Le «nationalisme» de l’UE sur la question de l’AstraZeneca provoque des émules avec celui du Royaume-Uni

© REUTERS / DADO RUVICVaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19 (archive photo)
Vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19 (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 30.03.2021
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La volonté de Bruxelles de ne pas permettre à AstraZeneca d’exporter hors de l’UE des doses fabriquées sur le sol européen avant d’avoir rempli ses engagements contractuels à son égard indigne le Royaume-Uni, désireux d’accélérer l’injection d’une deuxième dose.

Plus d’un an après le Brexit, les relations entre l’UE et le Royaume-Uni semblent être encore plus tendues qu’elles ne l’étaient avant, Bruxelles ayant récemment menacé d’empêcher les exportations du vaccin d’AstraZeneca depuis ses sites de production vers Londres.

Si l’UE a eu recours à ce «chantage» vaccinal, c’est à cause des sous-livraisons de l’entreprise suédo-britannique, sans lesquelles, selon la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, interrogée par l’AFP, les taux de vaccination dans l'UE, qui laissent à ce stade à désirer, «auraient pu être presque deux fois plus élevés».

Fabrication d’AstraZeneca en Europe

Sur le continent, il y a désormais deux sites de fabrication du produit d’AstraZeneca. Alors que celui de Seneffe en Belgique est opérationnel depuis quelque temps, l’autorisation par l’EMA de celui de Halix à Leyde, aux Pays-Bas, s’est en effet fait attendre. Ce n’est que le 26 mars que l’EMA a annoncé dans un communiqué.

L’homologation de ce site de fabrication, espoir pour les États membres de l’UE, impatients de recevoir leur 100 millions de doses promises, déjà revues à la baisse, par AstraZeneca pour la première moitié de l’année 2021, en dépit des difficultés dans son processus de production, dont le volume s’est avéré «moindre que prévue».

Bloquer des exportations promises aux pays hors de l’UE?

Désormais mieux doté en sites de production d’AstraZeneca, Bruxelles s’est montré plus exigeant vis-à-vis de cette société, qui n’a finalement livré au premier trimestre que 30 millions des 120 millions de doses initialement promises. Ainsi, la présidente de la Commission européenne a récemment prévenu qu’AstraZeneca ne pourrait pas exporter ses doses hors du continent avant l’implémentation du contrat avec les 27. Les substances fabriquées sur le continent sont censées être exportées, entre autres, outre-Manche.

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Il est à noter que précédemment l’UE, dont de nombreux pays ont pris du retard sur la vaccination de leur population, a déjà donné son aval au blocage des exportations de vaccins produits sur son sol vers d’autres pays tiers. Cette démarche a, par exemple, déjà eu lieu en Italie qui a empêché des exportations d’AstraZeneca vers l’Australie fin février. Cette fois-ci, le même chantage est fait à l’égard de Londres.

«Nous prévoyons maintenant que les vaccins produits par cette usine [située à Leyde aux Pays-Bas, ndlr] soient livrés aux États membres de l'UE dans les prochains jours dans le cadre de l'obligation contractuelle et de l'engagement pris par AstraZeneca envers les citoyens européens», a déclaré à l'AFP Mme Kyriakides.

Sauf que ce choix peut s’avérer particulièrement problématique pour le laboratoire, son contrat avec Londres ayant une clause particulière, que celui signé avec Bruxelles ne contient pas, indique Politico.

Plus concrètement, cette clause stipule que «si une partie tente de forcer ou de persuader AstraZeneca ou ses sous-traitants à faire tout ce qui pourrait retarder l'approvisionnement des doses de vaccin, le gouvernement [britannique, ndlr] peut mettre fin à l'accord et invoquer ce qui semblent être des clauses de punition», explique Politico.

Cette bataille vaccinale semble avoir mis à nu les tendances «nationalistes» des deux parties, dont les plaies, ouvertes lors du «divorce» par le Brexit, n’ont pas encore eu le temps de cicatriser.

Lacune dans la stratégie britannique

Au premier regard, la stratégie vaccinale du Royaume-Uni et sa vitesse de vaccination sont bien plus efficaces que celles de l’UE. Néanmoins, optant pour un espacement important entre la première et la deuxième injection du vaccin, le pays semble être tombé dans un piège. Selon un communiqué du ministère britannique de la Santé daté du 28 mars, alors que plus 30 millions de personnes ont reçu une première dose du vaccin anti-Covid, soit environ 57% des adultes, seulement 6% d’entre eux en avaient reçu deux.

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C’est ce décalage temporel entre deux injections, jugé risqué par certains spécialistes, car susceptible d’affaiblir l’immunité, qui inquiète le plus le Royaume-Uni. Ainsi, dans le même document, Londres promet d’ailleurs «une forte poussée au cours des prochaines semaines pour donner aux gens leurs deuxièmes injections conformément à l'intervalle de dose de 12 semaines». Et pour cette accélération, ce sont les doses d’AstraZeneca, y compris celles fabriquées en Europe, dont Londres aura besoin.

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