"Calomnie", "dénigrement": la radio RFI de plus en plus décriée en Afrique
16:59 06.12.2022 (Mis à jour: 09:37 07.12.2022)
© Photo Pixabay / arembowskiUn micro
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Radio France internationale a été suspendue au Burkina Faso. Relais de la France sur le continent africain, le média est de plus en plus contesté, expliquent à Sputnik deux journalistes maliens.
Le bras de fer entre les médias français et certains États africains continue. Après le Mali, qui avait suspendu RFI et France 24 en mars dernier, c’est au tour du Burkina Faso de couper le son à Radio France internationale (RFI). Le média français se voit reprocher d’avoir relayé un message d’intimidation d’un chef de groupe terroriste. Une suspension qui ne surprend pas outre-mesure en Afrique, tant RFI y a mauvaise presse, comme l’explique à Sputnik le journaliste malien Moulaye Haïdara.
"RFI joue sur sa présence et sa rapidité pour manipuler l'opinion nationale et internationale en relayant des informations édictées par la France. Ces informations sont traitées de façon à mettre l'intérêt des États et des peuples en porte à faux entre eux, dans le seul dessein de déstabiliser ces États et de permettre à la France d'intervenir et donc de continuer à coloniser les pays africains", déclare-t-il.
Le média ne fait que "critiquer et saboter" le combat contre le terrorisme mené par le Mali et le Burkina, ce qui explique en partie sa suspension, ajoute Moulaye Haïdara. Le journaliste souligne cependant que les médias traditionnels occidentaux ont moins de poids aujourd’hui, les réseaux sociaux venant contrebalancer leur discours. "La population représente une barrière", résume-t-il.
Pas de leçons à recevoir de l’Occident
Au Mali, RFI avait perdu ses antennes après avoir accusé l’armée malienne d’exactions contre les civils. Des campagnes de "dénigrement", selon le journaliste malien Abdoulaye Bah, qui reproche au média français d’avoir une dent contre les forces maliennes et leurs alliés.
"RFI a repris sa campagne de calomnie et de dénigrement contre le Mali. Depuis que les forces maliennes ont remporté des victoires décisives sur les terroristes, David Bâché et Serge Daniel [des journalistes de RFI, ndlr] ont repris du service pour organiser des témoignages bidons qui dénigrent les Russes, en disant que ce sont les Russes de [la société de sécurité privée] Wagner qui torturent les terroristes", déplore-t-il.
Un comble, quand on se souvient des séances de tortures organisées par les États-Unis à Guantanamo, ou par Paris durant la guerre d’Algérie, ironise encore le journaliste. En matière de crimes de guerre, le Mali "ne peut pas recevoir de leçon de la France", au regard de son histoire coloniale, conclut-il.
Mi-novembre, une autre polémique avait éclaboussé le journal français Libération, accusé par Bamako d’avoir colporté de fausses informations sur un attentat présumé au palais présidentiel.
Blocage de Sputnik dans l’UE
Les deux journalistes évoquent par ailleurs le blocage de Sputnik dans l'UE. L’agence a été bannie en mars, tout juste après le début de l’opération militaire en Ukraine.
Une interdiction relevant d’une guerre de la communication qui "est une réalité bien plus importante que les armes", note Moulaye Haïdara.
En plus de cela, il s’agit aussi d’une certaine compétition, selon lui:
"On connaît la façon dont les médias occidentaux traitent l'information ou l'actualité. Pour capter plus l'attention, ils se débarrassent de la concurrence".