Droits des LGBT en Tunisie: le chef du gouvernement pourrait se retrouver devant la CPI «pour crime contre l’Humanité»

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Une association LGBT tunisienne a annoncé sur Facebook son intention de déposer plainte auprès de la Cour pénale internationale contre le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh «pour crime contre l’Humanité». Selon elle, il est le premier responsable «des exactions» commises contre les homosexuels en Tunisie.

L’association Shams (Soleil) qui lutte pour les droits de la communauté LGBT en Tunisie a décidé de porter plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh qu’elle accuse de protéger «les exactions» contre les homosexuels. Shams a sollicité plusieurs fois le chef du gouvernement pour abroger l’article 230 du code pénal tunisien qui criminalise l’acte homosexuel. Sur son compte Facebook, l’association a publié le texte de la plainte qui sera déposée auprès de la CPI. Les autorités tunisiennes n’ont pas encore réagi.

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Ainsi, Shams écrit que selon ses statistiques et celles fournies par plusieurs ONG nationales et internationales comme Human Right Watch et Amnesty, «la persécution de la communauté LGBT devient de plus en plus systématique» en Tunisie. À titre d’exemple, l’association affirme que le même le fait qu’un homme s’habille comme une femme est qualifié par la justice tunisienne comme un délit d’atteinte à la pudeur publique. Dans le même sens, elle ajoute que les cours correctionnelles tunisiennes ont condamné à plusieurs reprises des homosexuels qui avaient déposé plainte contre des agresseurs ou des violeurs, «punissant ainsi la victime au lieu des criminels»

Crime contre l’Humanité

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Shams, qui reproche par ailleurs au gouvernement de ne pas avoir publié au Journal officiel les statuts de l’association, et ce depuis 2015, affirme que dans le cas présent, «les exactions sont commises par les autorités tunisiennes elles-mêmes, sous l’autorité du chef du gouvernement en poste, Elyes Fekhfakh».

Dans ce contexte, «le crime contre l’Humanité est caractérisé par des arrestations et une atteinte grave à l’encontre des personnes appartenant à un groupe identifié, avec l’intention de harceler et de persécuter tout ou une partie de ce groupe», explique l’association qui rappelle avoir été poursuivie en justice par la chefferie du gouvernement et ce après avoir déposé son dossier d’agrément en 2015. Selon elle, rien qu’en 2018, 127 personnes ont été arrêtées par la police pour leur homosexualité.

En août 2019, le porte-parole de Shams, Nidhal Belarbi, réfugié en France suite à une condamnation pour homosexualité dans son pays, a été agressé à Paris, indique un communiqué de l’association de lutte contre l'homophobie IDAHO-France relayé par l’Agence France Presse (AFP).

​«Un homme qui l'avait déjà agressé en Tunisie en 2013 l'a reconnu dans la rue», précise la note d’IDAHO-France.

Un candidat homosexuel à la présidentielle

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L'association Shams, créée en 2015, a présenté l’un de ses fondateurs, l’avocat d’affaires Mounir Baatour, comme candidat à la présidentielle tunisienne du 15 septembre 2019, une première dans le monde arabe et musulman.

«Ma candidature a suscité beaucoup d'enthousiasme, beaucoup de soutiens», avait déclaré devant la presse l'avocat alors âgé de 48 ans. Évoquant les raisons de sa candidature, M.Baatour avait souligné qu’il était là pour faire entendre les revendications LGBT.

«J'ai besoin que les idées que je défends, celle des libertés individuelles et de l'égalité entre les sexes, soient débattues», avait-il déclaré, insistant sur l’envie de «mettre chaque candidat devant ses responsabilités sur ces sujets de société».

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