Sabotage des Nord Stream: "une solution de la question allemande" pour l’Occident?
© Photo Nord Stream 2Nord Stream 2
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L’Occident passe sous silence les récentes révélations d’un journaliste américain sur l’implication des États-Unis dans le sabotage des Nord Stream. Le chef de la diplomatie russe indique quelles en sont les raisons et quel pouvait être l’objectif des auteurs des explosions.
Les actes de sabotage organisés en juin 2022 sur les gazoducs Nord Stream ont permis à l’Occident de brider l’autonomie de l’Allemagne et de lui empêcher de jouer le rôle de principale puissance européenne, a déclaré, ce mercredi 15 février, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
"Les explosions sur les gazoducs étaient une solution finale de la question gazière allemande. Tout comme ils cherchent maintenant à régler la ‘question russe’, ils voulaient aussi régler la ‘question allemande’, pour que l’Allemagne n’essaie pas de jouer un rôle indépendant dans un avenir proche… C’est ainsi qu’ils n’ont pas permis à l’Allemagne de gagner en importance en tant que grande puissance européenne grâce, avant tout, aux produits énergétiques fiables et bon marché qui assuraient la croissance de l’économie allemande", a indiqué M.Lavrov devant des journalistes étrangers accrédités en Russie.
Médias muselés comme dans le monde de George Orwell
Les gouvernements occidentaux cherchent à passer sous silence les résultats de l’enquête récemment présentée par Seymour Hersh. Ce journaliste d’investigation américain, prix Pulitzer 1970, a estimé que Washington serait impliqué dans l’organisation du sabotage des Nord Stream 1 et 2.
"Nous voyons que les gouvernements occidentaux ont tendance à contrôler les médias, tout comme chez George Orwell. En voilà un exemple: regardez la réaction occidentale aux révélations très concrètes et basées sur de nombreuses preuves de Hersh, relatives aux explosions sur les Nord Stream 1 et 2", a déclaré Lavrov.
Si on accusait la Russie d’avoir, par exemple, sapé un gazoduc qui approvisionnerait le Canada et les États-Unis, les journalistes "n’auraient pas d’autre travail à faire" que d’en parler. Mais lorsque c’est Washington qui est impliqué dans un acte de sabotage, c’est tout à fait différent: "la réaction est nulle", note le ministre.
La plupart des grands médias américains et britanniques ont préféré ignorer l’enquête de Hersh. Une semaine après sa publication, il n’y a toujours aucun article à ce sujet dans le New York Times, le Washington Post, le Financial Times ou le Guardian.
Pourtant, l’enquête a été réalisée par "un journaliste réputé qui ne renonce pas à ses paroles" et confirme ses conclusions.
"Insolence"
Les pipelines Nord Stream 1 et 2 ont été endommagés dans les eaux territoriales suédoises et danoises. Stockholm et Copenhague ne répondent plus depuis septembre aux lettres du Premier ministre russe. Or, Mikhaïl Michoustine leur a proposé de discuter de cette affaire puisque les gazoducs Nord Stream appartiennent à une société russe, rappelle M.Lavrov.
"Je crois que cela relève de l’insolence. Mais cette insolence cache l’échec de leurs tentatives pour masquer l’implication de l’Occident dirigé par les États-Unis dans l’organisation de cet acte de sabotage, de cet attentat", a indiqué le ministre russe.
Implication de Washington dans les explosions en mer Baltique
Le 8 février, le journaliste Seymour Hersh a publié les résultats de son enquête sur le sabotage des Nord Stream en juin 2022. Selon lui, des plongeurs américains ont posé des explosifs sur les gazoducs au fond de la mer Baltique, "opérant sous le couvert d'un exercice de l'Otan largement médiatisé et connu sous le nom de BALTOPS 22".
Invités par le journaliste à commenter cette hypothèse, la Maison-Blanche et la CIA l’ont traitée de "pure fiction", et de "complètement et totalement fausse". Le Pentagone a, lui-aussi, déclaré à Sputnik que les États-Unis n’y étaient pour rien.
Sabotage des gazoducs Nord Stream
Une conduite du Nord Stream 1 et deux autres du Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique, ont été endommagées par plusieurs explosions le 26 septembre 2022. L’incident s’est produit dans les zones économiques exclusives de la Suède et du Danemark.
Les dégâts ont entraîné une fuite massive de gaz. Berlin, Copenhague et Stockholm n’excluent pas un acte de sabotage. Selon l’opérateur de Nord Stream 1, il est impossible d’évaluer la durée des travaux de réparation.
Vladimir Poutine a dénoncé un "acte de terrorisme international" et tient depuis les Anglo-Saxons responsables de ces actions "qui détruisent les infrastructures européennes".