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L’intervention dans le Donbass "ouvre une nouvelle plage possible de négociations"
L’intervention dans le Donbass "ouvre une nouvelle plage possible de négociations"
Sputnik Afrique
La Russie a reconnu les régions séparatistes d’Ukraine. Les Occidentaux fulminent, accusant Moscou d’avoir déchiré les accords de Minsk. Des accords qui, comme... 22.02.2022, Sputnik Afrique
2022-02-22T19:55+0100
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reconnaissance des républiques populaires de donetsk et lougansk
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Les Républiques populaires autoproclamées de Lougansk et de Donetsk ont finalement été reconnues par la Russie. Le 21 février, sur fond d’escalade de la violence dans le Donbass, Vladimir Poutine a signé les décrets reconnaissant les deux entités. Dans la foulée, et en vertu des clauses de ces mêmes décrets, l’armée russe pourra y garantir "le maintien de la paix".Cette décision n’a pas manqué de provoquer la colère des chancelleries occidentales, Washington promettant d’appliquer de nouvelles sanctions contre Moscou dès ce mardi 22 février. Spécialiste du monde postsoviétique et de la Russie, Pierre Lorrain revient pour Sputnik sur la tournure des évènements, des doubles standards des Occidentaux à ces sept années où jamais l’Ukraine ne s’est conformée aux accords de Minsk II.Sputnik: Reconnaissant les républiques jusque-là autoproclamées de Lougansk et Donetsk, Vladimir Poutine a ouvert la voie à une intervention de l’armée russe dans ces territoires. Washington y voit "le début d’une invasion". Vrai ou faux?Pierre Lorrain: "Non, il s’agit d’une mise en sécurité des populations du Donbass. D’après la Russie, les bombardements par les Ukrainiens des zones peuplées ont été particulièrement intenses ces derniers temps. La reconnaissance de la souveraineté des Républiques de Donetsk et de Lougansk permet de conclure un accord d’amitié et de coopération avec un volet consacré à la défense. Pour la Russie, il s’agit de placer des troupes dans ces territoires afin de dissuader l’Ukraine de poursuivre ses attaques.Pas d’invasion, "une mise en sécurité des civils"C’est ce qui s’était passé en Géorgie en 2008, lorsque la Russie avait reconnu l’indépendance des Républiques d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui étaient sous la menace de la Géorgie, et depuis cette époque, il n’y a plus eu de problème d’attaque ni d’escarmouche. Il faut dire également que la Géorgie a beaucoup évoluée depuis cette époque, ce qui pour le moment, n’est pas le cas de l’Ukraine."Sputnik: Vladimir Poutine semble prendre tout le monde de court. Qu’est ce qui l’a poussé à agir ainsi, qu’a-t-il à gagner avec une telle manœuvre?Pierre Lorrain: "Je dirais plutôt “qu’est-ce que les Occidentaux on à perdre d’avoir agi comme ils l’ont fait pendant des mois”, c’est-à-dire en donnant une fin de non-recevoir aux demandes russes?Les Russes, pendant des années, ont essayé d’avancer sur le dossier de la sécurité en Europe, de leur sécurité, ils n’ont pas été écoutés. Depuis quelques mois, ils ont pensé qu’ils pouvaient attirer l’attention des Occidentaux –et particulièrement des Américains– en déployant leurs forces dans la partie occidentale de leur pays. Cela n’a servi à rien, car la rhétorique antirusse se poursuit et surtout celle-ci s’est complétée ces derniers temps par un refus très net de l’Ukraine de continuer à envisager l’application des accords de Minsk.Car en fait, l’Ukraine ne veut pas appliquer les accords de Minsk II. Lors de sa rencontre à Kiev avec le Président Zelensky, au début du mois, le Président Macron venait avec un plan pour relancer le processus de Normandie entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine. Il s’était entendu avec le Président Poutine sur des propositions qui pouvaient être acceptables par Kiev."L’Ukraine ne veut pas appliquer les accords de Minsk"Le Président Zelensky a refusé, ce qui a poussé