Togo: polémique après le financement tardif des campagnes des candidats à la présidentielle

© AFP 2024 PIUS UTOMI EKPEILe Président togolais Faure Gnassingbé vote pour sa réélection le 22 février 2020.
Le Président togolais Faure Gnassingbé vote pour sa réélection le 22 février 2020. - Sputnik Afrique
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L’État togolais s’acquitte (très) en retard des fonds devant être alloués, en amont, aux candidats à la présidentielle de février pour leur permettre de mener campagne. Accusé de manœuvrer pour «couper l’herbe sous le pied des opposants», l’exécutif avait invoqué des «problèmes financiers».

Au Togo, les sept candidats à la présidentielle du 22 février 2020 ont reçu, en ce début du mois de juillet, une première partie du financement public de la campagne électorale, pourtant censé être décaissé en amont du scrutin.

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Cette part, estimée à 42 millions de francs CFA (64.000 euros) par candidat, vient ainsi plus de quatre mois après la tenue de ce scrutin qui a donné le Président sortant Faure Gnassingbé vainqueur pour un quatrième mandat à la tête du pays, avec plus de 70% des voix. Il était suivi de l’opposant Kodjo Agbéyomé (19%) et de Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) (4%).

«L’Alliance nationale pour le changement a bel et bien été appelée pour les formalités de retrait de la part qui revient de droit à son candidat dans le financement destiné à appuyer la campagne électorale de la présidentielle de février. Sauf cas de force majeure, le parti devrait être en possession de sa part en ce moment», a confirmé à Sputnik Jean Eklu, cadre de l’ANC, le parti de l’opposant Jean-Pierre Fabre.

D’autres partis ont également confirmé, sur les réseaux sociaux, avoir été contactés par les autorités pour encaisser ces fonds alloués au titre du financement public de la campagne présidentielle de leurs candidats respectifs.

Jean Eklu s’est dit tout de même «étonné» que cette somme destinée à «un événement majeur dans la vie politique d’une nation» ne soit disponible que plusieurs mois après le scrutin.

Ce financement devait en effet être versé aux différents présidentiables pour renforcer les moyens de promouvoir véritablement leur candidature, d’après les textes. Mais à la veille de la campagne électorale, le gouvernement togolais avait invoqué «des difficultés financières».

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Un argument rejeté par les candidats de l’opposition qui y voyaient plutôt une stratégie pour interférer le financement de leur campagne. «C’est l’habitude du gouvernement togolais: tout faire pour empêcher les concurrents d’être au même niveau de compétition que le Président sortant du parti au pouvoir», abonde Eklu. Pour lui, le fait que Faure Gnassingbé reçoive aussi cette subvention tardivement ne le met pas sur un pied d’égalité avec les autres aspirants à la magistrature suprême puisqu’il bénéficiait «des moyens d’État» pour se promouvoir.

Même réaction dans les rangs de l’opposition ou des acteurs de la société civile togolaise. L’avocat Zeus Ajavon, qui avait œuvré avant la présidentielle pour une candidature unique des opposants, a déclaré à Sputnik que ce retard «était fait pour couper l’herbe sous le pied de l’opposition».

«Les textes disent qu’il faut libérer une partie des fonds en amont. C’est vraiment étonnant qu’on refuse d’appliquer les textes dans ce pays. Et Dieu seul sait combien les partis de l’opposition qui ont soutenu des candidats pour la présidentielle avaient besoin de ce financement, contrairement au parti au pouvoir qui avait tous les moyens d’État à sa disposition», regrette Zeus Ajavon.

«Faux», rejette Christian Trimoua, du parti au pouvoir. Le ministre des droits de l’Homme de Faure Gnassingbé a affirmé à Sputnik que «son candidat avait été sevré au même titre que les autres».

«Ne croyez pas ceux qui pensent qu’ils avaient plus besoin de ce financement que le candidat de notre parti», a-t-il soutenu.

Le décret établissant le financement des candidats a été pris par le Président Faure Gnassingbé un mois avant la tenue du scrutin, conformément aux dispositions de la loi du 7 juin 2013. Il annonçait initialement une somme de 500 millions de francs CFA (763.000 euros), à répartir entre les candidats en deux phases, avec un premier versement de 42 millions de francs CFA.

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60% du montant total (300 millions de francs CFA, soit 458.000 euros) devaient être répartis à égalité entre tous les candidats, dont les dossiers sont validés par la Cour constitutionnelle. Les 40% restants revenaient aux candidats ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés à l’issue du premier tour.

En attente de la deuxième tranche

Si l’exécutif togolais a attendu quatre mois après la présidentielle pour verser la première partie du financement de la campagne pour l’élection de février 2020, la deuxième tranche ne devrait pas être décaissée de sitôt. Elle devrait être allouée aux deux partis dont les candidats répondent au critère des 10%.

Il s’agit du parti Unir au pouvoir, incarné par le Président Faure Gnassingbé qui a raflé –selon les résultats officiels publiés par la Cour constitutionnelle– 70,78% des votes, et de La Dynamique Monseigneur Kpodzro –présentée par l’ancien Premier ministre Kodjo Agbéyomé qui s’en est sorti avec 19,46% des voix.

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