemple rendus au récent salon Health Care Expo d’Alger, alors que dans les hôpitaux d’Abidjan, chirurgiens russes et ivoiriens travaillent main dans la main.