Frontière Algérie-Mali: violents accrochages entre habitants et gardes-frontières algériens - images

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Des images de violents heurts dans la ville de Tinzaouatine, à la frontière algéro-malienne, sont partagées sur le Net. Dans une déclaration à El Watan, le maire de la ville explique les raisons de la colère des habitants de cette région, dont un jeune est mort touché par balle. L’armée algérienne a ordonné l’ouverture d’une enquête.

Lundi 15 juin, la commune de Tinzaouatine, dans le sud de l’Algérie, à la frontière avec le Mali, a connu des heurts violents opposants des jeunes aux gardes-frontières algériens, faisant un mort et trois blessés, selon le quotidien francophone algérien El Watan. La cause des affrontements réside dans des barbelés installés depuis un mois par l’armée algérienne pour séparer les villes de Tinzaouatine et d’Ikhraben côté malien, qui ont créé de grandes difficultés pour la population de cette dernière pour s’approvisionner en eau et en produits alimentaires, a expliqué le maire de la ville algérienne dans une déclaration à El Watan. Des vidéos et des photos de ces accrochages sont partagées sur les réseaux sociaux.

L’Armée nationale populaire (ANP) algérienne, qui a expliqué la nécessité de cette ceinture de sécurité face aux trafiquants d’armes et de drogues, a nié sa responsabilité dans la mort d’un jeune touché par balle.

«De nombreuses familles sont partagées entre les deux villes»

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En raison de la prolifération de groupes armés rivaux, dont djihadistes, dans la région du Sahel en connexion avec les réseaux de trafics d’armes et de drogues, notamment après l’intervention de l’Otan en Libye en 2011 sous instigation française, la frontière entre Tinzaouatine et Ikhraben a été fermée depuis quelques années mais d’une manière non hermétique. En effet, des échanges étaient autorisés entre les familles des deux côtés, selon El Watan, jusqu’à l’installation des barbelés. Ainsi, dans une déclaration au média, le maire de Tinzaouatine, M.Mansouri, a expliqué les raisons ayant poussé des groupes de jeunes à tenter d’arracher ces fils barbelés.

«Tout le monde sait que de nombreuses familles sont partagées entre les deux villes», a déclaré le responsable, soulignant que «de l’autre côté [dans la ville d’Ikhraben, ndlr], il n’y a rien, ni eau, ni produits alimentaires, ni les moindres conditions de vie». «Il est tout à fait normal que les familles s’entraident. Elles viennent s’approvisionner à Tinzaouatine et repartent», a-t-il ajouté.

Selon lui, «la décision d’installer des fils barbelés aurait dû être prise en concertation avec les notables de la région afin qu’ils puissent convaincre la population, ou à la limite trouver des solutions alternatives à la fermeture». «C’est ce qui a poussé les jeunes à sortir […] pour arracher les barbelés», a-t-il soutenu, soulignant que «la confrontation avec les gardes-frontières était inévitable».

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Et de préciser que «les premiers tirs de sommation n’ont pas fait reculer la foule. La situation a dérapé avec la première victime, un jeune blessé par balle». «Une pluie de pierres et de projectiles s’est abattue sur les gardes-frontières, occasionnant des blessures à quelques-uns d’entre eux», a-t-il indiqué.

La mise au point de l’ANP

Un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale (MDN), dont Sputnik a eu une copie, indique que les gardes-frontières, qui sont intervenus pour apaiser la situation, ont essuyé des coups de feu «inconnus tirés depuis Ikhraben» dans leur direction. Un individu parmi la foule «a été touché» et a rendu l’âme à l’hôpital, après son évacuation par les gardes-frontières, précise la note du MDN.

Par ailleurs, l’armée algérienne explique que ces «événements se rapportent à une tentative, menée par des personnes connues par leurs activités suspectes dans la contrebande et le crime organisé, visant à détériorer le mur de sécurisation, en appelant les habitants à la violence et à la manifestation, dans une manœuvre visant à libérer l’étreinte sur leurs intérêts dans la région».

L’appel d’un groupe de députés

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En mars, dans une lettre adressée au Premier ministre Abdelaziz Djerad, sept députés issus des villes du sud ont tiré la sonnette d’alarme quant à «l’attitude irresponsable de certains éléments de l’armée nationale au niveau des régions frontalières», rappelant «le meurtre d’un jeune dans un point de contrôle frontalier de l’armée», selon le site d’information Inter-Lignes. «Ce jeune qui était à bord d’un véhicule chargé de quelques produits alimentaires a été tué alors qu’il a respecté les ordres donnés», ont-il indiqué.

Par ailleurs, ils ont appelé à «revoir les barrages sécuritaires, l’ouverture des couloirs pour le déplacement des nomades à la recherche d’endroit idéal pour faire paître leur bétail [et des ressources hydriques, ndlr] et la nécessité de résoudre la problématique des dépassements répétitifs et les saisines arbitraires des biens des voyageurs».

Dans son communiqué, le MDN a annoncé l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances ayant mené au drame du lundi 15 juin.

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