Un étudiant algérien conspué et insulté en France pour ses propos sur la réforme des retraites
15:45 29.03.2023 (Mis à jour: 15:50 29.03.2023)
© Sputnik . Maria BalarevaParis
© Sputnik . Maria Balareva
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Manifestant à Paris, un étudiant algérien s’est attiré une pluie de critiques et d’insultes de politiciens français, allant jusqu’à l’appel à son expulsion. Il a rappelé l’apport d’immigrés dans le développement de la France, alors que les ressortissants étrangers naturalisés seront les "premiers touchés" par cette réforme "raciste".
L'intervention d’un étudiant algérien Mehdi Zenda sur de nouvelles lois françaises, durant une manifestation à Paris, a engendré une avalanche de réactions sur Internet.
Appelant à "faire le lien entre la réforme des retraites et la loi immigration", le jeune homme a mentionné que nombre d’étrangers arrivés en France n’ont commencé à cotiser qu’à l’âge de 30 ans ou plus, et que par conséquent, ils partiront à la retraite beaucoup plus tard que ne le calcule la réforme.
Membre de Révolution permanente, Mehdi Zenda a qualifié la réforme des retraites de "loi raciste" en déclarant que les ressortissants étrangers seraient les "premiers touchés":
"Je fais un appel à tous les étudiants, à tous les étudiants étrangers. Il faut que l'on soit main dans la main contre cette loi. Nous, on n'est pas venus ici pour regarder la tour Eiffel qu’ont construite nos grands-parents, on n'est pas venus ici pour être fiers du métro que nos grands-parents aussi ont créé. On n'est pas ici par hasard", a-t-il commencé, le micro dans les mains.
Il a ensuite rappelé la participation de nombreux habitants d’anciennes colonies dans le développement de la France et des soldats immigrés à ses différents conflits à travers l’histoire:
"Ils sont venus nous chercher en Afrique. Quand il y a eu la guerre en Europe, c'étaient les tirailleurs marocains, c'étaient les tirailleurs sénégalais […], soldats algériens réquisitionnés", a lancé le jeune activiste.
Après tous ces efforts, "cela fait de la peine de voir nos parents, nos grands-parents crever au travail", a-t-il enfoncé le clou.
"Il faut faire le lien entre la réforme des retraites et la loi immigration ! Élargissons les revendications car les premiers touchés par ces réformes c'est nous les étrangers !" @mehdizenda étudiant étranger et militant au @poing_8 pic.twitter.com/5jsDf6fkUJ
— Révolution Permanente (@RevPermanente) March 25, 2023
Réactions
L’intervention a suscité plusieurs commentaires caustiques chez des politiques français.
Jean Messiha, polémiste français d’origine égyptienne, a proposé d’annuler le visa de l’étudiant. Pour lui, les déclarations du jeune homme sont "parfaitement condamnables et criminelles".
"La France accueille ce monsieur, l'instruit, lui paye ses études, l'aide probablement à travers tout un tas d'allocations. C'est comme ça qu'il la remercie? Je n'ai qu'une réponse: interruption de son visa d'étudiant et retour à l'expéditeur", a-t-il réagi sur CNews le 27 mars.
Les propos sur la participation d’étrangers à la construction de la tour Eiffel ont particulièrement été moqués par plusieurs hommes politiques français:
"Il oublie les cathédrales et les dolmens!", a ironisé sur Twitter le député européen Gilbert Collard, proche d’Éric Zemmour, à propos de la remarque de Mehdi sur le rôle d’immigrés dans la construction de la Tour Eiffel.
"Mehdi a oublié la contribution déterminante de ses ancêtres pour la construction de Notre-Dame de Paris, Vézelay, l’Arc de Triomphe et l’abbaye du Mont-Saint-Michel", a réagi Julien Odoul, député de Rassemblement national.
"Je vous présente Mehdi, qui vient faire ses études chez nous, pour nous vomir dessus en nous traitant de colons et nous expliquer que ses grands-parents ont construit la Tour Eiffel", a twitté Philippe Vardon, soutien d’Éric Zemmour.
Soutien
Face à cette vague de commentaires hostiles, d’autres personnalités lui ont apporté leur soutien.
L’avocate parisienne Elsa Marcel a évoqué une "incroyable offensive". Pour elle, les antagonistes de l’étudiant "sont terrifiés de cette jeunesse immigrée qui a le courage et la force de ceux qui se sont toujours battus".
"Soutien à Mehdi, étudiant, militant qui rappelle avec force que l’ordre économique, militaire, politique, idéologique de la France, en tant qu’ancienne puissance esclavagiste et coloniale, s’est fondé sur la violence, le sang. De ce passé nous refusons l’héritage", a réagi la sociologue Kaoutar Harchi.