Parmi les mesures réclamées au chef de l’État, on retrouve l’instauration d’un RSA pour les jeunes de moins de 25 ans, une année blanche pour les expulsions locatives, plus de moyens pour l’Aide sociale à l’enfance et la lutte contre les violences sexistes. À cela s’ajoute une «remise à niveau de tous nos services publics», un «plan pour la santé» avec la création d’un «fonds d’incitation» à l’installation des médecins ainsi qu’une «remise à niveau de l’hôpital public», ou encore la «généralisation des projets d’éducation artistique et culturelle (EAC)» dans les établissements scolaires.
«C’est de l’idéologie financée par une poignée de contribuables, qu’on culpabilise par ailleurs», réagit au micro de Sputnik Eudes Baufreton, délégué général de l’association Contribuables associés, qui rappelle que «ceux qui décident de la dépense publique ne sont pas ceux qui la paient.»
Celui-ci met en garde contre ce qu’il considère comme des investissements «à fonds perdus», qu’ont été les plans d’aide successifs aux «quartiers». «Mettre des tonnes d’argent ne servira à rien. Cela améliorera un peu le quotidien, ça calmera un peu tout le monde, mais dans le fond il y a une espèce de mépris de classe», tranche le délégué général, qui pointe du doigt des élus parisiens en quête de «bonne conscience».
Tonneau des Danaïdes
«Cela ne va mener nulle part encore une fois, si ce n’est à la création de nouveaux postes de fonctionnaires qui vont coûter un bras au contribuable! [...] En fait, tout cela répond de manière conjoncturelle à un problème structurel. C’est pour cela que ça ne peut pas marcher.»
Les plans banlieues, véritable «tonneau des Danaïdes»? C’est en tout cas le constat dressé dans l’enquête sur la politique de la Ville réalisée fin 2015 par l’association. Une étude qui dresse le «cuisant échec» de près de 40 ans d’investissements dans les «quartiers». Près de 11 milliards depuis 2015, 48 milliards entre 2005 et 2015, plus de 100 milliards d’euros depuis 1977.
«Politique de la Ville: des milliards d’euros dépensés pour un désastre!» titrait encore le site de l’association en mai 2018, soulignant que, huit jours avant qu’Emmanuel Macron n’annonce en grande pompe depuis le palais de l’Élysée une série de «plans» à destination des «quartiers», le Président déclarait en Conseil des ministres que «la politique de la Ville est un échec. Depuis 20 ans, on a donné des milliards sans jamais régler les problèmes».
Politique de la Ville: «Il faut tout arrêter»
Plus inquiétant, la destination de ces sommes colossales. «Les milliards d’euros passent par des centaines de canaux et l’argent se perd», relatait le criminologue Xavier Raufer dans l’étude de Contribuables associés. L’ex-directeur des études du Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines (DRMCC) de l’Université Paris II Panthéon-Assas tire le signal d’alarme: l’argent contribue davantage à développer les réseaux criminels dans ces quartiers qu’à restaurer l’autorité et les Valeurs de la République. Ainsi, regrette-t-il la «culture de l’évitement» de la classe politique et des journalistes, qui n’osent parler du fond du problème: à savoir la place prise par la criminalité dans ces quartiers à forte population d’immigrés où l’État, par faiblesse, a «laissé pourrir et se dégrader» la situation depuis la fin des années 1970.
«En résumé, la politique de la Ville est un mélange de chantage, de racket et de peur. Continuer un tel système est catastrophique. Cela revient à dire que des malfaiteurs peuvent piller l’appareil d’État et le traire éternellement», tranchait déjà Xavier Raufer, dans l’étude 2015 de Contribuables associés.
«Il y a des gens qui ne veulent pas s’intégrer, il y a des gens qui, de toute façon, veulent profiter du système, c’est très clair, on le sait», confirme Eudes Baufreton.
Le délégué général de Contribuables associés revient ainsi sur cette «boule à facette» qu’est la politique de la Ville, avec notamment ses problèmes de communautarisme. Une politique publique d’investissements et son lot de magouilles qui ont un prix exorbitant pour les Français.
