Les sénateurs nigérians refusent le déploiement de troupes chez leur voisin le Niger

© AP Photo / Ben CurtisLe Président du Nigéria Bola Tinubu
Le Président du Nigéria Bola Tinubu - Sputnik Afrique, 1920, 05.08.2023
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Le Sénat du Nigeria a repoussé une proposition présidentielle visant à déployer des troupes au Niger dans le sillage de la CEDEAO. Les élus ont invité le gouvernement à privilégier la voie diplomatique.
Le Sénat du Nigéria a refusé la demande du Président Bola Tinubu, lequel avait proposé un plan d’intervention militaire au Niger voisin, sous la houlette de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Les sénateurs ont salué les efforts de la CEDEAO pour mettre fin à la crise, tout en repoussant "catégoriquement" l’option d’un déploiement de troupes, a déclaré le président du Sénat, Godswill Akpabio. De nombreuses voix se sont élevées parmi les élus pour condamner cette idée, encourageant plutôt le gouvernement à continuer de discuter avec les autorités nigériennes, pour trouver une issue diplomatique.
"L'accent doit être mis sur les moyens politiques et diplomatiques […] Nous nous opposons à l'utilisation de la force militaire jusqu'à ce que ces voies mentionnées soient épuisées, car cela aura pour conséquences de faire des victimes parmi les citoyens innocents vaquant à leurs occupations quotidiennes", a ainsi insisté Abdulrahman Kawu Sumaila, porte-parole des sénateurs du Nord.

Paris à la manœuvre?

L’idée d’un déploiement militaire au Niger fait son chemin depuis plusieurs jours. Certains observateurs accusent la France d’agir en coulisse, pour préserver ses intérêts dans le pays, qui est notamment l’un de ses fournisseurs en uranium, nécessaire au bon fonctionnement de ses centrales nucléaires.
Paris serait d’ailleurs prêt à envoyer la CEDEAO en première ligne pour mener ses combats, l’institution restant "sous son diktat", expliquait récemment à Sputnik Hyacinthe Wendlarima Ouédraogo de l'Université Nazi Boni/Bobo au Burkina Faso. Cette intransigeance française sur la crise au Niger pourrait même abîmer ses relations avec d’autres pays du continent, comme l’Algérie, affirmait pour sa part l'universitaire Abd al-Rahmane ben Chrit.
L’idée d’une intervention militaire de la CEDEAO a déjà été repoussée par plusieurs pays de la région. Le Mali et le Burkina Faso ont fait savoir qu’une telle action serait perçue comme une "déclaration de guerre commune", se disant prêts à quitter l’institution en cas de déploiement de troupes.
L’Algérie s’est également dit opposée à une action armée de la CEDEAO, qui "ne ferait qu'exacerber la situation", avait souligné son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le Tchad a aussi annoncé qu’il ne n’interviendrait pas.
Au Niger même, certains sont fortement opposés à une intervention de la CEDEAO. Le président du Parlement, Seyni Oumarou, a ainsi tancé l’institution sur la direction prise, alors qu’elle est "censée œuvrer à la promotion de la paix et de la stabilité" dans la région. Outre une intervention armée, qui pourrait "mettre en péril de multiples vies humaines", le responsable s’est opposé à de possibles sanctions économiques, parlant de "mesures apocalyptiques" pour la population.
Le 4 août, le Président nigérian, Bola Tinubu, avait transmis à l’Assemblée nationale un plan de déploiement de troupes au Niger impliquant la CEDEAO. Il entendait demander "le retour du gouvernement" chassé par les putschistes.
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