la Russie à passer au stade supérieur. Puisque les accords de Minsk ne sont pas appliqués par les Ukrainiens, les accords de Minsk ne seront pas non plus appliqués par les Russes.En 2015, les Russes avaient dissuadé Donetsk et Lougansk de proclamer leur indépendance, et qu’ils ne demandent que leur autonomie. Mais cette autonomie, depuis sept ans, est refusée par Kiev et donc aujourd’hui, je crois que la patience de la Russie est à bout."Sputnik: quels sont les risques pour le Président russe?Pierre Lorrain: "Difficile à prévoir. On ne sait pas quelles peuvent être les réactions occidentales. Ce qui est certain, c’est qu’elles vont se cantonner au domaine des sanctions. Or, il est difficile de sanctionner encore plus la Russie. Interdire à des proches de Vladimir Poutine de voyager? Geler leurs avoirs en Occident? Cela a déjà été fait."De nouvelles sanctions? Ce n’est clairement pas dissuasif!"Il est très difficile de trouver de nouvelles formules de sanctions, à part rompre les relations diplomatiques, auquel cas ce ne serait pas les Russes qui auraient le plus à perdre. En ce qui concerne les relations avec l’Europe, il y a une interdépendance qui est tellement forte que si des sanctions sont prises, ce seraient plutôt les Européens qui en seraient les victimes que des Russes, qui ont appris à se passer de la collaboration des Occidentaux, en particulier dans les secteurs importants que son l’énergie et le bancaire. De nouvelles sanctions contre la Russie? ce n’est clairement pas dissuasif!"Sputnik: Cette tournure des évènements permettra-t-elle de résoudre la situation dans l’Est de l’Ukraine?Pierre Lorrain: "Cela ouvre en tout cas une nouvelle plage possible de négociations. Il est tout à fait probable que les Ukrainiens se disent qu’ils ont peut-être mal joué, en pensant que la pression américaine serait suffisante pour dissuader la Russie de faire ce qu’elle a fait hier.Il est possible que l’on revienne à un nouveau round de négociations, qui ne serait plus au format Normandie, où l’on prendrait les principes des accords de Minsk en demandant aux nouvelles Républiques de revenir dans le giron ukrainien de manière à préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine."Qu’on ne se parle plus ne changera pas grand-chose!"Il y a une possibilité pour que la situation avec l’Ukraine reprenne une voie plus diplomatique. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’avec les pays occidentaux, il est clair que la Russie n’est plus disposée à temporiser. Soit il y a des discussions qui sont réellement ouvertes sur les grands problèmes de sécurité européens, plus largement de sécurité planétaire –avec en particulier les accords sur le contrôle des armements stratégiques– ou bien on entrera dans une période où l’on ne se parlera pas. Mais il n’y aura pas de différence avec la période précédente, puisqu’on se parlait sans se comprendre. Qu’on ne se parle plus ne changera pas grand-chose!"Sputnik: De la même manière qu’ils refusent à la Russie le droit de se soucier de sa sécurité, les Occidentaux refusent l’idée que des populations russophones puissent disposer d’elles-mêmes, pourquoi?Pierre Lorrain: "C’est très simple: il y a des autodéterminations qui sont sympathiques et audibles pour les Occidentaux, ce sont celles qui vont dans leur sens, celles-ci sont encouragées. C’est le cas du Kosovo. On a reconnu son indépendance, alors qu’il n’y a eu aucun référendum, c’est juste le Parlement des institutions provisoires du Kosovo qui a décidé qu’il devenait indépendant de la Serbie.Les pays occidentaux, à quelques exceptions près, ont reconnu cette indépendance. Pourquoi? Pour punir la Serbie, qui voulait conserver son intégrité territoriale. Ce faisant, les Occidentaux ont rompu le principe d’intangibilité des frontières européennes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, demander à la Russie de respecter ce principe qui a été foulé aux pieds par les Occidentaux eux-mêmes, c’est du deux poids, deux mesures."
