Deux supporters russes –Pavel Kosov et Mikhaïl Ivkine– détenus en France depuis mars 2018, seront jugés pour «violences en réunion et avec arme suivies d’une infirmité permanente». Ils risquent 15 ans de réclusion criminelle pour des faits remontant au 11 juin 2016 quand, en plein Euro de football, des heurts ont éclaté sur le Vieux-Port à Marseille entre supporters russes et anglais.
«La crise du coronavirus crée une profonde inquiétude au sein de la famille de mon client, incarcéré au Baumettes, où sont détenus de nombreux cas [de Covid-19, ndlr]. J’attends une réponse de la part des autorités françaises par rapport à la dernière demande que j’ai déposée le 25 mars et qui, je l’espère, sera examinée courant du mois d’avril par les juridictions françaises», détaille au micro de Sputnik Maître Julien Pinelli, l’avocat engagé depuis un an par la famille de M. Ivkine.
Quand le Covid-19 s’en mêle
En effet, la défense a sollicité la remise en liberté du supporter assidu de Spartak Moscou. Pour l’instant, les différentes demandes que l’avocat a déposées ont étés rejetées, en prétextant «le risque de renouvellement des faits, lui attribuant une qualité de hooligan et le risque de fuite, étant de nationalité étrangère».
«Nous contestons aussi cela, précise Maître Pinelli, en soutenant que mon client est prêt à aller au terme de cette procédure. Il clame son innocence et demeure conscient qu’une fuite pourrait réduire à néant tous ses espoirs de défense.»
Les autorités diplomatiques russes sollicitées
Mikhaïl Ivkine, interpellé en février, quelques jours après l’arrestation de Pavel Kosov, a découvert à cette occasion qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen. Sa mise en examen et sa réclusion prennent effet le 22 mars 2020. Une mesure excessive, pour son avocat:
«On se doute bien que si mon client avait tenté à quelconque moment de fuir la justice française, il n’aurait jamais quitté la Fédération de Russie, où il serait toujours à l’heure actuelle», assure Maître Pinelli.
L’avocat de l’«éducateur sportif renommé et père de famille honorable» a sollicité le soutien des autorités diplomatiques russes afin d’attirer leur attention sur le sort de M. Ivkine et «le traitement qui lui a été réservé dans le cadre de cette procédure, avec de nombreuses interrogations qui subsistent encore concernant son implication dans les violences survenues au cours de l’Euro 2016».
«Mon client n’a jamais été un hooligan, clame Julien Pinelli. Au regard des éléments qui me sont fournis, mon client n’a pas eu d’autre attitude que celle qui concernait à tenter de s’enfuir, d’une part, et de se défendre, d’autre part, lorsque lui-même et d’autres supporters russes ont étés pris à partie par des supporters britanniques.»
«Certaines juridictions françaises gardent du supporter russe une image caricaturale»
D’après lui, c’est en s’extrayant de cette échauffourée qu’il a pu commettre à l’égard du Britannique cet «acte de violence», que la défense «conteste formellement», puisque les photographies et les vidéos «qui ont étés mises à disposition du parquet ne permettent pas un seul instant d’apporter la preuve que Mikhaïl Ivkine s’est rendu coupable de violences volontaires à l’égard de Monsieur Andrew Bach.»
«Je m’étonne que l’on ait pu attribuer très facilement à Monsieur Ivkine la qualité de hooligan, qui n’a jamais été la sienne. Je m’inquiète de ce que le seul fait d’être un supporter de l’équipe nationale russe de football a pu faire de mon client un hooligan», s’insurge l’avocat.
«Je crains de fait une certaine caricature que véhicule volontiers l’opinion française, que l’on retrouve parfois devant certaines juridictions françaises, qui gardent du supporter russe une image un peu simpliste, de quelqu’un nécessairement alcoolisé et violent. Je refuse qu’une telle caricature soit attribuée à mon client», tonne Julien Pinelli.