La majorité des Palestiniens ne soutiendront pas l’«accord du siècle» exposé par Donald Trump en vue de régler le conflit israélo-palestinien, estime dans un entretien accordé à Sputnik Ashraf Al-Ajrami, ancien ministre de l'Autorité palestinienne en charge des prisonniers.
Tout ne s’achète pas
«Ce plan a tout pour échouer. Il ne reconnaît pas nos droits nationaux. Il ne nous donne pas de souveraineté sur la mosquée al-Aqsa [sacrée pour les musulmans, ndlr]. Il ne reconnaît pas Jérusalem-Est comme capitale du futur État palestinien. Il ne résout pas le problème des réfugiés palestiniens et nous laisse sans terre», pointe l’interlocuteur de l’agence, qui affirme qu’aucun argent ne pourra le compenser.
Et de rappeler que le Président américain estimait qu’avec de l’argent, on pouvait améliorer l’économie palestinienne en pleine désagrégation, créer des «dizaines de milliers d’emplois» et résorber un taux de chômage «inacceptable».
«Auparavant, nous touchions d’importantes sommes, mais cet argent ne servait qu’à verser des salaires. Les simples Palestiniens ne s’apercevront donc pas du changement», relève l’ex-ministre concernant la promesse de 50 milliards de dollars de la part de Donald Trump, une somme qu’il compare à une goutte d'eau dans la mer.
M.Al-Ajrami estime que pour arriver à un véritable accord de paix, les États-Unis doivent donner aux Palestiniens la terre qu’ils pourraient cultiver et développer, ainsi que lancer des projets susceptibles de créer des emplois et d’améliorer l’économie palestinienne.
Tant que cela n’arrivera pas, «on n’aura pas de quoi parler», assène-t-il.
Entretemps, en Cisjordanie et sur la bande de Gaza, les Palestiniens ne cessent d’exprimer leur colère suite à l’annonce du «plan de paix» américain. En dépit du mauvais temps, on s’attend à des heurts entre des centaines de protestataires et les forces de sécurité israéliennes dans des zones à problèmes et ce d’autant plus que Mahmoud Abbas menace de ne pas empêcher les manifestations de violence.
La coopération sécuritaire risque d’être compromise
Selon M.Al-Ajrami, la situation risque de s’aggraver, car l’Autorité palestinienne indignée par la déclaration des États-Unis pourrait renoncer à coopérer avec Israël en matière de sécurité, affectant ainsi la stabilité régionale. Rien qu’en 2015, les forces de sécurité palestiniennes ont arrêté un tiers des terroristes présumés, prévenant ainsi, selon les médias, jusqu’à 200 attentats visant l’État hébreu.
Bien que de telles menaces aient déjà été formulées par le passé, cette fois «tout changera», estime l’ancien ministre, parce que «l’administration américaine n'offre pas d'avenir aux Palestiniens».
Pour M.Al-Ajrami, la sécurité régionale est également menacée. Il y a deux jours, un porte-parole de Daech* a publié une déclaration de guerre à Israël, appelant les «fidèles» à attaquer les Juifs.
«L’"accord du siècle" proposé par Trump ne fait qu’aggraver le conflit israélo-palestinien. En outre, il risque de perturber l’actuel équilibre fragile dans la région et peut même déboucher sur l’instabilité intérieure. Si Abbas ose accepter ce plan, cela se soldera par une insurrection, car les simples Palestiniens ne l’avaliseront jamais», résume l’interlocuteur de Sputnik.
Plan de paix américain
Le Président des États-Unis propose d’instituer un État palestinien, tout en maintenant le statut de Jérusalem en tant que capitale indivisible d'Israël. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que le plan américain ne «passera pas» et que Jérusalem n’était pas à vendre. Selon lui, la Palestine était prête aux négociations, non avec les seuls États-Unis, mais sous l’égide du quartet Russie, États-Unis, Onu et UE.
L'Onu a souligné qu'elle s'en tenait aux frontières définies en 1967.
*Organisation terroriste interdite en Russie