Terrorisme au Sahel: ce que la Russie devrait faire pour éviter des erreurs françaises et US
18:33 29.12.2022 (Mis à jour: 13:30 11.01.2023)
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Moscou met en garde contre le risque de création d’un "califat" en Afrique en raison de la relocalisation de terroristes du Moyen-Orient. Interrogé par Sputnik, le directeur du centre d’études sécuritaires au Sahel a livré ses réflexions sur la sécurité sur ce continent et sur d’éventuelles aides de la Russie qui pourraient améliorer la situation.
Moscou pourrait aider directement les pays touchés par le terrorisme international mais à une condition, a affirmé Aly Tounkara, directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel.
Il a accordé une interview à Sputnik pour commenter le risque de restauration d’un "califat" en Afrique suite au renforcement des combattants du Moyen-Orient sur le continent, évoqué le 28 décembre par Moscou.
"Le rôle que pourrait jouer la Russie est tout du côté davantage les demandes qui vont être formulées par les pays partenaires", a avancé le spécialiste.
Eviter les erreurs de la France et des États-Unis
Une approche qui est censée éviter les erreurs "commises par la France, par les États-Unis au Sahel".
Celles-ci consistent notamment dans "le fait que les solutions toutes faites ont été proposées aux Sahéliens", a-t-il ajouté. La population peut se douter du faible effet des initiatives qui proviennent de l’extérieur, puisque la situation ne s’est pas améliorée dans la région malgré la présence de forces occidentales, a-t-il estimé.
D’où viennent les terroristes?
Selon M.Tounkara, "le retour vers l'Afrique de ces groupes [du Moyen-Orient] ne s’est pas forcément amplifié au courant de 2022" mais globalement depuis des années 2000.
Il s’agit de "certains groupes acculés en Afghanistan, en Palestine, en Syrie qui ont cherché à regagner plutôt le Sahel". Entre-temps, la majorité des terroristes présents dans le Sahel ne semblent pas venir de Syrie, de Palestine ou de l’Irak, poursuit-il.
Ce sont plutôt des pays voisins du Mali, comme par exemple, l’Algérie, le Maroc, la Libye et la Tunisie, a détaillé l’expert.
"Donc il faut dire qu’il n'y a pas une westernisation du terrorisme, ce sont des gens qui étaient avec les terroristes maliens depuis 2012, en 2015-16 au Burkina Faso et au Niger. Il n'y a pas la migration qu’on pensait de ces ex-combattants afghans ou syriens vers le Sahel. Mais ce sont plutôt ces acteurs de la sous-région qui ont toujours été au chevet des terroristes locaux qui sont Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali", a noté M.Tounkara.
Le Sahel, un terrain de rivalité et de changements géopolitiques
"Le Sahel est devenu un champ de compétition entre les puissances militaires au nom de la lutte contre les groupes radicaux violents", a tranché M.Tounkara.
En plus de cela, la situation s’aggrave par des processus internes qui varient d’un pays à l’autre. En 2022, la situation sécuritaire sur le continent africain a été marquée en 2022 par "les efforts des armées sahéliennes qui ont connu par moments ou par endroits des renforcements et d’interruptions".
Par exemple, le Mali a acheté beaucoup d’équipements militaires, mais a aussi réalisé un nombre d’incursions qui "ont permis de déloger certains groupes radicaux violents".
Cependant, le Mali, comme le Burkina Faso, ont subi des coups d’État, ce qui représente des facteurs déstabilisants:
"Les mois qui suivent ont été consacrés à comment se protéger d’abord contre d'autres coups d'État, comment maîtriser le fonctionnement de l'État".
En plus de cela, les changements de relations avec les partenaires des pays du Sahel ont également joué leur rôle. C’est "le cas du Mali et de la France". La France "constitue un exemple important en termes de rupture de logique sécuritaire", a précisé M.Tounkara.