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Donbass: "Ça fait des années qu’on demandait la reconnaissance de Moscou"
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Sputnik Afrique
Vladimir Poutine signe des "accords d'amitié et d'entraide" avec les Républiques du Donbass. Une journaliste française indépendante basée sur place salue "une... 21.02.2022, Sputnik Afrique
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Tard dans la soirée du 21 février, à l’issue d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine a signé la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Christelle Néant, fondatrice de Donbass Insider, un média indépendant basé à Donetsk, témoigne des premières réactions de la population et se projette dans l’avenir proche.Sputnik: Quelle est la réaction des habitants sur place, dans le Donbass?Christelle Néant:"Les gens sont heureux, ils ont attendu beaucoup. Je ne suis pas au centre de Donetsk. J’ai vu comme tout le monde, les streams où les gens étaient réunis sur la place Lénine à voir le discours de Poutine. Et je pense que maintenant ils ont déjà sorti le champagne. J’ai vu des photos d’amis sur Facebook qui avaient déjà une bouteille et un verre à la main."Sputnik: Avez-vous été préparés à cela?Christelle Néant:"On ne s’y attendait pas du tout. Le week-end était très mouvementé. Ce matin, j’ai été sur les lieux qui ont été bombardés durant la nuit. Suite au bombardement par l’armée ukrainienne, un civil est mort dans la République populaire de Donetsk, alors qu’il partait au travail. Deux écoles ont été endommagées. La journée partait très mal et la semaine commençait mal. Et là, ces nouvelles extraordinaires: une réunion du Conseil de sécurité russe dans l’après-midi, puis une attente qui se prolongeait, se prolongeait… jusqu’au dénouement final. Il y a beaucoup d’émotions positives. Ça fait des années qu’on demandait au moins la reconnaissance de Moscou. C’est une étape très importante."Sputnik: Qu’est-ce que cet événement va changer pour ces territoires?Christelle Néant: "Je pense que ça va changer énormément de choses. En plus de la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Poutine vient de signer les accords d'amitié et d'entraide avec les deux Républiques. Cela veut dire qu’en cas d’agression militaire, la Russie interviendrait. L’armée ukrainienne face aux milices populaires pouvait penser qu’il y a une chance, mais face à l’armée russe – ça serait une toute autre histoire. Contrairement à ce que l’Ukraine peut raconter, depuis huit ans elle n’est pas en guerre contre l’armée russe, mais contre les milices populaires."Sputnik: Demain, on attend la ratification de cet accord par la Douma russe. Attendez-vous des précisions sur son contenu?Christelle Néant: "Ce qui m’intéresse beaucoup, et je n’ai pas vu encore d’information: dans quelles frontières seront reconnues les République populaire de Donetsk et République populaire de Lougansk. Sont-elles reconnues dans les frontières actuelles temporaires fixées par la ligne de front? Ou dans les frontières inscrits dans leurs Constitutions respectives qui correspondent aux limites des anciennes régions de Lougansk et de Donetsk. C’est une question importante et on le saura quand les documents seront publiés. C’est important de savoir ce que vont advenir ces territoires qui ont voté par référendum en 2014 pour sortir de l’Ukraine et restent depuis huit ans sous contrôle du pays qu’ils ont demandé de quitter. C’est important de savoir: si à un moment donné il y aura la ‘libération’ de ces territoires ou pas."Sputnik: Pour vous, la décision du président Poutine est-elle une garantie de paix?Christelle Néant:"Je pense qu’à terme ça mènera à la paix. Comme on le voit en Crimée, l’Ukraine n’a pas tenté jusqu’ici de reprendre la Crimée de force. Ils ont bien conscience des différences de niveau entre les deux armées. On va voir quelle sera la réaction. Est-ce que l’Ukraine va camper sur ses positions? Il va falloir voir comment l’acte de reconnaissance lui-même sera rédigé."Sputnik: On a assisté depuis quelque temps à une escalade de présence de militaires de l’Otan en Ukraine et à un emballement médiatique antirusse. Cela a-t-il fragilisé la situation dans le Donbass?Christelle Néant:"En huit ans, la situation n’a fait que pourrir. La Russie a voulu donner une chance à la diplomatie jusqu’au bout. Entre autres, aux accords de Minsk. Mais on voit que la réaction des Occidentaux est de plus en plus hystérique. Il suffit de voir cette hystérie médiatique autour de la ‘future invasion russe de l’Ukraine’. Elle n’avait aucun sens, puisque les exercices qui étaient menées [cette fois-ci], sont menés [traditionnellement] tous les trois ou quatre mois. Il n’y avait rien d’extraordinaire qui justifie une réaction pareille. Les puissances occidentales qui se portaient garants des accords de Minsk fermaient tout simplement les yeux sur le fait que l’Ukraine ne respectait pas lesdits accords. Que les déclarations ukrainiennes consistaient à ne pas accepter les accords de Minsk (signés par Kiev d’ailleurs), suite aux "conditions qui ne leur convenaient pas". On voyait de plus en plus cette espèce de gouffre entre une réalité alternative qui était beaucoup dépeinte par les gens comme Emmanuel Macron qui parlait des "avancées sur les accords de Minsk",alors qu’il n’en avait pas du tout, et la réalité.En huit ans, ce gouffre ne faisait que se creuser. La Russie voulait laisser une chance au dialogue et à la diplomatie. Malheureusement, ça a échoué."
