"Hégémonie maligne": Paris et Washington s'immiscent dans des opérations brésiliennes en Afrique

© AP Photo / Douglas EngleLe porte-aéronefs brésilien São Paulo passe devant le célèbre mont du Pain de Sucre avant d’arriver à Rio de Janeiro, au Brésil, le 17 février 2001.
Le porte-aéronefs brésilien São Paulo passe devant le célèbre mont du Pain de Sucre avant d’arriver à Rio de Janeiro, au Brésil, le 17 février 2001. - Sputnik Afrique, 1920, 02.09.2022
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La marine brésilienne a mené une série d’exercices dans le golfe de Guinée, mais c’est bien la France et les États-Unis qui étaient à la manœuvre derrière cette opération, affirme à Sputnik un spécialiste du continent africain.
L’opération Guinex II, menée par le Brésil pendant deux mois dans le golfe de Guinée vient de s’achever. Mais derrière les beaux discours sur la coopération africano-brésilienne et la sécurité dans l’Atlantique Sud, c’est bien la France et les États-Unis qui protégeaient leurs intérêts. Paris et Washington coordonnaient en effet l’opération, explique à Sputnik M.Paris Yeros, professeur à l’Université fédérale de l'ABC basée à Santo André, São Paulo.

"Le sens est ambigu, car le Brésil a besoin de sécurité dans l'Atlantique Sud contre la piraterie, le trafic illicite ou d'autres crimes. Mais aussi pour l'exploration gazière et pétrolière pré-salifère. Seulement, il y a une tendance continue à se soumettre au commandement des États-Unis lorsqu'il s'agit de l'Afrique", affirme ainsi le spécialiste du continent africain.

La marine brésilienne a elle-même admis que la France et les États-Unis participaient aux exercices, au même titre que d’autres puissances européennes comme l'Espagne, le Portugal ou le Royaume-Uni. Le Brésil s’était d’ailleurs déjà placé sous le parapluie français et américain lors des opérations Obangame Express et Grand African.

Vente d’armes à l’Afrique

Outre la sécurité de l’Atlantique Sud, l’opération Guinex II aura également servi de vitrine au Brésil, qui cherche à ouvrir l’Afrique à son industrie militaire, en particulier son fleuron Embraer, souligne Paris Yeros. Mais là encore, la tâche s’annonce ardue, la France et les Etats-Unis se taillant pour l’heure la part du lion en matière de vente d’armes.
"Le Brésil essaye de vendre ses équipements militaires, notamment ceux d’Embraer. Mais il a eu peu de succès jusqu’ici, à l'exception d'une commande du Nigeria. Le Brésil peut avoir une influence positive sur le secteur s'il offre, de fait, une alternative aux équipements militaires des États-Unis ou de la France", résume le spécialiste.
La diversification des partenariats dans l'Atlantique Sud est donc cruciale pour toutes les parties, "étant donné l'hégémonie maligne que les États-Unis et la France exercent sur le continent africain", conclut Paris Yeros.
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