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Nouvelles routes de la soie: le Maroc et la Chine scellent leur rapprochement
Nouvelles routes de la soie: le Maroc et la Chine scellent leur rapprochement
Sputnik Afrique
Le Maroc et la Chine viennent d’acter leur partenariat dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. La signature de la convention permettra, entre autres... 08.01.2022, Sputnik Afrique
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Le rapprochement entre le Maroc et la Chine est désormais officialisé par leur partenariat dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. Lors d’une cérémonie virtuelle qui s’est tenue mercredi 5 janvier, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et le vice-président de la Commission nationale chinoise de la réforme et du développement (NDRC) Ning Jizhe ont signé une convention relative au plan de mise en œuvre conjointe de ce projet, connu aussi sous le nom de Belt and Road Initative (Initiative ceinture et route).Premier pays du Maghreb à avoir adhéré à cette initiative lancée en 2013 par Xi Jinping, qui vise à connecter l’Asie à l’Europe et à l’Afrique via des routes commerciales, le Maroc bénéficiera de l’accès aux financements chinois prévus dans le cadre de ce projet. La convention paraphée par les deux partenaires inclut également "la réalisation de projets d’envergures, la facilitation des échanges commerciaux, l’établissement de joint-ventures dans différents domaines tels que les parcs industriels, les énergies, la Recherche et Développement, la coopération technologique et technique ainsi que la formation professionnelle".Concrètement, cette convention se traduira, entre autres, par l’augmentation des investissements chinois au Maroc, permettant ainsi le développement de son industrie ainsi que la création d’emplois. À titre d’exemple, la mise en place en 2019 d’une usine de production de pièces automobiles en aluminium à Kénitra avait déjà permis la création de plus de 1.000 postes de techniciens et techniciens spécialisés ingénieurs. Un apport non négligeable, à l’heure où le pays met en œuvre son plan de relance économique en temps de pandémie. Cette convention, qui dépasse le simple cadre d’investissements, prévoit également une coopération autour de la recherche et du développement. Celle-ci se concrétisera par le transfert de savoir-faire à travers des joint-ventures, et par la recherche scientifique. Pour rappel, le Maroc avait déjà acté son rapprochement avec l’Empire du Milieu en juillet dernier, après s’être associé au groupe pharmaceutique chinois pour la fabrication locale du vaccin Sinopharm.Des relations commerciales encore asymétriquesLa Chine est régulièrement pointée du doigt en raison de l’asymétrie de ses relations avec ses partenaires africains, et les relations Maroc-Chine n’échappent pas à cette problématique notamment sur le plan des échanges commerciaux. On peut certes noter une certaine croissance, notamment en termes d’investissements directs étrangers (IDE) chinois qui ont atteint 380 millions de dollars, a rappelé Ning Jizhe lors de la cérémonie. Mais il convient aussi de constater que la balance commerciale du Maroc avec la Chine est largement déficitaire. Grand importateur, le déficit du Maroc aurait atteint 49 milliards de dirhams (environ 4,5 milliards d’euros) en 2020, selon l’office des changes marocain.Par ailleurs, cette convention permettra-t-elle une coopération qui s’inscrit réellement dans une logique gagnant-gagnant? Pour l’enseignant-chercheur à l’université Sun Yat-Sen de Guangzhou, Nasser Bouchiba, "Le côté win-win dépend de la partie africaine. Les Chinois sont très attentifs aux besoins de l’autre, si les Africains ne réclament que des investissements, et de l’emploi, la Chine va satisfaire ces besoins. Au Maroc, nous avons exprimé le besoin d’aller au-delà des investissements. Cela passe notamment par le transfert des connaissances, et c’est comme ça que l’on parviendra à un accord gagnant-gagnant".Pont entre l’Afrique et l’EuropeAutre axe prévu par cet accord, celui d’une coopération tripartite avec l'Afrique, notamment dans le développement durable. À ce titre, la Chine pourrait profiter de ce rapprochement avec le Maroc qui constitue traditionnellement un point d’entrée sur le continent, notamment sa partie occidentale, grâce notamment à ses infrastructures. Le spécialiste de la Chine rappelle d’ailleurs à Sputnik que les IDE chinois en Afrique sont encore très faibles. En 2019, ils s’élevaient à 2% seulement du montant global des IDE chinois. Pour l’expert, "le manque de cas de projets réussis en Afrique explique le fait que ces investissements tardent à prendre de l’élan".Cela expliquerait, entre autres, les raisons de l’engouement de la Chine pour le Maroc, en plus de son intérêt lié à son positionnement géostratégique, qui lui donne à la fois accès à la Méditerranée et à l’Atlantique. Enfin, la relation privilégiée du Maroc avec l’Europe représente un sérieux avantage pour la Chine qui garde l’Europe dans sa ligne de mire. "Implanter des entreprises chinoises au Maroc peut permettre à la Chine d’exporter plus facilement ses produits vers l’Europe tout en bénéficiant d’une main-d’œuvre moins élevée" que sur le Vieux Continent, conclut l’expert.La concrétisation de cette adhésion intervient sur fond de polémique autour du cas du militant ouïghour Idris Hasan, arrêté en juillet 2021 au Maroc. En effet, Chine le réclame depuis 2014 pour sa participation présumée à des organisations terroristes. Lors de son audience au Maroc en décembre dernier, la Cour de cassation a tranché en faveur de son extradition vers la Chine. Depuis cette audience, plusieurs ONG se sont opposées à cette décision qui a finalement été gelée temporairement, après intervention de l’Onu.
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Nouvelles routes de la soie: le Maroc et la Chine scellent leur rapprochement
07:48 08.01.2022 (Mis à jour: 17:44 10.01.2022) Le Maroc et la Chine viennent d’acter leur partenariat dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. La signature de la convention permettra, entre autres, l’augmentation des investissements chinois au Maroc et le développement de coentreprises. Détails avec le spécialiste de la Chine, Nasser Bouchiba.