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Donbass: "Ça fait des années qu’on demandait la reconnaissance de Moscou"
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Vladimir Poutine signe des "accords d'amitié et d'entraide" avec les Républiques du Donbass. Une journaliste française indépendante basée sur place salue "une étape importante".
Tard dans la soirée du 21 février, à l’issue d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine a signé la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Christelle Néant, fondatrice de Donbass Insider, un média indépendant basé à Donetsk, témoigne des premières réactions de la population et se projette dans l’avenir proche.
Sputnik: Quelle est la réaction des habitants sur place, dans le Donbass?
Christelle Néant:"Les gens sont heureux, ils ont attendu beaucoup. Je ne suis pas au centre de Donetsk. J’ai vu comme tout le monde, les streams où les gens étaient réunis sur la place Lénine à voir le discours de Poutine. Et je pense que maintenant ils ont déjà sorti le champagne. J’ai vu des photos d’amis sur Facebook qui avaient déjà une bouteille et un verre à la main."
Sputnik: Avez-vous été préparés à cela?
Christelle Néant:"On ne s’y attendait pas du tout. Le week-end était très mouvementé. Ce matin, j’ai été sur les lieux qui ont été bombardés durant la nuit. Suite au bombardement par l’armée ukrainienne, un civil est mort dans la République populaire de Donetsk, alors qu’il partait au travail. Deux écoles ont été endommagées. La journée partait très mal et la semaine commençait mal. Et là, ces nouvelles extraordinaires: une réunion du Conseil de sécurité russe dans l’après-midi, puis une attente qui se prolongeait, se prolongeait… jusqu’au dénouement final. Il y a beaucoup d’émotions positives. Ça fait des années qu’on demandait au moins la reconnaissance de Moscou. C’est une étape très importante."
Sputnik: Qu’est-ce que cet événement va changer pour ces territoires?
Christelle Néant: "Je pense que ça va changer énormément de choses. En plus de la reconnaissance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Poutine vient de signer les accords d'amitié et d'entraide avec les deux Républiques. Cela veut dire qu’en cas d’agression militaire, la Russie interviendrait. L’armée ukrainienne face aux milices populaires pouvait penser qu’il y a une chance, mais face à l’armée russe – ça serait une toute autre histoire. Contrairement à ce que l’Ukraine peut raconter, depuis huit ans elle n’est pas en guerre contre l’armée russe, mais contre les milices populaires."
Sputnik: Demain, on attend la ratification de cet accord par la Douma russe. Attendez-vous des précisions sur son contenu?
Christelle Néant: "Ce qui m’intéresse beaucoup, et je n’ai pas vu encore d’information: dans quelles frontières seront reconnues les République populaire de Donetsk et République populaire de Lougansk. Sont-elles reconnues dans les frontières actuelles temporaires fixées par la ligne de front? Ou dans les frontières inscrits dans leurs Constitutions respectives qui correspondent aux limites des anciennes régions de Lougansk et de Donetsk. C’est une question importante et on le saura quand les documents seront publiés. C’est important de savoir ce que vont advenir ces territoires qui ont voté par référendum en 2014 pour sortir de l’Ukraine et restent depuis huit ans sous contrôle du pays qu’ils ont demandé de quitter. C’est important de savoir: si à un moment donné il y aura la ‘libération’ de ces territoires ou pas."
Sputnik: Pour vous, la décision du président Poutine est-elle une garantie de paix?
Christelle Néant:"Je pense qu’à terme ça mènera à la paix. Comme on le voit en Crimée, l’Ukraine n’a pas tenté jusqu’ici de reprendre la Crimée de force. Ils ont bien conscience des différences de niveau entre les deux armées. On va voir quelle sera la réaction. Est-ce que l’Ukraine va camper sur ses positions? Il va falloir voir comment l’acte de reconnaissance lui-même sera rédigé."
Sputnik: On a assisté depuis quelque temps à une escalade de présence de militaires de l’Otan en Ukraine et à un emballement médiatique antirusse. Cela a-t-il fragilisé la situation dans le Donbass?
Christelle Néant:"En huit ans, la situation n’a fait que pourrir. La Russie a voulu donner une chance à la diplomatie jusqu’au bout. Entre autres, aux accords de Minsk. Mais on voit que la réaction des Occidentaux est de plus en plus hystérique. Il suffit de voir cette hystérie médiatique autour de la ‘future invasion russe de l’Ukraine’. Elle n’avait aucun sens, puisque les exercices qui étaient menées [cette fois-ci], sont menés [traditionnellement] tous les trois ou quatre mois. Il n’y avait rien d’extraordinaire qui justifie une réaction pareille. Les puissances occidentales qui se portaient garants des accords de Minsk fermaient tout simplement les yeux sur le fait que l’Ukraine ne respectait pas lesdits accords. Que les déclarations ukrainiennes consistaient à ne pas accepter les accords de Minsk (signés par Kiev d’ailleurs), suite aux "conditions qui ne leur convenaient pas". On voyait de plus en plus cette espèce de gouffre entre une réalité alternative qui était beaucoup dépeinte par les gens comme Emmanuel Macron qui parlait des "avancées sur les accords de Minsk",alors qu’il n’en avait pas du tout, et la réalité.
En huit ans, ce gouffre ne faisait que se creuser. La Russie voulait laisser une chance au dialogue et à la diplomatie. Malheureusement, ça a échoué."