"Il faut cesser d'être le gendarme de l'Afrique", déclare un ancien diplomate français

© AP Photo / Jerome DelayDes soldats français de l'opération Barkhane débarquent à Niamey, au Niger, avant d'être transférés en France (archive photo)
Des soldats français de l'opération Barkhane débarquent à Niamey, au Niger, avant d'être transférés en France (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 07.08.2023
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La France ne peut pas participer à une intervention militaire au Niger car elle est très mal vue des populations en Afrique de l’Ouest, qui considèrent qu’elle n’a pas à être le gendarme de la région, a expliqué à BFM TV Nicolas Normand, ancien ambassadeur au Mali, au Congo et au Sénégal.
Paris a bien mauvaise presse en Afrique. L’Hexagone qui pousse pour une intervention armée au Niger, ne peut pas y participer elle-même à cause du sentiment anti-français qui s’est développé dans la région, a déclaré à BFM TV Nicolas Normand, ex-ambassadeur français au Mali, au Congo et au Sénégal.
Paris ne peut ainsi plus assumer le rôle de "gendarme" en Afrique de l’Ouest, car elle s’est mise à dos une partie de la jeunesse africaine, qui se retourne aujourd’hui contre les autorités en place et contre leurs soutiens français, du fait d’un manque de perspectives économiques, a souligné l’ancien diplomate.
"La France ne participe pas à ces interventions militaire pour remettre en place le Président Bazoum, à cause de cette Françafrique. Il faut cesser d’être le gendarme de l’Afrique, c’est très mal perçu par la nouvelle génération africaine. Il y a un sentiment anti-français qui se développe en Afrique de l’Ouest, dû au fait qu’une jeunesse issue de l’explosion démographique n’a pas d’intégration économique et sociale, faute de développement. Elle se retourne donc les autorités et contre le principal partenaire, la France", explique-t-il ainsi.
Nicolas Normand a par ailleurs souligné le rôle des réseaux sociaux dans ces mouvements de contestations, très utilisés par la jeunesse africaine.

Une intervention contestée

Après le récent coup d’État au Niger, l’hypothèse d’une intervention armée pour rétablir le Président Mohamed Bazoum, déchu par les militaires, a vu le jour. L’opération pourrait être menée sous l’égide de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L’institution a déjà pris de lourdes sanctions économiques à l’égard de Niamey, mais l’idée d’une opération armée est loin de faire l’unanimité.
Le Mali et le Burkina Faso ont déjà affiché leur solidarité avec les nouveaux maîtres du Niger, en déclarant qu’une intervention de la CEDEAO serait perçue comme une "déclaration de guerre commune". Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a également affirmé qu’une telle intervention serait "une menace pour l’Algérie". Le Bénin a également rejeté l’idée d’un recours à la force.
Certains observateurs craignent par ailleurs qu’une action armée n’embrase définitivement la région, déjà mise à rude épreuve par le terrorisme. Le risque d’une "véritable guerre en Afrique" existe bel et bien, a ainsi déclaré sur X (anciennement Twitter) James Stavridis, amiral à la retraite de la marine US.
En prévision d’une intervention militaire, le Niger a d’ores et déjà fermé son espace aérien et renforcé ses frontières avec le Bénin et le Nigéria. De leurs côtés, ces derniers ont fermé les espaces terrestres avec le Niger. Les sénateurs nigérians ont cependant repoussé l’idée d’une action de la CEDEAO, pourtant appuyée par le Président Bola Tinubu, élu président de cette organisation pour 2024.
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