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Les Républiques populaires autoproclamées de Lougansk et de Donetsk ont finalement été reconnues par la Russie. Le 21 février, sur fond d’escalade de la violence dans le Donbass, Vladimir Poutine a signé
les décrets reconnaissant les deux entités. Dans la foulée, et en vertu des clauses de ces mêmes décrets, l’armée russe pourra y garantir "
le maintien de la paix".
Cette décision n’a pas manqué de provoquer la colère des chancelleries occidentales, Washington promettant d’appliquer de nouvelles sanctions contre Moscou dès ce mardi 22 février. Spécialiste du monde postsoviétique et de la Russie, Pierre Lorrain revient pour Sputnik sur la tournure des évènements, des doubles standards des Occidentaux à ces sept années où jamais l’Ukraine ne s’est conformée aux accords de Minsk II.
Sputnik: Reconnaissant les républiques jusque-là autoproclamées de Lougansk et Donetsk, Vladimir Poutine a ouvert la voie à une intervention de l’armée russe dans ces territoires. Washington y voit "le début d’une invasion". Vrai ou faux? Pierre Lorrain: "Non, il s’agit d’une mise en sécurité des populations du Donbass. D’après la Russie, les bombardements par les Ukrainiens des zones peuplées ont été particulièrement intenses ces derniers temps. La reconnaissance de la souveraineté des Républiques de Donetsk et de Lougansk permet de conclure un accord d’amitié et de coopération avec un volet consacré à la défense. Pour la Russie, il s’agit de placer des troupes dans ces territoires afin de dissuader l’Ukraine de poursuivre ses attaques.
Pas d’invasion, "une mise en sécurité des civils"
C’est ce qui s’était passé en Géorgie en 2008, lorsque la Russie avait reconnu l’indépendance des Républiques d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, qui étaient sous la menace de la Géorgie, et depuis cette époque, il n’y a plus eu de problème d’attaque ni d’escarmouche. Il faut dire également que la Géorgie a beaucoup évoluée depuis cette époque, ce qui pour le moment, n’est pas le cas de l’Ukraine."
Sputnik: Vladimir Poutine semble prendre tout le monde de court. Qu’est ce qui l’a poussé à agir ainsi, qu’a-t-il à gagner avec une telle manœuvre?
Pierre Lorrain: "Je dirais plutôt “qu’est-ce que les Occidentaux on à perdre d’avoir agi comme ils l’ont fait pendant des mois”, c’est-à-dire en donnant une fin de non-recevoir aux demandes russes?
Les Russes, pendant des années, ont essayé d’avancer sur le dossier de la sécurité en Europe, de leur sécurité, ils n’ont pas été écoutés. Depuis quelques mois, ils ont pensé qu’ils pouvaient attirer l’attention des Occidentaux –et particulièrement des Américains– en déployant leurs forces dans la partie occidentale de leur pays. Cela n’a servi à rien, car la rhétorique antirusse se poursuit et surtout celle-ci s’est complétée ces derniers temps par un refus très net de l’Ukraine de continuer à envisager l’application des accords de Minsk.
Car en fait, l’Ukraine ne veut pas appliquer les accords de Minsk II. Lors de sa rencontre à Kiev avec le Président Zelensky, au début du mois, le Président Macron venait avec un plan pour relancer le processus de Normandie entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine. Il s’était entendu avec le Président Poutine sur des propositions qui pouvaient être acceptables par Kiev.
"L’Ukraine ne veut pas appliquer les accords de Minsk"
Le Président Zelensky a refusé, ce qui a poussé la Russie à passer au stade supérieur. Puisque les accords de Minsk ne sont pas appliqués par les Ukrainiens, les accords de Minsk ne seront pas non plus appliqués par les Russes.
