"La France est venue avec l’espoir d’obtenir plus d’aide algérienne au Sahel"

Alger - Sputnik Afrique, 1920, 26.08.2022
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Alors que le dernier soldat français a quitté le Mali, le Sahel est l’un des sujets prioritaires de la visite de Macron en Algérie, estime au micro de Sputnik Akram Kharief, expert en sécurité et en défense. Or, "l’Algérie a son propre agenda", et pas mal de divergences avec Paris.
"Une liste de demandes" et "l’espoir d’obtenir plus d’aide algérienne" au Sahel, c’est le bagage avec lequel Emmanuel Macron est en déplacement officiel en Algérie depuis jeudi 25 août, selon Akram Kharief, expert en sécurité et en Défense, fondateur et animateur du site d'information militaire Menadefense.
Il a expliqué à Sputnik que le contexte ne semble pas simple ni facile pour la partie française. D’autant plus que cette visite a lieu dix jours après que le dernier soldat français a quitté le Mali, où la France a été engagée depuis neuf ans.
"La visite de Macron se fait dans une atmosphère assez tendue. Le Président français est venu en Algérie avec une liste de demandes et avec très peu de choses à offrir en contrepartie", explique M. Kharief.
Elle est marquée par la courtoisie, mais manque de chaleur, souligne l’interlocuteur de Sputnik, évoquant nombre de tensions qui ont émaillées les relations entre la France et l’Algérie dernièrement et ont laissé des traces.
"Cette visite survient après beaucoup de tensions entre les deux pays concernant la mémoire, sur les propos et déclarations du Président Macron l’année dernière sur l’absence d’histoire de l’Algérie avant la colonisation française. Elle vient aussi en pleine crise du gaz, en pleine guerre en Ukraine et une année après le retrait de la France de l’opération Barkhane du Mali. […] Il [le Président français] a été reçu avec courtoisie mais avec très peu de chaleur de la part des Algériens", énumère Akram Kharief.
Il a en outre évoqué l’incident du grand rabbin de France "dont la présence n’était pas désirée à la fois par les autorités algériennes et aussi par le peuple algérien, et dont la présence était jugée totalement inutile dans ce genre de visite officielle".

La France doit s’adapter dans le dossier du Sahel

En ce qui concerne la question du Sahel, la France est "venue avec l’espoir d’obtenir plus d’aide algérienne". Pourtant Macron a "peu de choses à offrir", précise l’interlocuteur de Sputnik.
D’après lui, il s’agit notamment d’"une plus grande collaboration avec l’armée algérienne concernant le Mali, mais surtout concernant le Niger, où [la France] déploie des troupes aujourd’hui".
"Là aussi l’Algérie a son propre agenda avant tout politique, de développement pour le Sahel et qui comporte une partie de coopération militaire, donc à la France de s’adapter à l’agenda et aux exigences algériennes. L’Algérie étant seule face à ce phénomène aujourd’hui dans la région", conclut Akram Kharief.

"Macron est ici pour gagner du temps"

Pour Akram Kharief, "l’Algérie aujourd’hui attend des gestes réellement concrets". Toutefois "jusque-là très peu de choses ont été faites pour le compte des Algériens". "Macron est ici pour gagner du temps", assure-t-il.
"On a vu qu’il n’y a eu jusque-là que de très peu de choses qui ont été faites pour le compte des Algériens, le travail mémoriel fait par la commission Stora en France est plutôt centré sur les questions franco-françaises. L’Algérie aujourd’hui attend des gestes réellement concrets, une repentance, des excuses, des explications, des engagements forts, par exemple la décontamination des sites nucléaires et chimiques dans le sud algérien, des réparations morales et financières. Il faut pas oublier qu’un million et demi d’Algériens ont péri", détaille l’expert.

Les visas, "un jeu trouble de la France"

Abordant le sujet des visas, le fondateur et animateur du site d'information militaire Menadefense pense que "la France est en train de jouer un jeu trouble avec trois pays du Maghreb".
"L’Algérie, où elle a réduit le nombre des visas et alourdi les procédures… Que ce soit à Rabat, à Tunis ou à Alger, il est très difficile d’obtenir un rendez-vous et d’obtenir un visa; les délais de délivrance sont totalement injustifiés", explique-t-il au micro de Sputnik.
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