Essais nucléaires en Algérie: où en est la reconnaissance française 60 ans plus tard?

© AFP 2023 RYAD KRAMDILe drapeau de l'Algérie
Le drapeau de l'Algérie - Sputnik Afrique, 1920, 29.08.2023
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Il y a 60 ans, "tout a été chamboulé" en Algérie après des dizaines d’essais nucléaires menés sur son sol par la France. Grâce à un éventail de témoignages et photos, l’effet est aujourd’hui connu tant sur l’environnement que sur les humains, explique à Sputnik Afrique un chercheur algérien.
Une soixantaine d’explosions nucléaires il y a plus de 60 ans. L’Algérie est toujours confrontée aux effets néfastes des essais que la France a menés sur son territoire entre les années 1960 et 1966.
Retour sur ce dossier sensible avec Ammar Mansouri, chercheur algérien en génie nucléaire, interviewé par Sputnik Afrique à l’occasion de la Journée internationale contre les essais nucléaires.
"On n'a pas pu avoir [les archives] malgré que ça a été ouvert en 1998 et puis fermé tout de suite. Donc le peu qu'on a ne nous permet pas de connaître exactement les endroits où on a enfoui les déchets nucléaires […]. Il y a des véhicules, des blindés, des chars, des bateaux, des avions contaminés. Comme on ne connaît pas l'endroit, donc c'est un danger toujours permanent", explique-t-il.

Vents de sable jusqu’en France

Le chercheur, qui a travaillé sur le dossier du programme nucléaire militaire français, a surtout attiré l’attention sur les importantes fuites radioactives, qui ont même été confirmées par la France.
"Il y a eu des pluies qui ont véhiculé la radioactivité, il y a les vents de sable, et caetera. Après, l'année passée, le vent de sable qui est arrivé en France était contaminé […]. Donc on n'a pas à prouver. […] Eux-mêmes reconnaissent que ce vent de sable contient de la radioactivité, donc c'est une reconnaissance", observe-t-il.
Et de pointer la disparition de certains types d’animaux ou de plantes, surtout médicinales, ou encore des répercussions en agriculture.
"Tout a été chamboulé […] et on a des preuves. On en a même des photos, on a des témoignages qui parlent de cette catastrophe au niveau de la région", continue-t-il.

"Des morts sur place"

En guise d’exemple des effets néfastes sur la santé de la population, Ammar Mansouri a cité l'accident de Béryl.
"Le nuage est passé par un village et il y a eu des morts sur place. Il y a des témoignages de reconnaissance des Français[…]. Il y a des mémoires des gens et ils reconnaissent tout. Les soldats, ils reconnaissent certains faits".

"Un crime contre l'humanité"

Le chercheur a en outre pointé le problème des malformations ces derniers temps en Algérie. En outre, les Français connaissent depuis longtemps le danger des radiations grâce à la publication de documents en ce sens en 1957, "donc c'était prémédité et donc c'est un crime contre l'humanité".
"Et maintenant à mon avis, le contexte international et le contexte africain et régional permettent à l'Algérie de faire pression sur la France, comme l'a fait le Burkina Faso avec le Mali", a-t-il poursuivi.
Selon lui, "il faut mettre un terme" à l’absence de reconnaissance par la France:
"Non, on n'en parle pas quand il s'agit des puissances."
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