En 2015, les Russes avaient dissuadé Donetsk et Lougansk de proclamer leur indépendance, et qu’ils ne demandent que leur autonomie. Mais cette autonomie, depuis sept ans, est refusée par Kiev et donc aujourd’hui, je crois que la patience de la Russie est à bout."
Sputnik: quels sont les risques pour le Président russe?
Pierre Lorrain: "Difficile à prévoir. On ne sait pas quelles peuvent être les réactions occidentales. Ce qui est certain, c’est qu’elles vont se cantonner au domaine des sanctions. Or, il est difficile de sanctionner encore plus la Russie. Interdire à des proches de Vladimir Poutine de voyager? Geler leurs avoirs en Occident? Cela a déjà été fait.
"De nouvelles sanctions? Ce n’est clairement pas dissuasif!"
Il est très difficile de trouver de nouvelles formules de sanctions, à part rompre les relations diplomatiques, auquel cas ce ne serait pas les Russes qui auraient le plus à perdre. En ce qui concerne les relations avec l’Europe, il y a une interdépendance qui est tellement forte que si des sanctions sont prises, ce seraient plutôt les Européens qui en seraient les victimes que des Russes, qui ont appris à se passer de la collaboration des Occidentaux, en particulier dans les secteurs importants que son l’énergie et le bancaire. De nouvelles sanctions contre la Russie? ce n’est clairement pas dissuasif!"
Sputnik: Cette tournure des évènements permettra-t-elle de résoudre la situation dans l’Est de l’Ukraine?
Pierre Lorrain: "Cela ouvre en tout cas une nouvelle plage possible de négociations. Il est tout à fait probable que les Ukrainiens se disent qu’ils ont peut-être mal joué, en pensant que la pression américaine serait suffisante pour dissuader la Russie de faire ce qu’elle a fait hier.
Il est possible que l’on revienne à un nouveau round de négociations, qui ne serait plus au format Normandie, où l’on prendrait les principes des accords de Minsk en demandant aux nouvelles Républiques de revenir dans le giron ukrainien de manière à préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
"Qu’on ne se parle plus ne changera pas grand-chose!"
Il y a une possibilité pour que la situation avec l’Ukraine reprenne une voie plus diplomatique. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’avec les pays occidentaux, il est clair que la Russie n’est plus disposée à temporiser. Soit il y a des discussions qui sont réellement ouvertes sur les grands problèmes de sécurité européens, plus largement de sécurité planétaire –avec en particulier les accords sur le contrôle des armements stratégiques– ou bien on entrera dans une période où l’on ne se parlera pas. Mais il n’y aura pas de différence avec la période précédente, puisqu’on se parlait sans se comprendre. Qu’on ne se parle plus ne changera pas grand-chose!"
Sputnik: De la même manière qu’ils refusent à la Russie le droit de se soucier de sa sécurité, les Occidentaux refusent l’idée que des populations russophones puissent disposer d’elles-mêmes, pourquoi?
Pierre Lorrain: "C’est très simple: il y a des autodéterminations qui sont sympathiques et audibles pour les Occidentaux, ce sont celles qui vont dans leur sens, celles-ci sont encouragées. C’est le cas du Kosovo. On a reconnu son indépendance, alors qu’il n’y a eu aucun référendum, c’est juste le Parlement des institutions provisoires du Kosovo qui a décidé qu’il devenait indépendant de la Serbie.
Les pays occidentaux, à quelques exceptions près, ont reconnu cette indépendance. Pourquoi? Pour punir la Serbie, qui voulait conserver son intégrité territoriale. Ce faisant, les Occidentaux ont rompu le principe d’intangibilité des frontières européennes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, demander à la Russie de respecter ce principe qui a été foulé aux pieds par les Occidentaux eux-mêmes, c’est du deux poids, deux mesures."