Le rapprochement entre le Maroc et la Chine est désormais officialisé par leur partenariat dans le cadre des Nouvelles routes de la soie. Lors d’une
cérémonie virtuelle qui s’est tenue mercredi 5 janvier, le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita et le vice-président de la Commission nationale chinoise de la réforme et du développement (NDRC) Ning Jizhe ont signé une convention relative au plan de mise en œuvre conjointe de ce projet, connu aussi sous le nom de Belt and Road Initative (Initiative ceinture et route).
Premier pays du Maghreb à avoir adhéré à cette initiative lancée en 2013 par Xi Jinping, qui vise à connecter l’Asie à l’Europe et à l’Afrique via des routes commerciales, le Maroc bénéficiera de l’accès aux financements chinois prévus dans le cadre de ce projet. La convention paraphée par les deux partenaires inclut également "la réalisation de projets d’envergures, la facilitation des échanges commerciaux, l’établissement de joint-ventures dans différents domaines tels que les parcs industriels, les énergies, la Recherche et Développement, la coopération technologique et technique ainsi que la formation professionnelle".
Concrètement, cette convention se traduira, entre autres, par l’augmentation des investissements chinois au Maroc, permettant ainsi le développement de son industrie ainsi que la création d’emplois. À titre d’exemple, la mise en place en 2019 d’une usine de production de pièces automobiles en aluminium à Kénitra avait déjà permis la création de plus de 1.000 postes de techniciens et techniciens spécialisés ingénieurs. Un apport non négligeable, à l’heure où le pays met en œuvre son plan de relance économique en temps de pandémie. Cette convention, qui dépasse le simple cadre d’investissements, prévoit également une coopération autour de la recherche et du développement. Celle-ci se concrétisera par le transfert de savoir-faire à travers des joint-ventures, et par la recherche scientifique. Pour rappel, le Maroc avait déjà acté son rapprochement avec l’Empire du Milieu en juillet dernier, après s’être associé au groupe pharmaceutique chinois pour la fabrication locale du vaccin Sinopharm.
Des relations commerciales encore asymétriques
La Chine est régulièrement pointée du doigt en raison de l’asymétrie de ses relations avec ses partenaires africains, et les relations Maroc-Chine n’échappent pas à cette problématique notamment sur le plan des échanges commerciaux. On peut certes noter une certaine croissance, notamment en termes d’investissements directs étrangers (IDE) chinois qui ont atteint 380 millions de dollars, a rappelé Ning Jizhe lors de la cérémonie. Mais il convient aussi de constater que la balance commerciale du Maroc avec la Chine est largement déficitaire. Grand importateur, le déficit du Maroc aurait atteint 49 milliards de dirhams (environ 4,5 milliards d’euros) en 2020, selon
l’office des changes marocain.
Par ailleurs, cette convention permettra-t-elle une coopération qui s’inscrit réellement dans une logique gagnant-gagnant? Pour l’enseignant-chercheur à l’université Sun Yat-Sen de Guangzhou, Nasser Bouchiba, "Le côté win-win dépend de la partie africaine. Les Chinois sont très attentifs aux besoins de l’autre, si les Africains ne réclament que des investissements, et de l’emploi, la Chine va satisfaire ces besoins. Au Maroc, nous avons exprimé le besoin d’aller au-delà des investissements. Cela passe notamment par le transfert des connaissances, et c’est comme ça que l’on parviendra à un accord gagnant-gagnant".
Pont entre l’Afrique et l’Europe
Autre axe prévu par cet accord, celui d’une coopération tripartite avec l'Afrique, notamment dans le développement durable. À ce titre, la Chine pourrait profiter de ce rapprochement avec le Maroc qui constitue traditionnellement un point d’entrée sur le continent, notamment sa partie occidentale, grâce notamment à ses infrastructures. Le spécialiste de la Chine rappelle d’ailleurs à Sputnik que les IDE chinois en Afrique sont encore très faibles. En 2019, ils s’élevaient à
2% seulement du montant global des IDE chinois. Pour l’expert, "
le manque de cas de projets réussis en Afrique explique le fait que ces investissements tardent à prendre de l’élan"."En revanche, les quelques projets développés au Maroc, que ce soit les centrales électriques de Jerada, les portions d’autoroutes construites, la cité Tanger Tech ou encore la sous-traitance pour les rails du TGV, sont des partenariats réussis. Pour cela, la Chine a besoin du Maroc pour démontrer que le partenariat sino-africain peut finalement être fructueux".
Cela expliquerait, entre autres, les raisons de l’engouement de la Chine pour le Maroc, en plus de son intérêt lié à son positionnement géostratégique, qui lui donne à la fois accès à la Méditerranée et à l’Atlantique. Enfin, la relation privilégiée du Maroc avec l’Europe représente un sérieux avantage pour la Chine qui garde l’Europe dans sa ligne de mire. "Implanter des entreprises chinoises au Maroc peut permettre à la Chine d’exporter plus facilement ses produits vers l’Europe tout en bénéficiant d’une main-d’œuvre moins élevée" que sur le Vieux Continent, conclut l’expert.
La concrétisation de cette adhésion intervient sur fond de polémique autour du cas du militant ouïghour
Idris Hasan, arrêté en juillet 2021 au Maroc. En effet, Chine le réclame depuis 2014 pour sa participation présumée à des organisations terroristes. Lors de son audience au Maroc en décembre dernier, la Cour de cassation a tranché en faveur de son extradition vers la Chine. Depuis cette audience, plusieurs ONG se sont opposées à cette décision qui a finalement été gelée temporairement, après intervention de l’Onu.