Tandis que le milieu scientifique n’arrive pas à se mettre d’accord sur la prescription de la chloroquine aux malades du Covid-19, Pierre Tambourin, éminent virologiste, livre son point de vue aux Échos.
Manque de vérifications
Bien que l’action inhibitrice sur la multiplication du virus ait été vérifiée et confirmée in vitro, il manque des preuves incontestables in vivo, souligne-t-il:
«Ces différences pourraient aisément s'expliquer par ses propriétés immunomodulatrices et anti-inflammatoires, elles aussi bien connues qui, in vivo, pourraient contrecarrer les effets antiviraux. On peut, aussi, plus simplement penser à des cellules in vitro très différentes des cellules cibles du virus in vivo. De là, la grande prudence des experts».
Non seulement les médecins ne sont pas unanimes sur la question, mais les patients non plus. Les uns n’ont pas confiance dans le médicament quand les autres sont prêts à le prendre à titre préventif.
À qui le prescrire?
Partant du principe que le «désastre médical est devant nous» sans l’utilisation de l’hydroxychloroquine, le virologiste plaide néanmoins pour sa prescription, même si les malades peuvent subir des effets secondaires graves, «voire dans certains cas mortels».
Cependant, le patient doit prendre la décision de se faire soigner ou non avec cette molécule après évaluation de la gravité de son état. À défaut d’autres solutions de traitement, il vaut mieux opter pour la chloroquine, peu importe les conséquences possibles, précise-t-il.
Pour ce qui relève de la prévention, le virologiste ne recommande pas l’utilisation de l’hydroxychloroquine. S’adressant aux médecins, il ajoute qu’il est nécessaire d’informer les malades sur les éventuels effets toxiques de la molécule, ainsi que sur le danger de l’automédication.