Russie et Afrique veulent refonder l'ordre mondial face à l’Occident, selon un responsable russe
23:03 28.05.2023 (Mis à jour: 23:43 28.05.2023)
© SputnikConférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou, le 20 mars 2023
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En affichant sa neutralité sur le conflit ukrainien l’Afrique prend fait et cause pour une conception du monde multipolaire, a déclaré Oleg Ozerov, ambassadeur itinérant russe. Le continent s’agace de plus en plus des logiques néocolonialistes promues par l’Occident.
De nombreux pays non alignés du Sud global, y compris en Afrique, ont maintenu leur neutralité dans le conflit en Ukraine. La Russie considère cette position comme une preuve supplémentaire de l’abandon de l'ordre unipolaire, a déclaré à Newsweek Oleg Ozerov, ambassadeur itinérant russe.
"L'approche générale bien équilibrée du Sud global dans le contexte de la confrontation de la Russie avec l'Occident confirme une fois de plus que la transition vers une telle architecture multipolaire est irréversible", a-t-il estimé.
Les pays d’Afrique, qui s’abstiennent régulièrement lors des votes de résolutions contre la Russie à l’Onu, sont conscients qu’un monde multipolaire est en train d’émerger via cette opération militaire spéciale, a souligné le responsable.
"Les Africains comprennent très bien que l'ancienne république soviétique est devenue une arène de confrontation entre les paradigmes du nouveau et de l'ancien monde, entre différentes visions de l'avenir, et pas seulement une querelle triviale entre voisins", a-t-il ainsi déclaré.
Cette bataille pour un nouvel ordre multipolaire trouve d’ailleurs un écho aux quatre coins de la planète. De l’Asie aux pays arabes, des voix se lèvent également en Amérique latinepour en finir avec l’hégémonie occidentale, a encore déclaré Oleg Ozerov.
Plus que des matières premières
Le rapprochement entre la Russie et certains pays africains s’explique aussi par un ras-le-bol de ces derniers, qui reprochent à l’Occident son attitude néocolonialiste. Européens et Américains ont tendance à voir l’Afrique comme un simple fournisseur des matières premières, a ainsi affirmé Oleg Ozerov. Alors que la Russie, pays lui-même très riche en ressources, cherche à "développer des partenariats égaux".
"L’approche néocoloniale des Américains et des Européens implique un schéma simple, selon lequel l'Afrique doit jouer le rôle de fournisseur de matières premières au +monde civilisé+ […] Malgré un intérêt pour certains minerais, la Russie ne considère pas les pays du continent comme une base de matières premières pour son économie", explique ainsi le diplomate.
Les pays africains sont aussi agacés par l’idéologie occidentale, qui veut à tout prix imposer ses valeurs au continent, quitte à briser les identités nationales et les traditions, a souligné Oleg Ozerov. La Russie a d’autant plus de facilité à travailler avec l’Afrique que l’Occident "se discrédite lui-même" sur la question des droits de l’Homme et d’autres valeurs.
"Il est clair pour la grande majorité des Africains que l'’idéologie universelle’ moderne est une sorte de produit d'exportation visant à briser l'ADN national, à éroder les traditions et à détruire l'institution de la famille", a poursuivi Ozerov.
Dans l’espoir de faire émerger un monde multipolaire et plus équitable, la Russie a décidé de renforcer ses liens avec certains partenaires. L’Afrique est en première ligne, comme l’Asie et l’Amérique du Sud, avait ainsi déclaré Vladimir Poutine fin mai.