Les raisons pour lesquelles le Mali suspend l’exportation de ses céréales
11:30 28.12.2022 (Mis à jour: 11:33 28.12.2022)
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Bamako suspend l’exportation de ses céréales en raison de difficultés d’approvisionnement. Selon un journaliste malien interrogé par Sputnik, cette décision vise à contenir les prix et à prévenir une pénurie associée à la diminution des récoltes en hiver. Plus globalement, l’Afrique fait face à un manque de céréales russes à cause des sanctions.
Le Mali a décidé de cesser provisoirement l’exportation de céréales pour éviter une éventuelle pénurie et pour juguler les prix, a estimé Moussa Naby Diakité, directeur de publication du journal L'Élite, dans une interview accordée à Sputnik.
Cette décision intervient alors qu’en hiver le volume des récoltes diminue et les prix augmentent.
En plus de cela, la période de Ramadan approche, période générant de la rareté non seulement pour les céréales, mais aussi les produits de première nécessité en général sur le marché. Ce qui favorise l’inflation, a expliqué le journaliste malien.
"Si par exemple nous maintenons tous les produits sur notre territoire, cela va faciliter la distribution sur tout le territoire et cela permettra au gouvernement de contrôler les prix des denrées alimentaires", a-t-il souligné.
Impacts des sanctions antirusses
Même si les restrictions occidentales contre la Russie n'affectent pas officiellement l'alimentaire, elles perturbent les chaînes logistiques et financières. Un facteur qui entraîne des difficultés d'approvisionnement, surtout pour les pays pauvres.
L’Afrique, qui importe beaucoup de blé russe et d’autres céréales, se trouve concernée:
"Le blé constitue l’alimentation africaine par excellence pour la production du pain que nous consommons le matin et le soir, et nous le ressentons quand il n’y en a plus et qu’il y a une augmentation du prix du pain", poursuit Moussa Naby Diakité.
Ce manque de denrées alimentaires fait s’envoler les prix, ce qui "joue fortement sur les ménages".
Afin de mettre un terme aux nombreuses pénuries, le continent doit résoudre le problème du manque de moyens agricoles:
"Les gouvernements africains sont en train de se tourner vers le développement agricole à travers des politiques de mécanisation, à travers des politiques de cultures d’envergure", a estimé le journaliste.
Ensuite, il est question de l’exportation de leurs meilleurs produits. Ce alors que les Africains se contentent d’importer "tout ce qui est de moindre qualité":
"Avec l’office du Niger, le Mali produit du riz de qualité et de l’engrais. Mais, vous voyez que ce riz se trouve généralement en France ou en Europe. Par contre nous consommons du riz long cassé et ce n’est pas de bonne qualité contrairement ce que nous produisons. Nous sommes en pénurie face à ce que nous produisons en grande quantité et de bonne qualité", a-t-il indiqué.
L’Afrique et les BRICS
Les BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud] comprennent pour l’heure un seul pays africain, mais pourraient bientôt s’élargir grâce à l’éventuelle adhésion de l’Algérie. Son Président a annoncé cette intention en novembre. Selon le journaliste, cette décision pourrait apporter des avantages non seulement au pays des fennecs mais aussi à ses alliés africains:
"Le Président algérien a raison et l’Algérie est en train de gagner de la place en s’ouvrant aux autres pays africains avec la route du désert qui va relier six pays comme le Mali, le Nigeria et le Niger. L’Algérie aujourd’hui étend sa puissance sur le plan agricole, pétrolier et militaire. Ils ont raison de le faire, car cela permet une indépendance totale", a noté M.Diakité.
En détail, la coopération avec les BRICS permettrait à l’Afrique de se développer et pallier le problème des "prêts énormes" demandés par les autres gouvernements. Cette organisation est un "rassemblement de grands, et il faudrait peut-être élargir à d'autres pays africains pour une coopération gagnant-gagnant et dans le respect des intérêts des uns et des autres", a-t-il avancé.
"La Russie, la Chine et l’Inde sont en train de gagner de plus en plus d’admirateurs, de sympathisants des problèmes politiques de libération, d’indépendance et de respect", conclut-il.