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Ottawa boudera diplomatiquement les J.O. de Pékin, mais il "ne peut se permettre d’ignorer la Chine"
Ottawa boudera diplomatiquement les J.O. de Pékin, mais il "ne peut se permettre d’ignorer la Chine"
Sputnik Afrique
Comme Washington, Ottawa a annoncé qu’il n’enverrait pas de diplomates aux Jeux olympiques à Pékin. Pour le professeur Roromme Chantal, le Canada rate une... 14.12.2021, Sputnik Afrique
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«Le Canada a besoin d’une bonne dose de réalisme éclairé», tacle Roromme Chantal à notre micro.Spécialiste des questions chinoises, il estime que la décision d’Ottawa de ne pas envoyer de représentants diplomatiques à Pékin pour les prochains Jeux olympiques traduit «une vision à court terme» du rôle du Canada sur la scène internationale:Pour notre interlocuteur, la décision d’Ottawa rompt une nouvelle fois avec son ancienne approche face à l’Empire du Milieu, laquelle se voulait beaucoup moins «dogmatique» et donc beaucoup plus réaliste.Virage à 180 degrés pour le CanadaRoromme Chantal rappelle que l’ex-Premier ministre Pierre Elliott Trudeau (1968-1979 et 1980-1984), le père de l’actuel Premier ministre, Justin Trudeau, avait été l’un des premiers dirigeants occidentaux à reconnaître la République populaire de Chine, en 1970, après de longues négociations. Le Canada avait aussi plaidé en faveur de son entrée à l’Onu. La démarche d’Ottawa n’avait pas été appréciée par Washington. Pékin a longtemps été reconnaissant envers le Canada pour ce geste, mais le souvenir de cette relation cordiale tendrait de plus en plus à s’effacer:Le 8 décembre dernier, le Canada a en effet emboîté le pas à Washington, Londres et Canberra en décidant de retenir au sol les diplomates censés se rendre à Pékin pour les prochains Jeux d’hiver. En réponse à la décision de Washington, Pékin a promis de riposter avec des «contre-mesures fortes». Pékin a aussi qualifié de «farce» la décision du Canada et du Royaume-Uni.Pour Roromme Chantal, le Premier ministre aurait dû s’en tenir au programme qu’il défendait avant de prendre le pouvoir et au début de son mandat.Face à la Chine, Trudeau a renié sa paroleEn 2015, Justin Trudeau promettait alors, face au défi chinois, de marcher dans les pas de son père. Dans un contexte où les États-Unis auraient entamé leur «déclin», le Canada aurait tout intérêt à diversifier son économie au plus vite, l’écrasante majorité des exportations canadiennes étant destinées au marché américain:Selon Roromme Chantal, la conclusion qui s’impose est que «le gouvernement Trudeau aurait dû prendre exemple sur l’Union européenne», c’est-à-dire adopter une posture plus «équilibrée» dans ce dossier. «Le Canada n’est pas dans la realpolitik: il est dans “l’irrealpolitik”!», tranche-t-il. Du côté français, Emmanuel Macron a déclaré qu’un boycott diplomatique serait «une mesure toute petite et symbolique».Rappelons que le 24 septembre 2021, les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig étaient libérés par les autorités chinoises. Le consultant en tourisme Michael Spavor et l’ex-diplomate Michael Kovrig avaient été arrêtés en Chine en décembre 2018 pour espionnage, un peu moins de deux semaines après l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei. L’arrestation de Mme Wanzhou et la détention des «deux Michael» ont grandement contribué à détériorer les relations entre les deux pays.
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Ottawa boudera diplomatiquement les J.O. de Pékin, mais il "ne peut se permettre d’ignorer la Chine"
14:03 14.12.2021 (Mis à jour: 18:06 10.01.2022) Comme Washington, Ottawa a annoncé qu’il n’enverrait pas de diplomates aux Jeux olympiques à Pékin. Pour le professeur Roromme Chantal, le Canada rate une occasion "de servir de pont entre la Chine et l’Occident".
«Le Canada a besoin d’une bonne dose de réalisme éclairé», tacle Roromme Chantal à notre micro.
