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Un ex-ministre algérien: si Macron parle de la fin de la Françafrique, c'est qu’elle persiste

Un ex-ministre algérien: si Macron parle de la fin de la Françafrique, c'est qu’elle persiste
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Emmanuel Macron a déclaré que la France était désormais un "interlocuteur neutre" en Afrique. Ferhat Aït Ali, ex-ministre algérien de l’Industrie, estime au micro de L’Afrique en marche que l'insistance avec laquelle les Présidents français reviennent sur ce sujet sème le doute. Pour lui, les Africains doivent se tourner vers les BRICS.
"L'âge de la Françafrique est révolu" a déclaré Emmanuel Macron au Gabon, l’une des étapes de sa tournée en Afrique centrale. Il participait à un sommet sur la protection des forêts tropicales et en a ainsi profité, à l’instar de ses prédécesseurs, pour faire cette annonce qui n'est en réalité pas un scoop. Alors que le mot Françafrique sous-entend une attitude néocolonialiste, les deux prédécesseurs de Macron avaient déjà tenté de tourner cette page sombre de l’histoire. En effet, Nicolas Sarkozy avait avancé l’idée d’une "rupture" avec la Françafrique, alors que François Hollande avait quant à lui affirmé que "le temps de la Françafrique [était] révolu".
"Si ces affirmations répétitives des chefs d’État français ont un mérite, c’est certainement celui de reconnaître que la Françafrique a bel et bien existé et qu’elle continue à sévir dans les anciennes colonies françaises d’Afrique", affirme à Radio Sputnik Afrique Ferhat Aït Ali, ancien ministre algérien de l’Industrie, soulignant qu’"en général, on ne reprend pas avec une telle cadence ce qui n’existe pas d’une manière contemporaine".
Le mot "Françafrique" est apparu pour la première fois, au moins, en août 1945, mais il fait la Une des journaux depuis la parution en 1998 du livre de François-Xavier Verschave: La Françafrique. Le plus long scandale de la République. Une enquête qui, bien que contestée par certains, révèle au grand jour la politique néocoloniale de la France. Les activités de l’Hexagone en Afrique sont marquées par la confiscation des indépendances, de même que par le pillage des ressources naturelles et financières, notamment avec l’aide du système du franc CFA (pour "franc des Colonies Françaises d'Afrique") contrôlé par la Banque de France.

"Avec ces affirmations de la France officielle sur la fin ou au moins la volonté d’en finir avec ce débat, la logique aurait voulu que le premier Président français, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, qui s’est prononcé pour la fin de cette fameuse Françafrique aurait dû prendre les devants et régler ce problème pour ne pas encombrer ses successeurs", estime l’invité de L’Afrique en marche. Lequel ajoute: "Je doute fort de l’intention des gouvernants français d’y mettre fin".

Actuellement, beaucoup de pays africains veulent s’émanciper du système néocolonial et nouer des relations équilibrées avec les puissances qui contestent l’hégémonie occidentale comme la Russie, la Chine et le reste des BRICS. "Il faut sortir du diktat du dollar, de l’euro et du Franc CFA. Ce sont des monnaies imposées aux pays africains et qui les empêchent de s’émanciper financièrement et économiquement", précise Ferhat Aït Ali. Néanmoins, selon lui, "il faut toujours avoir à l’esprit une chose importante: on ne se départit pas d’une puissance dominatrice pour tomber naïvement ou hâtivement dans l’escarcelle d’une nouvelle puissance. Il faudrait se battre bec et ongles pour défendre les intérêts des peuples africains".
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