"Pass de la honte" ou "passage nécessaire": au Maroc, le pass sanitaire divise

© AFP 2024 FADEL SENNAVaccination au Maroc
Vaccination au Maroc - Sputnik Afrique, 1920, 20.10.2021
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C’est désormais officiel. Le pass sanitaire deviendra obligatoire au Maroc dès le jeudi 21 octobre 2021. Les Marocains ne pourront plus voyager entre les provinces ni se rendre dans les espaces publics clos sans ce précieux sésame. Une décision qui ne passe pas auprès de certains.
Souvent cité comme modèle dans sa gestion de la pandémie et dans sa campagne de vaccination, le Maroc passe désormais à l’étape supérieure en imposant le "pass vaccinal" ou "sanitaire" aux citoyens, et ce afin d’encourager les récalcitrants à se faire vacciner au plus vite. Sans ce document, les personnes ne pourront plus se déplacer entre les préfectures et les provinces, à travers les moyens de transport privés ou publics. Les fonctionnaires, les employés et les usagers des administrations sont également tenus de fournir le pass pour accéder aux administrations publiques, semi-publiques et privées, explique un communiqué du ministère de la Santé. Enfin, l’accès aux établissements hôteliers et touristiques, aux restaurants, aux cafés, aux espaces fermés, aux commerces, aux salles de sport et hammams est également conditionné à la présentation de ce document.
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Une nouvelle qui n'ébranle sans doute pas les 56% de Marocains vaccinés, pour les autres, c’est la douche froide. "C’est un usage abusif qui relève de l’arbitraire", regrette Rachid Achachi, chroniqueur à Luxe Radio. "Les autorités auraient dû laisser un préavis d’un mois ou deux pour permettre aux citoyens non-vaccinés d’aller le faire dignement, sans bousculade au sein des centres de vaccination, mais aussi de permettre un grand débat qui n’a pas encore eu lieu au niveau des deux Chambres", confie-t-il à Sputnik.
Certes, le Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, plaide pour une période transitoire avec une flexibilité pour permettre aux Marocains de s’organiser. Mais pour lui, la mise en place du "pass vaccinal" est une étape naturelle dans le processus de gestion d’une crise pandémique. Les Marocains ont été suffisamment avertis quant à l’extension de son utilisation depuis plus d’un mois. Par ailleurs, les vaccinodromes sont suffisamment préparés pour accueillir un flux important de personnes, rassure-t-il:
"Nous avons vacciné plus d’un demi-million de personnes par jour durant l’été, ce n’est donc pas cette décision qui va perturber les centres de vaccination, le gouvernement est prêt à répondre à cette demande dans les meilleures conditions. D’un point de vue logistique, il n’y a donc aucun problème." dit-il à Sputnik.
Mais pour Rachid Achachi, cette décision risque de cliver la société marocaine entre les vaccinés, ceux qui ne le sont pas, et la minorité de sceptiques qui contestent l’idée de vaccins qu'ils considèrent toujours "expérimentaux". "Le Maroc a très bien géré la crise depuis le début à tous les niveaux et là on est en train de tout gâcher avec des mesures copiées sur le modèle français alors que les chiffres au Maroc ne le permettent pas, ils sont extrêmement bas…". En effet, le Maroc se trouve actuellement sur une phase descendante, avec un nombre de décès inférieur à 10 par jour, après avoir atteint le pic au mois d’août.
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Des initiatives sur les réseaux sociaux

Rachid Achachi a mis en place un collectif pour protester contre cette décision, réunissant une dizaine de personnes du monde culturel et politique, et fait circuler une pétition pour demander l'octroi d'une sorte de moratoire.
D'autres initiatives ont vu le jour sur les réseaux sociaux, comme l’Union des Marocains contre le pass sanitaire, de même que le hashtag #PassDeLaHonte a été particulièrement repris.
Du côté des commerçants, les réactions sont mitigées entre ceux qui se réjouissent d’un retour à la normale imminent, et ceux qui craignent un conflit avec certains clients.

Risque de pertes d'emplois?

C'est " un passage indispensable " pour relancer la vie sociale, l’économie, le tourisme et la vie scolaire avant la fin de la pandémie, et ainsi ne pas pénaliser les plus de 20 millions de personnes vaccinées estime le Dr. Tayeb Hamdi. " Le vrai risque c’est la maladie, pour nous, notre entourage, l’école, l’économie, les personnes qui sont au chômage ou qui ont fait faillite à cause de ce virus…".
Un propos que nuance Rachid Achachi qui craint que suite à cette décision, il ne puisse plus se rendre à son lieu de travail. "Des personnes vont perdre leur emploi, moi je travaille à Mohammedia et je dois me rendre à Casablanca, quand je passe d’une ville à une autre je change de province et il faut donc un pass. Certaines personnes risquent de perdre leur travail ce qui va causer de la précarité et un ressentiment vis à vis du gouvernement".
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