Lundi 15 juin, la commune de Tinzaouatine, dans le sud de l’Algérie, à la frontière avec le Mali, a connu des heurts violents opposants des jeunes aux gardes-frontières algériens, faisant un mort et trois blessés, selon le quotidien francophone algérien El Watan. La cause des affrontements réside dans des barbelés installés depuis un mois par l’armée algérienne pour séparer les villes de Tinzaouatine et d’Ikhraben côté malien, qui ont créé de grandes difficultés pour la population de cette dernière pour s’approvisionner en eau et en produits alimentaires, a expliqué le maire de la ville algérienne dans une déclaration à El Watan. Des vidéos et des photos de ces accrochages sont partagées sur les réseaux sociaux.
L’Armée nationale populaire (ANP) algérienne, qui a expliqué la nécessité de cette ceinture de sécurité face aux trafiquants d’armes et de drogues, a nié sa responsabilité dans la mort d’un jeune touché par balle.
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— Said Touati (@epsilonov71) June 15, 2020
15/06:
Tin Zaouatine تين زاواتين
Les affrontements se poursuivent entre la population et les services de sécurité, dans la ville frontalière de Tin Zaouatine à Tamanrasset.
المظاهرات متواصلة في مدينة تين زاواتين الحدودية بتمنراست. pic.twitter.com/ud3TGmJQE5
«De nombreuses familles sont partagées entre les deux villes»
«Tout le monde sait que de nombreuses familles sont partagées entre les deux villes», a déclaré le responsable, soulignant que «de l’autre côté [dans la ville d’Ikhraben, ndlr], il n’y a rien, ni eau, ni produits alimentaires, ni les moindres conditions de vie». «Il est tout à fait normal que les familles s’entraident. Elles viennent s’approvisionner à Tinzaouatine et repartent», a-t-il ajouté.
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— Yuva Zamoum ⵣ 1949-1980-2001 (@YuvaZamoum4) June 15, 2020
Selon lui, «la décision d’installer des fils barbelés aurait dû être prise en concertation avec les notables de la région afin qu’ils puissent convaincre la population, ou à la limite trouver des solutions alternatives à la fermeture». «C’est ce qui a poussé les jeunes à sortir […] pour arracher les barbelés», a-t-il soutenu, soulignant que «la confrontation avec les gardes-frontières était inévitable».
La mise au point de l’ANP
Un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale (MDN), dont Sputnik a eu une copie, indique que les gardes-frontières, qui sont intervenus pour apaiser la situation, ont essuyé des coups de feu «inconnus tirés depuis Ikhraben» dans leur direction. Un individu parmi la foule «a été touché» et a rendu l’âme à l’hôpital, après son évacuation par les gardes-frontières, précise la note du MDN.
Par ailleurs, l’armée algérienne explique que ces «événements se rapportent à une tentative, menée par des personnes connues par leurs activités suspectes dans la contrebande et le crime organisé, visant à détériorer le mur de sécurisation, en appelant les habitants à la violence et à la manifestation, dans une manœuvre visant à libérer l’étreinte sur leurs intérêts dans la région».
L’appel d’un groupe de députés
Par ailleurs, ils ont appelé à «revoir les barrages sécuritaires, l’ouverture des couloirs pour le déplacement des nomades à la recherche d’endroit idéal pour faire paître leur bétail [et des ressources hydriques, ndlr] et la nécessité de résoudre la problématique des dépassements répétitifs et les saisines arbitraires des biens des voyageurs».
Dans son communiqué, le MDN a annoncé l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances ayant mené au drame du lundi 15 juin.