"L’influence américaine en Afrique s’est un peu diluée", estime un économiste

© AP Photo / Alex BrandonSecretary of State Antony Blinken waves upon arrival at Queen Alia International Airport, Wednesday, May 26, 2021, in Amman, Jordan
Secretary of State Antony Blinken waves upon arrival at Queen Alia International Airport, Wednesday, May 26, 2021, in Amman, Jordan - Sputnik Afrique, 1920, 30.03.2023
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Les États-Unis perdent du terrain en Afrique, où leur engagement est peu à peu remplacé par celui de la Chine, qui pose moins de conditions à son soutien, explique à Sputnik l’économiste zimbabwéen Rugare Mukanganga.
Alors que la Zambie accueille actuellement le Sommet pour la démocratie, organisé notamment avec les États-Unis, Washington voit son influence contestée en Afrique. D’autres partenaires économiques, comme la Chine, ont noué des liens avec les pays du continent et sont prêts à leur fournir un appui financier, déclare ainsi à Sputnik Rugare Mukanganga, économiste chez Development Reimagined.
"Au fil des ans, l'influence américaine en Afrique s'est un peu diluée, la Chine ayant intensifié ses efforts d'engagement et fourni diverses formes de soutien avec des contraintes conditionnelles relativement plus faibles", souligne-t-il ainsi.
Pékin pose en effet moins de conditions en matière d’aide au développement, affirme Rugare Mukanganga. Alors que Washington est plus souvent enclin à réclamer des changements politiques, comme ont par exemple pu le constater l’Éthiopie, le Mali ou la Guinée, exclus des programmes de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) sur des considérations politiques.

"Je ne comprends pas pourquoi les gouvernements africains devraient s’atteler à un ensemble de réformes afin de recevoir une aide au développement. Pourquoi l'aide n'est-elle pas associée à des engagements commerciaux et d'investissement pour rendre la coopération entre les États-Unis et l'Afrique de l'Ouest plus saine et plus efficace?", s’interroge ainsi Rugare Mukanganga.

La promotion du système démocratique, à travers le sommet en Zambie, peut d’ailleurs être lue comme une volonté américaine de "réduire l’intérêt des pays africains" envers les États ne partageant pas cette vision, comme la Chine, ajoute l’économiste.

Où est l’intérêt des pays africains?

La lutte d’influence que mènent les États-Unis sur le continent africain éclipse d’ailleurs les besoins réels du continent, explique Rugare Mukanganga. Washington tente de "contrer" les partenariats russes et chinois mis en place en Afrique, mais il n’est pas dit qu’il puisse proposer mieux.
"En détournant l'Afrique de la Chine ou de la Russie, les États-Unis sont-ils prêts à combler le vide laissé en matière de besoins économiques ou sécuritaires? À quoi ressemblerait un succès américain et serait-il d’ailleurs considéré comme un succès par les pays africains? […] Qu’en est-il des intérêts de l’Afrique?", s’interroge ainsi l’économiste.
Alors que la vice-Présidente américaine a récemment promis 139 millions de dollars à l’Afrique de l’Ouest pour lutter contre le djihadisme, Rugare Mukanganga se dit par ailleurs "sceptique quant au niveau d’engagement financier" des États-Unis. Le coût croissant des emprunts, les débats autour du plafonnement de la dette américaine pourrait mener à un recul des engagements financiers internationaux, souligne-t-il.
Kamala Harris est actuellement en déplacement au Ghana. La vice-Présidente américaine a annoncé une aide de plus 100 millions de dollars pour les pays du Sahel, tout en niant que cela ait à voir avec l’implantation chinoise sur le continent.
C’est le cinquième haut responsable américain à se rendre en Afrique cette année. Le secrétaire d’État Antony Blinken avait notamment effectué une visite historique au Niger mi-mars.
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