Spécialiste des questions chinoises, il estime que la décision d’Ottawa de ne pas envoyer de représentants diplomatiques à Pékin pour les prochains Jeux olympiques traduit «une vision à court terme» du rôle du Canada sur la scène internationale:
«Il est évident que cette décision ne sert pas les intérêts du Canada. Les seuls bénéfices sont en politique intérieure, parce que la décision conforte la perception négative de la Chine au Canada. […] Les relations entre Ottawa et Pékin n’ont jamais été aussi mauvaises. Pourtant, le Canada ne peut se permettre d’ignorer la Chine», analyse le professeur de science politique à l’Université de Moncton.
Pour notre interlocuteur, la décision d’Ottawa rompt une nouvelle fois avec son ancienne approche face à l’Empire du Milieu, laquelle se voulait beaucoup moins «dogmatique» et donc beaucoup plus réaliste.
Virage à 180 degrés pour le Canada
Roromme Chantal rappelle que l’ex-Premier ministre Pierre Elliott Trudeau (1968-1979 et 1980-1984), le père de l’actuel Premier ministre, Justin Trudeau, avait été l’un des premiers dirigeants occidentaux à reconnaître la République populaire de Chine, en 1970, après
de longues négociations. Le Canada avait aussi plaidé en faveur de son entrée à l’Onu. La démarche d’Ottawa n’avait pas été appréciée par Washington. Pékin a longtemps été reconnaissant envers le Canada
pour ce geste, mais le souvenir de cette relation cordiale tendrait de plus en plus à s’effacer:
«Le geste de Pierre Elliott Trudeau allait entraîner une dizaine de pays à reconnaître la République populaire de Chine, de sorte que la Chine avait toujours considéré le Canada comme un partenaire privilégié. Pour le Canada, la voie était donc toute tracée pour continuer à dialoguer. Malheureusement, le Canada est en train de rater la chance de servir de pont entre la Chine et l’Occident», souligne l’auteur de Comment la Chine conquiert le monde (Éd. Presses de l’Université de Montréal, 2020).
Le 8 décembre dernier, le Canada a en effet emboîté le pas à Washington, Londres et Canberra en décidant de retenir au sol les diplomates censés se rendre à Pékin pour les prochains Jeux d’hiver. En réponse à la décision de Washington, Pékin a promis de riposter avec des «contre-mesures fortes». Pékin a aussi qualifié de «farce» la décision du Canada et du Royaume-Uni.
«Nous sommes profondément troublés par les violations des droits de la personne du gouvernement de la Chine. C’est pourquoi nous annonçons aujourd’hui que nous n’allons pas envoyer de représentant diplomatique aux Jeux olympiques et paralympiques de Pékin», a déclaré Justin Trudeau.
Pour Roromme Chantal, le Premier ministre aurait dû s’en tenir au programme qu’il défendait avant de prendre le pouvoir et au début de son mandat.
Face à la Chine, Trudeau a renié sa parole
En 2015, Justin Trudeau promettait alors, face au défi chinois, de marcher dans les pas de son père. Dans un contexte où les États-Unis auraient entamé leur «déclin», le Canada aurait tout intérêt à diversifier son économie au plus vite, l’écrasante majorité des exportations canadiennes étant destinées au marché américain:
«Le Canada place tous ses œufs dans le même panier. Ottawa n’a pas non plus tiré de leçon de l’ère Trump et de ses mesures protectionnistes. […] Le Canada n’est même plus une puissance moyenne et s’aligne servilement sur un pays qui est pratiquement en train de se transformer en un État voyou sur le plan des pratiques démocratiques.»
Selon Roromme Chantal, la conclusion qui s’impose est que «le gouvernement Trudeau aurait dû prendre exemple sur l’Union européenne», c’est-à-dire adopter une posture plus «équilibrée» dans ce dossier. «Le Canada n’est pas dans la realpolitik: il est dans “l’irrealpolitik”!», tranche-t-il. Du côté français, Emmanuel Macron a déclaré qu’un boycott diplomatique serait «une mesure toute petite et symbolique».
Rappelons que le 24 septembre 2021, les Canadiens
Michael Spavor et Michael Kovrig étaient libérés par les autorités chinoises. Le consultant en tourisme Michael Spavor et l’ex-diplomate Michael Kovrig avaient été arrêtés en Chine en décembre 2018 pour espionnage, un peu moins de deux semaines après l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei. L’arrestation de Mme Wanzhou et la détention des «deux Michael» ont grandement contribué à détériorer les relations entre les deux pays.