Le nombre d'arrêts cardiaques a doublé en région parisienne durant le pic de l'épidémie de Covid-19 avec une réduction de près de moitié de la survie des patients concernés, selon une étude publiée dans The Lancet Public Health.
Ainsi, 521 arrêts cardiaques en dehors des hôpitaux ont été identifiés en région parisienne, soit 26,6 arrêts pour un million d'habitants. Entre 2012 et 2019, à la même période, ce taux était de 13,4 par million d'habitants.
Ces travaux s'appuient sur le registre francilien (Paris et Hauts de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) du Centre d'Expertise Mort Subite (Paris-CEMS).
«Le profil des patients est le même que d'habitude (2/3 d'hommes, autour de 69 ans)», indique à l'AFP Eloi Marijon du Centre de Recherche Cardiovasculaire de Paris (Inserm/Université de Paris) qui a mené l'étude avec sa collègue Nicole Karam, en collaboration avec Daniel Jost (Brigade des sapeurs-pompiers de Paris).
Y a-t-il un lien avec le Covid-19?
Le diagnostic de Covid-19 a été confirmé et/ou suspecté chez 299 patients inclus dans l'étude (admis vivants et/ou ayant développé un arrêt cardiaque devant témoins). 33% environ du surplus de décès observé est directement associé au Covid-19, selon les chercheurs.
«Il y a eu rupture du suivi médical des patients, parce qu'ils n'ont pas pu consulter, qu'ils ont craint de gêner, d'où un retard à l'appel, ou peur, pour certains, d'être contaminés à l'hôpital», détaille le Pr Marijon.
Une augmentation de l'incidence des arrêts cardiaques a été observée ailleurs, à New York, en Californie, et en Italie, en particulier en Lombardie, qui a été confrontée à une écrasante surcharge des soins de santé, donc dans un contexte différent de la région parisienne, souligne le chercheur.
Des cardiologues se sont déjà alarmés des dommages collatéraux de l'épidémie et du confinement en voyant arriver des patients atteints d'infarctus avec complications qui n'ont pas consulté pour des douleurs suspectes dans la poitrine.