Contrairement à ce qui avait été colporté sur les réseaux sociaux, l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne dément avoir tiré sur des civils dans la localité d’Ikhraben, à la frontière avec le Mali, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN) dont Sputnik s’est procuré une copie. Le MDN précise que les tirs qui ont mortellement touché une personne sont l’œuvre «des réseaux de trafic d’armes et de drogues» qui tentent de desserrer l’étau exercé par les unités de l’ANP.
Tinzawaten l'armée algérienne ouvre le feu à balles réelles sur les manifestants qui réclament la réouverture de la frontière entre les deux tinza (Azawad(mali) /Algérie).
— outamashaq (@oumaragg) June 15, 2020
Où sont les défenseurs de droit de l'homme ?
«Tentative visant à détériorer le mur de sécurisation»
Dans le même sens, le MDN explique que les «événements se rapportent à une tentative, menée par des personnes connues par leurs activités suspectes dans la contrebande et le crime organisé, visant à détériorer le mur de sécurisation, en appelant les habitants à la violence et à la manifestation, dans une manœuvre visant à libérer l’étreinte sur leurs intérêts dans la région».
En pleine confusion en raison d’un attroupement, «les éléments des gardes-frontières sont intervenus pour apaiser la situation», informe l’armée algérienne qui souligne que c’est à ce moment-là que «des coups de feu inconnus ont été ouverts depuis Ikhraben en direction des positions de nos gardes-frontières».
Une région infestée par les trafics
Depuis les années 1990, les autorités algériennes qui faisaient face aux exactions terroristes durant la décennie noire ont toujours alerté sur la connexion dangereuse entre les mouvements terroristes qui se sont installés dans la région du Sahel et les réseaux de trafic d’armes et de drogues ainsi que la contrebande. Cette situation s’est encore aggravée après l’intervention de l’Otan en 2011 en Libye, sous instigation française. Le trafic est à la fois une source de financement des groupes armés de toute nature et une cause d’affrontements entre eux.
Selon le même document, la crise malienne de 2012 «a aggravé des dynamiques initiées au cours de la décennie précédente». «La débandade de l’État au Nord a amené les trafiquants à se rapprocher des différents groupes armés, y compris parfois djihadistes».