Avec ou sans la Chine: une trentaine de scientifique demandent une enquête sur l’origine du Covid

© AP Photo / HECTOR RETAMALVue aérienne du laboratoire P4 à l'Institut de virologie de Wuhan
Vue aérienne du laboratoire P4 à l'Institut de virologie de Wuhan - Sputnik Afrique, 1920, 29.06.2021
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Trente-et-un chercheurs ont publié une lettre ouverte en faveur d’une nouvelle enquête pour déterminer la provenance du coronavirus. S’ils préconisent d’associer le gouvernement chinois aux recherches, sa participation ne serait pourtant pas indispensable.

Alors que le ton monte entre Pékin et Washington au sujet d’une possible fuite du virus du laboratoire de Wuhan, une trentaine de chercheurs publient une lettre ouverte demandant une «enquête scientifique complète» sur la question. Relayé par Le Point et Le Figaro, le texte met en doute l’étude conjointe OMS-Chine qui avait jugé «extrêmement improbable» la transmission du virus à l’homme par l’intermédiaire d’un laboratoire. Les chercheurs jugent qu’«aucune enquête exhaustive sur les origines plausibles» de la pandémie n’a en réalité été menée.

Pour pallier à ce manque, les signataires de la lettre souhaitent donc qu’une «équipe multidisciplinaire d'experts internationaux» se mette en place, qui bénéficierait d’un «mandat explicite d'investigation complète de toutes les hypothèses d’origines plausibles». La thèse d’un «accident lié à la recherche» est d’ailleurs clairement mentionnée.

Laboratoire. Image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 09.06.2021
Canada: deux scientifiques chinois envoient des virus au laboratoire de Wuhan, une atteinte à la sécurité nationale?

Les signataires voudraient voir le gouvernement chinois associé à cette enquête, mais sous certaines conditions. Ils souhaitent notamment que les experts puissent bénéficier d’un «plein accès à tous les dossiers, échantillons et personnels concernés sur demande», des entretiens confidentiels devront également pouvoir être menés «sans surveillance ni contrôle du gouvernement chinois».

Les chercheurs demandent en outre à ce que les autorités chinoises acceptent l’enquête sous un «délai inflexible de deux mois» pour ne pas voir les négociations s’éterniser.

Enquête alternative

En cas de refus de Pékin, les signataires proposent une seconde option, préconisant une «enquête alternative fondée sur la science et les données». Celle-ci s’appuierait sur «toutes les sources d’informations disponibles», en dehors de celles détenues par les autorités chinoises, depuis les analyses médicales jusqu’aux données sur le commerce d’animaux sauvages en Asie.

Ce type d’enquêtes d’alternatives pourrait être mandaté par les gouvernements ou des organismes internationaux comme le G7 ou l’OCDE, précisent les signataires.

«Il est nécessaire d'offrir au gouvernement chinois toutes les possibilités de participer à une enquête exhaustive sur les origines de la pandémie, mais il ne faut pas lui accorder un droit de veto sur le fait que le reste du monde mène ou non une enquête aussi complète que possible», expliquent ainsi les scientifiques dans leur lettre ouverte.

La piste d’un virus échappé d’un laboratoire avait d’abord été écartée en janvier 2021, suite à l’envoi en Chine d’experts mandatés par l’OMS. Mais le fait que cette équipe n’ait pas eu un accès direct à certaines données, comme les échantillons prélevés sur les premiers malades, avait poussé l’OMS a tempéré sa position.

L’hypothèse de la fuite d’un laboratoire a cependant été relancée en mai dernier. Le Wall Street Journal avait en effet affirmé détenir des informations du renseignement américain, selon lesquelles trois chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan présentaient des «symptômes compatibles à la fois avec ceux du Covid-19 et une infection saisonnière», dès novembre 2019. Début juin, Joe Biden avait finalement chargé ces mêmes services de renseignement de lui remettre un rapport sous 90 jours, sur les origines de l'épidémie.

Une initiative qui n’a pas manqué de faire réagir Pékin. Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, dénonçant «l’histoire sombre du renseignement américain» et préférant s’en tenir à la première étude de l’OMS.

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