«Alger n’a pas démantelé» les derniers droits de douane: vers un bras de fer avec l’UE sur l’accord de libre-échange?

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Le gouvernement algérien qui a procédé sur ordre du Président Tebboune à une évaluation de l’accord d’association avec l’UE a demandé à la Commission européenne le report de l’application de son volet sur le libre-échange qui devait entrer en vigueur le 1er septembre, a confié un porte-parole de la Commission à l’AFP. Un bras de fer est-il engagé?

L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne qui devait être parachevé par l’entrée en vigueur le 1er septembre de celui sur le libre-échange signé en 2017 entre les deux parties aurait à nouveau été remis en cause par la partie algérienne. En effet, un porte-parole de la Commission européenne a confié à l’Agence France Presse (AFP) qu’Alger avait demandé le report de l’entrée en vigueur du démantèlement tarifaire total. Le responsable a également indiqué que les autorités algériennes n’ont pas mis en application l’accord de libre-échange à la date prévue.

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À moins de deux semaines de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre les deux parties, le chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune a demandé au gouvernement de procéder à «une évaluation express» de l’accord d’association avec l’UE, selon le journal francophone El Watan. Ainsi, l’Algérie va-t-elle imposer une renégociation des deux accords cités plus haut qui, selon des responsables, des experts et des chefs d’entreprises, ont gravement impacté l’économie du pays?

«Les autorités algériennes n’ont pas démantelé»

«Nous avons été informés oralement de la demande algérienne de report de l’achèvement de la zone de libre-échange entre l’UE et l’Algérie», a déclaré le porte-parole de l’UE à l’AFP, précisant que la Commission «n’a pas encore reçu de demande formelle». Dans le même sens, le responsable a informé que «les dernières données disponibles confirment que les autorités algériennes n’ont pas démantelé» les derniers droits de douane prévus, «ce qui aurait dû être fait avant le 1er septembre 2020».

Ainsi, si «cela se confirmait, cela constituerait une violation de l’accord», a-t-il affirmé, soulignant que «toute révision de l’accord […] devrait faire l’objet d’une décision mutuelle au sein du Conseil d’association UE-Algérie».

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Le porte-parole de l’UE a néanmoins indiqué que la Commission européenne était prête à écouter «d’éventuelles propositions algériennes» sur le sujet.

«Le démantèlement tarifaire a fait perdre à l’Algérie 16 milliards de dollars»

Selon le journal El Watan qui cite un bilan officiel, «le démantèlement tarifaire [dans le cadre de l’accord d’association, ndlr] a fait perdre à l’Algérie 16 milliards de dollars».

Pour le quotidien, la décision du Président Tebboune, dans le contexte de la crise économique et financière aggravée par l’impact de la pandémie de Covid-19, d’évaluer cet accord avant l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange écrit le journal, sonne comme «une remise en cause à nouveau».

Et pour cause, en février, lors d’un point de presse en marge de la rencontre du gouvernement avec les walis (préfets), le ministre du Commerce Kamel Rezig avait annoncé l’évaluation de l’accord d’association et un minutieux examen de l’accord de libre-échange conclus avec l’Union européenne, avec la participation d’experts algériens indépendants, selon le site d’information Maghreb Émergent.

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Tout en indiquant que les recommandations finales de ces consultations seront soumises à l’exécutif, M.Rezig avait affirmé que «c’est au gouvernement de dire quoi faire et de trancher si nous devons procéder, en septembre prochain, au démantèlement tarifaire restant [avec l’UE dans le cadre de l’accord de libre-échange, ndlr] ou pas».

L’avis du patronat algérien

Lors d’un passage sur la Radio nationale, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens, Ali Bey Nasri, a affirmé que l’accord de libre-échange signé avec l’Union européenne sera «un désastre pour l’économie nationale».

Pour M.Nasri, «ce qui est catastrophique pour l’économie nationale», c’est le fait que contre les 283 milliards de dollars que représente le volume total des importations algériennes des 27 pays de l’Union européenne (entre 2005 et 2017, dans le cadre de l’accord d’association), l’Algérie n’a exporté que 12 milliards de dollars de dérivés du pétrole, soit 4,2%.

À ce fort déséquilibre s’ajoute le fait que dans «les accords d’association avec l’UE qui comprennent 110 clauses», l’UE «n’a respecté que le volet commercial, tandis que la partie relative à la coopération et au transfert de la technologie et à la circulation des personnes, a été négligée», s’est offusqué Ali Bey Nasri.

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