Un Algérien licencié après 29 ans de loyaux services pour une histoire de carte de séjour

© AP Photo / Christophe EnaLe bâtiment du groupe Renault à Boulogne-Billancourt
Le bâtiment du groupe Renault à Boulogne-Billancourt - Sputnik Afrique, 1920, 17.04.2023
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Un Algérien vivant en France depuis 50 ans et travaillant pour Renault depuis 29 ans a été licencié, car sa carte de séjour n’a pas été renouvelée, rapporte Europe 1.
Un limogeage qui interroge. Après 29 ans à travailler chez le constructeur automobile Renault, un Algérien a été licencié sans autre forme de procès, rapporte Europe 1. M’Hamed, père de famille de 53 ans, a été mis à la porte à cause d’une carte de séjour non renouvelée.
Plutôt fort de café, puisque l’ouvrier est arrivé en France lorsqu’il était enfant et y a vécu près de 50 ans. Son licenciement lui a été annoncé alors qu’il revenait au travail après 3 ans d’arrêt à cause de la crise sanitaire.
"En retournant au travail début mars on me dit: on vous licencie sans aucune contrepartie. J’ai reçu le choc de ma vie […]. J’ai éduqué mes filles grâce à Renault et on me convoque au bureau des ressources humaines pour me dire qu’ils ne peuvent pas me garder, car je ne dispose pas d’une carte de séjour", explique l’intéressé à Europe 1.
M’Hamed renouvelait en effet sa carte de séjour tous les dix ans, même si depuis quelques années il ne recevait plus que des récépissés, à son grand étonnement. Il explique n’avoir jamais voulu prendre la nationalité française pour rester fidèle à ses attaches algériennes et à son histoire familiale.
"Je leur ai répondu que moi je suis résident en France depuis 50 ans et que j’ai gardé ma nationalité algérienne parce que je suis élevé par un grand-père qui était un ancien du FLN et qu’il n’y avait pas de raison que je change de nationalité parce que j’étais bien", déclare M’Hamed à la radio française.

Bourbier judiciaire

Désormais au chômage et donc en situation irrégulière, M’Hamed se débat désormais sur tous les fronts pour obtenir justice. Côté travail, il doit lutter avec Renault pour ses droits, tout en tentant de faire régulariser sa situation auprès de la préfecture du Rhône. Un combat de longue haleine, qui nécessite plusieurs avocats, alors que le quinquagénaire n’a que peu de moyens.
"Je n’ai plus d’argent. J’ai vendu ma maison à cause de cette affaire. J’ai vécu grâce à Renault et je les remercie. La France m’a tout donné. Elle m’a éduqué, soigné et m’a fait travailler. Je n’en veux pas à la France, mais j’en veux seulement à ces responsables de Renault, lesquels au lieu de trouver une solution à mon problème décident de me licencier", déplore-t-il ainsi.
Le gouvernement français a dernièrement planché sur un projet de loi immigration, afin de lutter contre les arrivées clandestines, mais aussi de permettre aux "secteurs sous tension" de recruter plus facilement, grâce à un titre de séjour spécifique pour les personnes étrangères.
Mais l’opposition à la réforme des retraites semble avoir mis un coup d’arrêt à cette séquence. Le Président français Emmanuel Macron a en effet annoncé que l’examen du texte serait reporté à une date indéterminée et que le projet de loi serait coupé en plusieurs parties. Certaines personnalités de l’opposition, comme le président du Sénat Gérard Larcher, ont accusé le chef d’État de vouloir "saucissonner" le texte.
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