À la veille de la rentrée scolaire togolaise du 2 novembre, un candidat malheureux aux élections municipales qui se sont déroulées fin juin 2019 a repris les tables-bancs qu’il avait offerts à un établissement scolaire, informe la presse locale.
Le journal affirme que le politicien en question, qui avait visiblement mal digéré sa défaite, est allé déverser sa colère sur l’établissement scolaire à qui il avait pourtant fait ce cadeau pour pallier un manque réel d’infrastructures.
«C’est ainsi qu’à la veille de cette rentrée scolaire, plus précisément le vendredi 30 octobre, l’homme politique s’est rendu dans cet établissement pour récupérer les tables-bancs! Conséquence: à la reprise des cours, lundi dernier, les élèves se sont retrouvés sans mobilier et ont été, pour beaucoup d’entre eux, obligés de suivre la classe à même le sol», indique le journal togolais.
Le journal qualifie l’acte du politicien, dont l’identité n’a pas été révélée, de «gangstérisme», tout en appelant le gouvernement à agir pour sortir les élèves de cette situation.
Depuis cette annonce, le sujet fait grand bruit et a été longuement commenté dans les radios, notamment lors des émissions de grande écoute de ce 6 novembre, où des journalistes intervenant sur le sujet ont sévèrement dénoncé l’attitude de cet homme politique.
Un achat de conscience «humiliant»
L'acte a été d’autant plus décrié que les établissements scolaires au Togo manquent cruellement de moyens. Les tables-bancs sont en nombre insuffisant dans nombre d’écoles, surtout que le gouvernement, en raison de la situation sanitaire, a imposé plusieurs mesures barrières. Notamment, pour éviter aux enfants d’éventuelles contaminations au Covid-19, les élèves sont limités à deux par table-banc et à 60 élèves par salle de classe.
#Togo #RentreeScolaire Cette vidéo est l'illustration parfaite de la réalité de nos écoles. Ya les discours , ya les faits. Sans un investissement réel dans l'école et la santé notre #PND sera un autre échec. Avec un peu de de volonté on peut changer la donne. @DogbeVictoire pic.twitter.com/hcLbZzpSst
— @loiclawson1 (@loiclawson1) November 5, 2020
Ici, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, tournée par un amateur, montrant des élèves de CM1 d’une école primaire publique dans une agglomération de la capitale Lomé, assis à même le sol, sans tableau, en plein cours avec leur institutrice.
Au Togo comme dans plusieurs pays en Afrique subsaharienne, les candidats à différentes élections ont tendance à battre campagne en faisant des dons en faveur des populations démunies. Un fait révélateur d’un «achat de conscience qui ne dit pas son nom», a commenté au micro de Sputnik Adrien, un jeune cadre de la préfecture d’Afagnan qui s’est confié à Sputnik. «Nous travaillerons à l’avenir pour que des situations pareilles ne se reproduisent plus. C’est humiliant», a-t-il déclaré
«Revenir sur un acte de bienfaisance parce qu’on n’a pas eu l’effet attendu, c’est de la lâcheté, quelque chose que je n'ai jamais vu. Des choses comme cela nous ancrent dans la conviction que l’on doit assainir le milieu politique au Togo», a soutenu de son côté Louis Attiogbé, président de Novation internationale, une organisation de défense des droits de l’Homme du Togo interrogé par Sputnik.
Qualifiant de «malheureuse» cette situation, il a émis le vœu que les politiques apprennent désormais à comprendre le jeu électoral, au-delà de ces gestes pour plaire, en proposant de véritables programmes et projets aux populations.
Les élections municipales du Togo ont eu lieu le 30 juin 2019 pour mettre fin à plus de trente années de gestion par délégations spéciales. Elles ont abouti à l’élection de 117 maires, pour un mandat de cinq ans.