"Un allié sûr": le Brésil songerait à patrouiller dans le golfe de Guinée

© Photo Agência Marinha de Notícias La frégate brésilienne "Libérale "en visite au port de Dakar
La frégate brésilienne Libérale en visite au port de Dakar - Sputnik Afrique, 1920, 02.10.2023
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Un bâtiment brésilien a effectué un déplacement au Sénégal, ce qui pourrait indiquer la volonté de Brasilia de patrouiller dans le golfe de Guinée pour aider à éradiquer la piraterie, a expliqué à Sputnik Jonuel Gonçalves, de l'Université de Fluminense.
Un renfort inattendu. Le Brésil pourrait venir donner un coup de main aux États africains pour lutter contre l’insécurité dans le Golfe de Guinée, a déclaré à Sputnik Jonuel Gonçalves, chercheur en relations internationales à l'Université de Fluminense. La récente visite d’une frégate de la marine brésilienne dans le port de Dakar, au Sénégal, pourrait être un signe de rapprochement diplomatique sur le dossier.
Le Brésil est en effet inquiet de la situation sécuritaire dans le Golfe de Guinée, où la piraterie s’est répandue avec presque autant de vigueur que dans les régions somaliennes. Cette insécurité compromet les lignes de communications maritimes brésiliennes et peuvent entraîner des pertes économiques, rappelle le géopolitologue.
Une aide brésilienne pourrait d’ailleurs être vue d’un bon œil par les pays de la région, Brasilia étant considéré comme une force étrangère fiable par ses partenaires africains.
"Les pays riverains du Golfe de Guinée sont préoccupés par la question de la piraterie et doivent se préparer à des opérations similaires à celles menées par l'Union européenne en Somalie, sans exclure la possibilité que la marine brésilienne soit appelée à patrouiller […] Le Brésil est d’ailleurs considéré comme un allié sûr et peut compter sur une bonne base arrière pour ses patrouilles, qui est le port de Dakar", explique ainsi Jonuel Gonçalves.
Outre la piraterie, le Golfe de Guinée souffre aussi de la pêche illégale, qui épuise les ressources halieutiques locales et détériore l'équilibre écologique de la région, souligne encore l’expert.

Mettre les moyens

Ce n’est cependant pas à la marine mais bien aux autorités brésiliennes que revient la responsabilité de fixer un agenda dans le Golfe de Guinée, rappelle pour sa part à Sputnik l’analyste militaire Robinson Farinazzo. Mais pour envoyer une patrouille sur la zone, il faudra mettre les moyens, avertit l’officier de réserve.
"Cela ne sert à rien de donner une mission de cette ampleur à la marine brésilienne en ne mobilisant pas de ressources [….] Une patrouille permanente dans le golfe de Guinée nécessiterait en réalité la mobilisation de plus d'un navire, doté d'hélicoptères, de capteurs et d'un ensemble d'armes capables d'opérer", explique-t-il ainsi.
Investir dans un rapprochement avec le continent africain est cependant porteur de sens pour le Brésil, qui bénéficierait ainsi d’un accès à un marché émergent et d’un renforcement de ses forces armées.
"L'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Atlantique Sud sont les destinations naturelles du Brésil, avec tous les problèmes et solutions que ces régions présentent […] Cette approche est naturelle et saine, car l'Afrique constitue une nouvelle frontière économique et un marché extrêmement prometteur pour le Brésil", conclut Robinson Farinazzo.
La visite de la frégate brésilienne a eu lieu dans le cadre de l'opération Guinex-III, réunissant les autorités militaires et diplomatiques des pays sud-américains et africains. En 2022, le deuxième volet de cet exercice avait suscité des polémiques, certains déplorant la mainmise de Paris et Washington qui coordonnaient l’opération.
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