Paris "se limite à des déclarations" sur les violences en RDC, selon un militant des droits humains
© AFP 2024 JACQUES WITTLe Premier ministre de la RDC, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, rencontre le Président français à Kinshasa, le 4 mars 2023
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L’accueil houleux d’Emmanuel Macron lors de sa visite en République démocratique du Congo s’explique par sa discrétion sur les violences commises par les terroristes du M23, a affirmé à Sputnik Samuel Mukuna, du mouvement citoyen LUCHA.
Emmanuel Macron a eu droit à un déplacement mouvementé en République démocratique du Congo (RDC) ce 4 février. Le Président français a notamment été conspué par plusieurs mouvements citoyens, pour ses molles condamnations de la rébellion du M23 et du rôle trouble du Rwanda dans les régions frontalières.
Un juste retour de bâton, comme l’explique à Sputnik Samuel Mukuna, du mouvement citoyen LUCHA, qui a lui-même écrit une lettre ouverte au dirigeant français pour lui faire savoir qu’il n’était pas le bienvenu à Kinshasa.
"La réaction de la France sur les violences commises en RDC s'est jusqu’ici limitée à des condamnations verbales, non suivies d'actions. On ne peut accueillir chaleureusement quelqu'un qui se limite à de vaines déclarations au lieu de venir en aide et de frapper le Rwanda par des sanctions diplomatiques et économiques. C’était le sens de notre indignation", explique ainsi le militant.
Un assainissement des relations entre la France et la RDC ne pourra passer que par un retour à la stabilité dans la région des Grands Lacs, ajoute Samuel Mukuna. Paris doit par ailleurs cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures des pays africains et respecter leur souveraineté.
"Ce que nous attendons de la France, c'est la stabilisation de la région des Grands Lacs. Pour qu'il n'y ait plus des groupes terroristes, plus de groupes rebelles soutenus par Paris. Nous aimerions aussi qu’ils mettent fin à leur vision paternaliste, qu’ils laissent les pays africains décider de leur propre sort", explique-t-il ainsi à Sputnik.
Quand Macron dérape
La venue d’Emmanuel Macron en RDC a par ailleurs été marquée par une conférence de presse houleuse, durant laquelle le ton est monté entre lui et son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
Le Président français a ainsi affirmé que la RDC n’avait jamais été "capable de restaurer sa souveraineté" depuis 1994 et la Première guerre du Congo. Il a par la suite été recadré par Félix Tshisekedi, qui lui a demandé d’abandonner son "regard paternaliste" sur les affaires africaines.
#RDC « Depuis 1994, vous n’avez jamais été capable de restaurer la souveraineté ni militaire ni sécuritaire ni administrative de votre pays. C’est une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur », Macron aux congolais. ⤵️ pic.twitter.com/XvcdwJonyM
— POLITICO.CD (@politicocd) March 4, 2023
#RDC : Quand Félix Tshisekedi « recadre » Emmanuel Macron en pleine conférence de presse pic.twitter.com/OrwZsla2Xy
— 7SUR7.CD (@7sur7_cd) March 4, 2023
La sortie d’Emmanuel Macron est d’autant plus critiquable que la France a joué un rôle dans ces opérations de déstabilisation en RDC, estime Samuel Mukuna. Les propos du dirigeant ne pourront qu’alimenter davantage le sentiment anti-français déjà vivace dans le pays, précise-t-il.
"Emmanuel Macron a tenu des propos insultants vis à vis du peuple congolais. On ne peut laisser toute la responsabilité aux Congolais alors que la France et d'autres puissances internationales soutiennent nos ennemis depuis 1994. Le Congo a connu les atrocités, mais on ne peut ignorer le rôle majeur joué par la France dans la déstabilisation du Congo", explique ainsi le militant.