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Afrique en marche
Et si l'Afrique prenait son envol dans le contexte du monde multipolaire naissant? C’est à ce débat que L’Afrique en marche aimerait prendre part.

Souveraineté médiatique: il est temps de "trouver une voix purement africaine", constate une experte

Souveraineté médiatique: il est temps de «trouver une voix purement africaine», constate une experte
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"L'Afrique a, pendant des décennies, subi une hégémonie d’un certain discours qui ne reflète pas forcément l'identité africaine", affirme à L’Afrique en marche Ryma Rouibi, experte algérienne en sciences de l'information. Selon elle, la souveraineté médiatique "devrait être au centre des préoccupations de tous les gouvernements africains".
"La chose la plus marquante de la 14e assemblée générale de l’Union africaine de radiodiffusion, qui s’est tenue du 16 au 20 mai dans la capitale nigériane Abuja, est la prise de conscience dans la majorité des pays que la numérisation du champs médiatique pose d’énormes défis aussi bien en matière technologique que de contenu médiatique", affirme à Radio Sputnik Afrique Ryma Rouibi, enseignante-chercheuse à l’École nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information d'Alger. Elle souligne "l’importance vitale d’un projet communicationnel authentiquement africain, qui promeut les intérêts du continent, la personnalité, la culture et l’art des Africains".
Dans le même sens, Mme Rouibi rappelle que l’Afrique "compte environ 859 millions d’internautes, constituant ainsi un énorme marché consommateur aussi bien de marchandises que d’informations fournies par une économie mondialisée. Ceci ne laisse guère le choix aux Africains que de prendre très au sérieux cet aspect, sous peine de demeurer captifs d’une mondialisation agressive au lieu de devenir sujets actifs de leur avenir. D’autant plus que les règles du jeu sont en train de changer rapidement, offrant la possibilité de travailler avec d’autres partenaires, comme la Russie et la Chine".
Outre l’aspect technologique, qui a sans doute toute son importance dans le projet communicationnel africain, la spécialiste attire néanmoins l’attention sur la nécessité de faire face à "la désinformation pratiquée par les grands médias mainstream au profit d’intérêts économiques et géopolitiques étrangers, notamment occidentaux, qui foulent au pied ceux des peuples et des pays africains". Dans ce sens, elle affirme: "nous ne pouvons que nous féliciter pour tous les projets lancés, notamment au Nigéria, en vue de former les journalistes à toutes ces thématiques".

Enfin, abordant la question de la souveraineté médiatique soulevée par le ministre algérien de la Communication, Mohamed Bouslimani, lors de son allocution lors de cette même assemblée générale, Ryma Rouibi estime que "ce point est d’une extrême importance et devrait être au centre des préoccupations de tous les gouvernements africains". L’experte rappelle que "l'Afrique, pendant des décennies, a subi une hégémonie d’un certain discours qui ne reflète pas forcément l'identité africaine". Aujourd’hui, selon elle, les dirigeants africains commencent à "réfléchir à comment établir une véritable stratégie de communication et trouver une stratégie de transmission des valeurs africaines au sein même de l'Afrique, c'est à dire trouver une voix purement africaine".

Ryma Rouibi indique que "depuis le début de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, en février 2022, les profonds bouleversements latents dans le domaine géopolitique et géostratégique se sont accélérés à une vitesse vertigineuse dans le sens d’un monde multipolaire et multilatéral. Cette situation offre à l’Afrique une grande chance pour avoir sa place dans le concert des Nations". Cependant, "les Africains sont tenus de développer un discours politique et médiatique à même de porter les besoins et les intérêts des populations, comme l’avait fait feu le Président algérien Houari Boumediene dans son discours du 10 avril 1974 à l’Onu, en défense d’un nouvel ordre économique mondial plus juste et plus équitable", ajoute-t-elle.
Et de conclure : "Les Africains ont besoin de partenaires médiatiques fiables, comme la Russie et la Chine, qui ont fait savoir leur disposition à accompagner l’Afrique aussi bien dans la formation de journalistes que dans la fourniture de moyens technologiques".
Retrouvez également dans cette émission des interviews exclusives avec les organisateurs et les participants de l’assemblée générale de l’Union africaine de radiodiffusion:
Mohamed Bouslimani, ministre algérien de la Communication
Grégoire Ndjaka, directeur général de l'Union africaine de radiodiffusion
Abdishakur Ali Ahmed, directeur de division des médias sociaux au ministère somalien de l’Information
Salihu Abdulhamid Dembos, directeur général de la Nigerian Television Authority
Mohamed Abdou Mhadjou, directeur général de l'Office radio et télévision des Comores
Abderrahmane Khodja, directeur du Centre d'échanges de contenus de l'Union africaine de radiodiffusion.
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