Blida, capitale de la Mitidja, plaine agricole située à 50 kilomètres au sud d’Alger, est désormais coupée du reste du pays. Au terme d’une réunion du Haut conseil de sécurité, tenue lundi soir, le Président Tebboune a ordonné le confinement à domicile de l’ensemble des habitants la wilaya «pour une durée de 10 jours renouvelables». «Les sorties à caractère exceptionnel doivent être autorisées au préalable par les services compétents de la gendarmerie ou de la sûreté nationale», précise également le communiqué du Haut conseil de sécurité.
«Pour l’heure, nous n’avons aucune information sur les modalités de mise en œuvre de ce confinement. Le communiqué indique que des mesures d'exception seront prises pour assurer l'approvisionnement de la population en produits sanitaires et alimentaires, sans plus. Devrons-nous demander la permission à la police pour acheter un kilo de sucre? Certaines familles ont décidé de s’installer à Chréa, le mont qui surplombe la ville. Mais la situation sera difficile pour tous ceux qui resteront ici, notamment pour les jeunes», souligne Fayçal Métaoui.
Alger sous couvre-feu
Concernant la capitale, les autorités ont décidé d’imposer un couvre-feu de 19h à 7h ainsi qu’une série de mesures de distanciation sociale. Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits, y compris dans les taxis et les véhicules personnels. Ces dispositions peuvent être élargies à toute autre wilaya qui sera confrontée à un grand nombre de cas de Covid-19.
«Notre syndicat vous informe que ses adhérents ont fait le serment devant Dieu d’être en première ligne pour protéger la Nation dans toutes les situations et qu’ils ne ménageront aucun effort en faveur du pays jusqu’à ce que ce virus soit vaincu, et ce quel que soit le prix à payer. En contrepartie, nous exigeons la mise à disposition de moyens de protection efficaces et refusons formellement d’être sacrifiés dans le cadre de pratiques visant à jeter de la poudre aux yeux de l’opinion publique», précise l’organisation syndicale.
Stade 3 ou Phase 6?
Le ministre de la Santé, qui se montrait rassurant jusqu’à présent, semble avoir pris conscience de l’ampleur de la catastrophe sanitaire vers laquelle se dirige inexorablement l’Algérie. «L’Algérie est entrée en phase 3 de l’épidémie du coronavirus et, par conséquent, on doit se préparer au pire», a déclaré dimanche Abderahmane Benbouzid, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, sur les ondes de la radio publique.
Effet exponentiel
Jusqu’à présent, la question d’un confinement généralisé de la population n’a toujours pas été tranchée par le gouvernement. Le 19 mars, le Président Abdelmadjid Tebboune avait tout juste renforcé le dispositif de lutte contre le coronavirus en appliquant de nouvelles mesures de distanciation sociale: suspension de tous les moyens de transport en commun publics (terrestre, ferroviaire et aérien, fermeture temporaire des cafés et restaurants dans les grandes villes et démobilisation de 50% des employés).
Mais le temps presse et des voix s’élèvent pour appeler à l’application en urgence d’un confinement généralisé. À l’instar de ce statisticien resté anonyme qui a réalisé une simulation largement relayée sur les réseaux sociaux et dans laquelle il précise que l’Algérie doit impérativement imposer une mesure de confinement strict avant d’atteindre la barre des 50 décès. Selon lui, si le pays n’agit pas dans ce sens, il sera confronté à une croissance exponentielle du nombre de malades contaminés, et donc de personnes décédées. En l’absence de confinement strict, le nombre de victimes pourrait chaque jour augmenter de +35%.
«Sur le plan statistique, il est difficile de réaliser des simulations sur la croissance de la contagion en l’absence de données précises. Dans le cas du Covid-19, les épidémiologistes estiment que le nombre moyen de personnes auxquelles un malade risque de transmettre la maladie est de 2,3 à 2,6.
Le recours à un confinement général semble donc inévitable. Le Président Tebboune, qui a pris ses fonctions en décembre 2019, se trouve face à une des pires crises auxquelles ait été confronté le pays. En plus de la gestion de la pandémie du Covid-19, il doit trouver au plus vite des solutions réalistes pour éviter que l’Algérie ne sombre dans la faillite économique à la suite de la chute du prix du pétrole.