C'est une cérémonie qui serait à peine croyable dans n'importe quel aéroport du monde, mais certainement pas au Togo. Ce lundi 21 juin 2021, des prêtres traditionnels vaudou se sont déplacés en nombre à l’aéroport international Gnassingbé Eyadema pour une cérémonie de «purification» d'un avion au sol, frappé par la foudre lors d’une grande pluie la veille.
Quant aux maîtres de cérémonie, ce sont des prêtres vaudou de la divinité Hébiésso (un terme mina, une langue locale du sud Togo, qui veut dire «dieu des tonnerres») également appelée Xébioso, au Bénin, berceau du culte vaudou.
Les prêtres ont pris l'initiative en proposant leurs services et les autorités aéroportuaires ainsi que les responsables de la compagnie aérienne n'ont rien trouvé à y redire. C'est que, tout en étant un État laïc, le Togo est aussi un pays où la croyance vaudou est très répandue et respectée.
Le directeur général de l’Agence nationale des aviations civiles (ANAC) du Togo, le colonel Latta Gnama, a ainsi personnellement assisté à cette cérémonie de purification accomplie par ces prêtres vaudou. Il a expliqué à Sputnik qu’il n’a pas pu refuser une telle cérémonie quand les prêtres vaudou en ont exprimé la demande. «Tout a été fait au contraire pour leur faciliter la tâche», a-t-il affirmé.
Apaiser le dieu Hébiesso
«Nous avons fait cela dans le respect de nos normes traditionnelles, nous les prêtres hébiesso», a expliqué à Sputnik Togbé Assiobo Nyagblondjro III, président de la confédération nationale des prêtres traditionnels du Togo.
Cela consiste, détaille-t-il, à «prier pour apaiser le dieu Hébiesso, parce que les foudres indiquent qu'il est en colère. Nous versons de la liqueur, en guise d'offrande, et nous aspergeons l'endroit avec de l'eau, en invoquant les esprits».
Cette cérémonie est indispensable, poursuit le prêtre, autrement les passagers courraient un grand danger!
«Si l’avion n’avait pas été purifié, tous ceux qui l’emprunteraient pourraient même être paralysés! Maintenant que c’est fait, l’avion, les passagers et la compagnie n’auront plus aucun problème!», a ajouté Togbé Assiobo Nyagblondjro III.
«À l’aéroport international Gnassingbé Eyadema, nous avons installé partout des paratonnerres qui ont sauvé les installations de l’aéroport et l’avion qui pourraient brûler complètement. Un de ces paratonnerres a heureusement pris la grande partie de la décharge. Et ce sont des résidus qui ont touché cet appareil d’Ethiopian Airlines», a expliqué le colonel togolais.
Jusqu'au jeudi 24 juin, l’appareil était toujours sur le tarmac de l’aéroport. Il est en mesure de voler, rassurent des sources de la compagnie, mais aucune date n’est encore avancée.