"Les sanctions adressées à la Russie en réalité sont adressées à l'Afrique"
08:45 28.07.2023 (Mis à jour: 11:13 28.07.2023)
© Sputnik . Ekaterina Tchesnokova
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L'Afrique n'a reçu que 3% des céréales qui auraient dû être livrées aux pays nécessiteux en vertu de l'accord d'Istanbul, regrette un responsable de l’Association des engrais de l’Afrique de l’Ouest. C'est donc l'Afrique et non pas la Russie qui a été frappée par les sanctions antirusses, a-t-il indiqué à Sputnik Afrique.
Les sanctions occidentales imposées à Moscou, qui est un des plus grands producteurs d'engrais et de céréales, n'ont pas vraiment d'effets sur la Russie mais en ont beaucoup sur l'Afrique. C'est ce qu'a indiqué à Sputnik Afrique Malick Niang, membre du conseil d’administration de l’Association des engrais de l’Afrique de l’Ouest (WAFA) en charge de la Communication.
"Oui, moi, je pense déjà que ces sanctions-là, qui ont été adressées à la Russie, en réalité sont adressées à l'Afrique", a-t-il déclaréen marge du Sommet Russie-Afrique.
S'agissant de l'accord céréalier d'Istanbul, qui visait à "libérer" les céréales se trouvant "dans une zone en conflit", le responsable a rappelé que ce blé "n'arrive pas à l'Afrique".
"À peine 3% de tout ce qui a été libéré est arrivé en Afrique, alors que nous sommes un continent où nous avons presque deux milliards de personnes. Donc, à mon avis, ces sanctions-là, effectivement, nous ont beaucoup affectés", a-t-il réitéré.
"Mieux collaborer"
Selon Malick Niang, il faut "trouver une solution pacifique à ce problème-là", avec la participation de l'Onu et d'autres instances mondiales. Il faut "mieux collaborer", "et de façon plus directe", a-t-il estimé, en qualifiant la Russie de "partenaire historique".
"Il faut aller aussi vers un développement multipolaire de toutes les relations mondiales""et travailler avec tout le monde."
Pourquoi?
Pas un seul navire transportant des engrais russes n'a quitté les ports de Russie alors que l’accord céréalier était en vigueur. Même les engrais que Moscou est prêt à fournir gratuitement ont été bloqués dans les ports occidentaux.
"Pourquoi bloquer des produits qui sont destinés aux Africains, s'interroge M.Niang. Nous ne comprenons pas."
"Et c'est la raison pour laquelle nous venons ici [en Russie] pour comprendre directement ce qui se passe. […] Le vœu de la Russie c'est un partenariat gagnant-gagnant avec l'Afrique et nous sommes prêts aussi pour ça."
La dédollarisation? Personne n'est contre
Imaginant un autre format de livraisons, le responsable a estimé que "plus il y a de collaboration directe, mieux nous pouvons percevoir les résultats".
En outre, il a approuvé l'idée d'utiliser des monnaies nationales dans les règlements bilatéraux.
"Nous ne voyons aucun inconvénient aujourd'hui à commercer avec un partenaire avec n'importe quelle devise, que ce soit du rouble, du yuan, pourquoi pas?"