Connaissez-vous «la moto-abeille», l'Uber camerounais?

© Photo Bee-MototaxiUn conducteur du réseau Bee-Mototaxi.
Un conducteur du réseau Bee-Mototaxi. - Sputnik Afrique
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Face au problème de mobilité urbaine et devant l’anarchie dans le secteur des transports en commun au Cameroun, une start-up offre une solution novatrice aux usagers. Bee-Mototaxi a lancé une application mobile de commande de mototaxi avec chauffeur, croisement entre l’application Uber et une centrale de réservation plus traditionnelle.

Douala, ville cosmopolite, capitale des affaires, fait face comme toutes les grandes villes du Cameroun à l’épineux problème de la mobilité urbaine. Traverser ses artères pour aller à l’école, au travail ou faire les courses n’est pas un long fleuve tranquille. Face à l’insuffisance d’infrastructures routières et de transports en commun, les mototaxis se sont imposées dans l’anarchie la plus totale, engendrant des problèmes de sécurité.

C’est dans ce contexte qu’est née la start-up Bee-Mototaxi. Depuis une application dédiée ou via le call center, les usagers de la ville de Douala peuvent commander une moto pour leurs déplacements, une forme d’ubérisation du secteur, comme l’explique Patrick Timani, cofondateur de la structure.

«En commandant via notre application mobile ou notre call center, nous permettons aux personnes de se déplacer au quotidien en toute sécurité, confort, fiabilité. Nos motos et nos chauffeurs sont reconnaissables aux casques de sécurité, blousons et paires de gants jaunes et noirs», précise-t-il au micro de Sputnik.
© Photo Bee-MototaxiPatrick Timani, cofondateur Bee-Mototaxi.
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Patrick Timani, cofondateur Bee-Mototaxi.

Créée par Patrick Timani et Credo Ngoukeng, deux jeunes entrepreneurs camerounais, la start-up Bee-Mototaxi ambitionne de révolutionner un secteur d’activité perçu au Cameroun comme un vecteur d’insécurité. Avec plus de 100.000 motos recensées dans la ville de Douala, selon les syndicats des mototaxis, cette filière nécessite un toilettage profond. C’est à ce titre que la jeune entreprise s’est lancée. Sa mission ? Apporter une plus-value en termes de qualité de service.

«Les mototaxis assurent 61% du transport urbain dans la ville de Douala, ce qui fait d’elles le moyen de transport par excellence. Mais nous avons fait le constat que les chauffeurs ne respectent aucune déontologie, ils sont en marge des lois; la sécurité, la fiabilité et le confort des passagers sont quasi inexistants. Nous venons donc répondre à des problématiques qui sont réelles», confie Patrick Timani.

Le pari de la sécurité

Pour se démarquer, Bee-Mototaxi veut avant tout mettre ses conducteurs au centre de sa stratégie. La start-up mise par conséquent sur la qualité des équipements (casque de sécurité, blousons, tee-shirt, gants, genouillères).

« Nous leur donnons aussi accès à une assurance et un prêt personnel ou scolaire, mais surtout nous préfinançons l’obtention de leur permis de conduire.»

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Avec un réseau constitué d’une centaine de mototaxis affiliées et rémunérées au pourcentage de leur rendement, Bee-Mototaxi va à la conquête de nouveaux clients. Ceux-ci déboursent en moyenne 500 francs CFA pour une distance de cinq kilomètres, légèrement au-dessus des tarifs pratiqués habituellement mais il n’y a pas encore de réglementation du secteur.

Au terme de la course, le client a la possibilité de noter son conducteur sur des paramètres tels que la ponctualité ou encore la manière de conduire. D’après Bee-Mototaxi, au-delà du transport classique avec casque de sécurité et charlotte (par mesure d’hygiène), «nous leur proposons des formules d’abonnement variées, en fonction de leurs besoins. Nous sommes très proches d’eux: si vous habitez dans une zone éloignée de la circulation, nos chauffeurs prendront la peine de venir vous chercher et le service est disponible 24 h sur 24». En outre, les clients peuvent réserver une course à l’avance.

© Photo Bee-MototaxiDes mototaxis du réseau Bee-Mototaxi.
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Des mototaxis du réseau Bee-Mototaxi.
 «Vous allez vous déplacer à 5h du matin ? Vous pouvez nous appeler la veille ou programmer une course via l’application et les dispositions adéquates seront prises», assure l’entrepreneur.

La start-up a surtout misé sur la diversification de son offre pour toucher le plus grand nombre. Le package se décline ainsi en cinq options: Bee For School, pour le transport des élèves, Bee For Work, pour le transport des adultes sur leur lieu de service, Bee For Corporate, pour le transport des employés dans le cadre de leurs activités professionnelles, Bee For Night pour le transport nocturne et Bee Delivery pour la livraison.

«Nous effectuons les livraisons de repas, médicaments, courriers, boissons… Ce sont des services additionnels», renseigne le jeune entrepreneur.

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Basée à Douala, la start-up emploie une dizaine de personnes. Elle envisage d’étendre ses activités à d’autres villes du Cameroun et même de la sous-région Afrique centrale afin de, ambitionne Patrick Timani, «faire rayonner et professionnaliser ce domaine d’activité qui peut nourrir son homme».

Bien qu’encore à ses balbutiements, l’initiative Bee-Mototaxi suscite déjà beaucoup d’admiration dans un secteur qui se modernise chaque jour un peu plus. Seulement, comme pour toutes les innovations digitales, il faudra faire face au faible taux de pénétration d’Internet dans le pays et procéder à l’éducation d’un marché peu habitué aux outils modernes dans l’industrie du service.

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