L’ambassadeur du Maroc à Ankara a été rappelé par le gouvernement au début du mois, selon le site bladi.net. Ali Lazrak, en poste en Turquie, aurait rejoint la capitale marocaine pour rencontrer son ministre de tutelle Nasser Bourita. L’information n’a pas été démentie par le ministère des Affaires étrangères marocain. Elle n’a pas été confirmée non plus. Ce geste de mauvaise humeur diplomatique, s’il est avéré, serait révélateur des tensions qui agitent les relations turco-marocaines.
L’intervention en Libye cristallise les désaccords
Les négociations politiques achoppent sur deux dossiers majeurs. D’abord, l’Accord de libre-échanges (ALE), signé entre les deux pays en 2006, ne semble plus satisfaire le gouvernement marocain. Le ministre marocain de l’Industrie et du Commerce Moulay Hafid Elalamy avait d’ailleurs fait une sortie remarquée le mois dernier, assurant que si l’accord n’était pas révisé, le Maroc n’hésiterait pas à «carrément le déchirer». Puis le ministre à préciser que cet accord faisait perdre plus de deux milliards de dollars par an au royaume chérifien. Le délai accordé pour la révision courait jusqu’au 30 janvier, mais la partie turque a demandé le week-end dernier à repousser encore l’échéance.
La crise en Libye est venue mettre de l’huile sur le feu. L’intervention militaire turque sur le sol libyen n’a pas été du goût du gouvernement marocain. L’initiative du président Erdogan visait à envoyer des troupes soutenir le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, basé à Tripoli, contre l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Haftar. Une décision très mal accueillie par le Maroc qui a toujours préconisé une solution politique en vertu des accords de Shikrat de 2017.
«Le règlement du conflit est entre les mains des frères libyens, sans aucune ingérence de puissances étrangères», a récemment déclaré le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita.
Une série de mésententes qui pourrait expliquer le possible rappel de l’ambassadeur, selon la presse locale.