La piraterie moderne, un moyen d’exercer une pression sur l’Afrique?
19:03 31.03.2023 (Mis à jour: 19:05 31.03.2023)
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Implanté profondément dans l’histoire, le problème de la piraterie se pose toujours avec acuité au large du continent africain. À qui la piraterie moderne peut être bénéfique et quelles mesures peuvent contribuer à sa réduction? Point de vue de l’ancien ambassadeur russe au Congo ci-dessous.
Le 28 mars, un pétrolier danois naviguant dans le Golfe de Guinée, au large du Congo, a été victime de piraterie. Auprès de Sputnik, l’ancien ambassadeur russe au Congo et en Angola analyse ce problème qui a un long passé historique.
Il y a dix ans, le problème du pillage en mer a été surtout palpable au large de la Somalie, mais les efforts entrepris par les pays africains ont presque réduit à néant ce type d’activités. Pourtant, ce dernier incident a montré que la zone concernée s’est élargie.
La création du Centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée (CIC) en 2014 à Yaoundé fut "le sommet de l’architecture africaine de l’assurance de la sécurité dans la région et avant tout, dans deux sous-régions, en Afrique centrale et en Afrique d’Ouest", explique Sergueï Nenachev.
Suite à la mise en place de cette initiative, chaque pays a été chargé d’assurer la sécurité dans sa propre zone de responsabilité dans la région concernée.
Contribution russe
Le soutien russe peut être à l’ordre du jour de la deuxième édition du sommet Russie-Afrique, juge l’expert en Afrique. L’emplacement de cet événement, soit à Saint-Pétersbourg, sur la côte baltique, y contribuera, poursuit-il.
"En plus, il faut considérer non seulement l'aide qui vient de la Russie dans le cadre des organisations internationales, mais aussi l'aide qui a été fournie à un certain nombre de pays africains avec lesquels nous avons des accords bilatéraux pertinents sur la coopération militaro-technique. Cela comprend la formation du personnel, y compris le personnel des forces navales des pays africains", développe l’ancien ambassadeur russe.
Moyen d’isoler la Russie
En octobre 2021, l’équipage du navire sous-marin russe Amiral Koulakov a empêché le piratage du porte-conteneur panaméen Lucia dans le Golfe de Guinée. Auparavant, des marins russes s’étaient entraîné à de telles opérations au large des côtes africaines, mais depuis le rattachement de la Crimée en 2014, la Russie n’y prend plus part.
"Le fait qu’on ait cessé de nous impliquer dans la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée est conforme à la politique générale que l'Occident collectif mène actuellement à l'égard de la Russie. Autrement dit, tous les efforts visent à isoler la Russie, y compris sur le continent africain."
En guise d’exemple, l'ex-ambassadeur pointe les sanctions occidentales qui concernent indirectement le transport des céréales et des engrais russes, ce qui touche le plus durement les pays africains.
Terrorisme et piraterie, quel lien?
Le milieu nutritif de la piraterie est la situation socio-économique défavorable, les conflits armés et confessionnels, ainsi que le terrorisme, l’équipement insuffisant des forces navales, la faible base juridique et la coordination insuffisante des services de maintien de l'ordre, poursuit M.Nenachev.
"Afin de maintenir l'activité terroriste, il est nécessaire de disposer de certaines capacités financières, qui sont souvent, en général, obtenues grâce à la piraterie en mer", explique l’expert.
Il ne balaye ainsi pas la possibilité d’utilisation de pirates par les pays non-africains afin de bloquer les voies maritimes dans certains pays africains pour exercer plus de pression sur ceux-ci.
Un blocage du transport du pétrole depuis un pays africain pour lequel cette matière première représente sa principale source de revenus servira de moyen de pression économique sur cet État, qui en souffrira, conclut le diplomate.