"Les pays occidentaux craignent de perdre pied en Afrique", affirme un politologue sud-africain

© AP Photo / Tiksa NegeriAntony Blinken à Addis-Abeba
Antony Blinken à Addis-Abeba - Sputnik Afrique, 1920, 25.03.2023
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L’Occident redoute de perdre du terrain en Afrique face aux nouveaux géants économiques qui souhaitent investir sur le continent, explique à Sputnik le politologue sud-africain Ian Liebenberg.
Alors que la vice-Présidente américaine Kamala Harris a entamé une tournée au Ghana ce 26 mars, et que le roi Philippe de Belgique se trouve toujours en Afrique du Sud, les dirigeants occidentaux semblent enchaîner les déplacements sur le continent africain ces dernières semaines.
Des visites à répétition qui trahissent une peur de se voir dépasser par l’émergence de nouveaux partenaires, explique à Sputnik Ian Liebenberg, professeur de politique à l'Université de l'Université de Namibie.
"Les pays occidentaux craignent de perdre pied en Afrique. Surtout vis-à-vis de la Chine, de l'Inde et de la Russie. Ils s'inquiètent probablement aussi d'un partenariat plus étroit entre Pékin et Moscou. D’une manière générale, les géants économiques eurasiens et orientaux se rapprochent en matière de coopération économique, ce qui pourrait à long terme bouleverser le système financier mondial, le pouvoir économique se déplaçant d'ouest en est", explique-t-il ainsi.
La situation est rendue encore plus délicate par le recul de la France, puissance colonisatrice, qui voit peu à peu son "fief" s’effriter, dans des pays comme le Mali ou le Burkina Fasso. Le besoin d’une présence géostratégique en Afrique et la volonté de convaincre les pays du continent de prendre parti contre la Russie à l’Onu peuvent aussi expliquer ces "exercices de charme" auprès des pays africains, ajoute Ian Liebenberg.
Un constat partagé par Steven Gruzd, de l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA), qui explique à Sputnik qu’une "compétition pour les cœurs et les esprits" se joue désormais sur le continent africain.
"Je pense que l'Afrique est devenue une destination populaire parce qu'elle compte de nombreux pays, de nombreux votes aux Nations unies et qu'il y a beaucoup d'opportunités commerciales […] Je pense que la visite belge doit être considérée dans ce contexte", déclare-t-il ainsi.

Le souvenir de la colonisation

Le spectre de la colonisation continue néanmoins de planer autour de chaque déplacement occidental sur le continent, certains pays craignant le développement d’une forme de néo-colonialisme.
De douloureux souvenirs particulièrement prégnants dans le cas de la Belgique, auteure de crimes au Congo, même si le jeu de la diplomatie devrait permettre au roi Philippe d’être accueilli normalement en Afrique du Sud, souligne Steven Gruzd
"La Belgique a un héritage très controversé concernant le Congo. La colonisation belge a été particulièrement cruelle et beaucoup de richesses ont été extraites de l'Afrique vers la Belgique, ce qui a tendu les relations. C'est un facteur en arrière-plan […] Mais je pense que ces choses vont être mises de côté pour ne pas gêner la visite du roi et de sa délégation", déclare-t-il.
Les actions plus récentes menées par les Occidentaux sur le continent, notamment l’intervention en Libye en 2011, qui a mené à "renverser un État stable", projettent également une ombre sur leur relations avec l’Afrique, abonde Ian Liebenberg.
Outre Kamala Harris et le roi Philippe de Belgique, d’autres personnalités occidentales s’étaient rendues sur le continent ces derniers mois, comme le secrétaire d’État américain Antony Blinken et même la première dame Jill Biden.
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