Depuis quelques jours, le docteur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée à Marseille, fait beaucoup parler de lui. Il prône un traitement antipaludique, la chloroquine, contre le Covid-19, annonçant avoir obtenu des résultats très positifs sur 24 patients. Les appels à utiliser cette molécule sans délai se multiplient, mais le gouvernement se veut plus prudent.
Lundi 23 mars, des centaines de personnes se sont rassemblées devant l’établissement marseillais de ce professeur. Ils avaient bon espoir de recevoir un traitement par hydrochloroquine, que le professeur accepte d’administrer aux plus fragiles, mais que le pouvoir refuse encore de faire produire massivement sur le territoire.
Ce médecin au look atypique, qui a déploré ouvertement que le gouvernement a «perdu trop de temps», est déjà surnommé «le fou furieux» par certains représentants de la majorité. «C'est comme les faux prophètes», a pesté un proche de l’exécutif auprès du Parisien. Un conseiller du gouvernement partage le même avis: «C'est dingue. Raoult, aux yeux des gens, c'est le Jésus Christ du XXIe siècle. Si vous le cornerisez [le marginalisez, ndlr], c'est que vous essayez de le faire taire».
«On prend ses études au sérieux»
Didier Raoult n’est pourtant pas mis à l’écart, indique le quotidien, rappelant qu’il est membre du conseil scientifique qui épaule Emmanuel Macron dans la gestion de l’épidémie. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a assuré qu’il restait en contact avec lui et qu’il avait d’ailleurs autorisé les tests de la chloroquine dans plusieurs établissements français. Les premiers résultats devraient arriver dans deux à trois semaines.
Cette attente est-elle trop longue, alors que le Covid-19 fait davantage de victimes chaque jour en France? «Imaginez si on a 2.000 à 3.000 morts parce que ce médicament n'est pas supporté? Il y a un protocole clinique à respecter», a expliqué au Parisien un proche du Président. Matignon affirme de son côté que «on prend évidemment ses études au sérieux», mais tient avant tout à respecter les règles «pour assurer la santé et la sécurité des Français».