«Danse de la Corona» ou «radio de quartier», ce confinement qui réussit aux Tunisiens

© AFP 2024 FETHI BELAIDUn homme fume sur son balcon pendant le confinement à Tunis.
Un homme fume sur son balcon pendant le confinement à Tunis. - Sputnik Afrique
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En Tunisie, le confinement décrété par les autorités a des réminiscences de l’ambiance révolutionnaire de janvier 2011, rythmée par les couvre-feux. Cloîtrés chez eux, les Tunisiens s’adaptent tant bien que mal aux nouvelles contraintes et rivalisent d’originalité, redécouvrant, pour certains, les joies simples de la vie.

Entre lecture, films, navigation sur les réseaux sociaux, sport et télétravail, les Tunisiens essaient comme ils peuvent de s’adapter au confinement. Ils s’inventent des activités pour combler le temps qui semble interminable, surtout avec leurs proches et leurs amis qui sont loin.

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Houda  Chérif, cheffe de projets dans une organisation internationale, essaie tant bien que mal de garder un rythme de vie normal en se levant à 7h du matin comme d’habitude. Mais au lieu de se rendre sur son lieu de travail, elle se conforme aux nouvelles règles du télétravail:

«Le démarrage le matin se fait avec un check-in call où toute l’équipe se réunit, à travers une application interne. Le travail se déroule de manière habituelle et l’équipe reste en contact tout au long de la journée», raconte-t-elle à Sputnik.

Ce changement ne l’effraie pas, bien au contraire. Elle dit vivre «cette expérience dans la plus grande résilience» et essaie de profiter au maximum de ce nouveau rythme de vie pour remettre en question tout ce qui se passe autour d’elle.

Jihène Cherrak, professeur à l’université, essaye aussi de prendre les choses avec calme et de s’adapter à la nouveauté.

«Je redécouvre ma maison, qui jusque-là était un hôtel, et je m’occupe davantage de mon fils en lui faisant faire ses leçons. Bientôt, je commencerai à enseigner à distance et certainement la relation avec les étudiants va changer», dit-elle à Sputnik,

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Le confinement est aussi une période pour s’occuper davantage de soi, faire du sport, voire du rangement dans sa garde-robe. C’est ce que fait Martine Gafsi, artiste, qui, tout en essayant de s’inventer des activités pour remplir sa journée, regrette les sorties et les soirées avec les amis, elle qui «aime tant recevoir!».

D’autres, loin de faire des activités individuellement, ont cherché à reproduire un semblant de vie sociale, même à distance. C’est le cas des participants à la Radio Quartiere-Tunis. Une radio participative qui permet à un groupe d’amis de partager leurs coups de cœur musicaux et de former leurs propres playlists afin d’en faire profiter les autres. Cette radio a été créée par une jeune activiste syrienne qui vit depuis des années en Tunisie, Forat Alhattab.

«Cette radio du quartier nous permet de nous rencontrer, de communiquer à distance et d’envoyer de l’amour et de la solidarité au-delà des cloisonnements», poste-t-elle sur Facebook.

Des spectacles en ligne

Pour divertir les Tunisiens et les aider à supporter le confinement, certains artistes ont commencé à organiser des spectacles en streaming, dans des rendez-vous quotidiens. La starlette, Nermine Sfar enflamme la toile chaque soir à partir de 21h (20h GMT), avec ses spectacles de danse orientale et ses tenues «sexy». Ses vidéos comptabilisent jusqu’à 120.000 vues. Elle a inventé «la danse de la corona», une danse orientale avec des gants et un masque de protection. «Restez dans vos maisons et je danserai pour vous!», a déclaré l’artiste.

D’autres artistes lui ont emboîté le pas, à l’image du danseur Rochdi Belgasmi qui donne des cours de danse tunisienne sur sa page Facebook, dans un rendez-vous quotidien à partir de 20h30 (19h30 GMT), comptabilisant jusqu’à 50.000 spectateurs.

La chanteuse Amel Methlouthi, l’artiste Halim Yousfi et d’autres ont offert des spectacles de musique et de chant. Et la liste s’élargit jour après jour. Certains internautes parlent désormais du «Festival #Reste chez-toi» avec une programmation diversifiée chaque soir!

Réminiscences de la Révolution de 2011

Ce confinement, doublé d’un couvre-feu le soir (de 18h à 6h), rappelle aux Tunisiens un autre couvre-feu, au temps de la Révolution en janvier 2011. À cette époque, les citoyens redoutaient ce qui se passait dans la rue. «Nous avions peur car nous entendions tout le temps des hélicoptères et nous voyions l’armée partout», se remémore Dorra Rezgui, étudiante. Sauf que la situation est différente aujourd’hui sur le plan sécuritaire.

«Contrairement à la Révolution, où le danger était concret et visible, l’ennemi cette fois est rapide et silencieux. Il attaque brusquement et discrètement et se sert de nous pour se propager», analyse Houda.

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Partageant le même constat amer, Sarra Jalleli, étudiante et activiste, estime dans une déclaration à Sputnik qu’à l’époque de la Révolution, les Tunisiens se sentaient protégés par l’armée. Aujourd’hui, personne ne peut les protéger de la plus grande crise sanitaire dans le monde. «Chacun doit se protéger lui-même», constate la jeune femme.

Entre peur de l’inconnu et espoir que la crise du coronavirus s’achève rapidement, les Tunisiens essaient de tenir le coup. Une chose est sûre: il y aura un avant et un après la crise. Le confinement est prévu jusqu’au 4 avril 2020. Il est possible que ce délai soit prolongé en cas de nécessité.

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