Une facture tout particulièrement lourde pour ceux qui s’acquittent de l’impôt sur le revenu (IR), ces contribuables étant devenus au fil des décennies minoritaires. En effet, leur proportion n’a eu de cesse de diminuer depuis les années 1970. Selon les chiffres du fisc, le taux de foyers imposés en France était de 43,1% en 2017 et 70% de la charge globale de cet impôt est supportée par 10% d’entre eux. Une situation qui n’encourage pas à la prise de conscience collective quant au bon emploi de l’argent public.
«Il y a 57% des Français qui ne paient pas d’impôts sur le revenu, donc eux, ils en veulent, de la dépense publique, ils s’en moquent éperdument qu’il y ait des abus… ce ne sont pas eux qui paient!»
Pire, aux yeux d’Eudes Baufreton, les effets délétères du discours que tiennent nombre d’hommes politiques en quête de suffrages: «À force de dire que l’État est la réponse à tout, afin d’être élu et réélu, les gens ont bien enregistré. Comme on leur a dit qu’ils avaient droit à tout, ils veulent tout», regrette-t-il. Pour lui, la facture ne doit pas systématiquement être répercutée sur les ménages ou les entreprises, estimant que le «minimum» serait de faire le ménage dans les administrations, éliminer «les doublons, triplons, les poids morts», en somme «nettoyer les écuries d’Augias!», assène-t-il.
«Donne-moi ta montre, je te dirai l’heure»
«C’est absolument ridicule», bondit Eudes Baufreton, soulignant que ces dernières embauchent avant tout en fonction des compétences et non des quartiers ou des communautés d’origine. Il craint notamment que tout ceci ne participe qu’à alourdir les charges qui pèsent déjà sur les épaules du secteur privé en France.
«À un moment donné, les entreprises, quand il y a trop de contraintes, elles partent, c’est aussi simple que ça.»
«L’économie, ça a besoin de confiance et pas de contrainte», ajoute-t-il. En somme, plus de carotte que de bâton. Pour Eudes Baufreton, «il faut savoir ce qu’on veut»: selon lui, le dilemme est soit de mettre en place des conditions économiques favorables, encourageant les entreprises à s’installer et donc la création richesse, soit de continuer à se partager un «gâteau de plus en plus petit» dans un pays où l’État absorbe déjà près de la moitié de la richesse nationale. Le délégué général de Contribuables associés plaide ainsi pour la création de zones franches dans ces quartiers prioritaires afin d’inciter les entreprises à venir s’y installer.
«Politiquement, cela veut dire croire en l’économie. Or, comme nous sommes dans un pays socialiste, on s’imagine que l’économie, c’est le problème et pas la solution.»
S’il existe bel et bien une discrimination à l’embauche suivant les quartiers, celle-ci est due principalement aux carences scolaires des élèves issus des établissements publics de ces zones, explique Eudes Baufreton.
La discrimination à l’embauche, pourquoi?
Mais le problème est, à ses yeux, bien plus général. Il pointe du doigt un ascenseur social en panne ou qui ne fonctionne plus, à ses yeux, «que pour les élites». En guise d’illustration, il évoque le cas des diplômés des grands établissements publics supérieurs (l’ENA, certains IEP, etc.) qui terminent à des postes à hautes responsabilités dans les grandes entreprises du secteur privé en raison de leurs relations privilégiées avec les ministères.
«On a remplacé une monarchie par une oligarchie, le gâteau a changé de mains, mais il n’est pas partagé pour autant.»
Dans un tout autre registre, la lettre ouverte exige enfin la lutte contre les violences policières ainsi que «l’instauration d’un récépissé contre le contrôle au faciès». Dans son propos introductif, les personnalités publiques et politiques signataires relèvent que le taux de verbalisation pour non-respect du confinement a été «3 fois supérieur à la moyenne nationale» en Seine–Saint-Denis. «Un chiffre qui relance le débat sur les discriminations raciales», en déduisent-ils. À moins qu’il ne s’agisse tout simplement de zones où les règles étaient moins respectées qu’ailleurs?